13es World Jet Masters JETS EN CHINE
Cette 13e édition duWorld Jet Masters (WJM, un championnat du monde de maquettes de jets) s’est déroulée l’année dernière en Chine, sur la côte extrême est de la province de Shandong donnant sur la mer Jaune. Pour l’occasion, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands et n’ont pas ménagé leurs efforts pour que l’événement reste, pour tous ceux qui ont fait le déplacement, absolument inoubliable.
Pour avoir eu le privilège de suivre cette manifestation au sein de l’équipe de France, je vous propose au fil de ce reportage de vivre de l’intérieur cette expérience, et de découvrir les tenants et les aboutissants de cette rencontre qui concentre les meilleurs tandems pilotes / jets des pays participants.
UN LONG PÉRIPLE
Organiser un tel voyage avec des jets modèles réduits souvent imposants n’est pas une mince affaire.
Le pays en charge de l’accueil des concurrents peaufine son organisation au cours des deux ans qui séparent deux championnats. Il communique à intervalles réguliers, suivant un calendrier prédéfini. Les concurrents quant à eux se réunissent de temps à autre pour faire un point indispensable, et profitent de l’occasion pour des séances de vol d’entraînement. Pour les Frenchies, c’est la plateforme de St-Yan qui est utilisée, avec l’accord des autorités locales et l’aide de l’association Mach 2.2. En parallèle, l’équipe s’affaire sur ses machines respectives.
Il faut penser à un maximum de détails comme les uniformes (de sorte à être parfaitement identifiables – chemises brodées et
casquettes), lancer la fabrication de caisses de transport répondant à certaines normes, procéder aux formalités de visas (pas simple avec la Chine, qui impose désormais, avant le voyage, une prise d’empreintes digitales, réalisable uniquement dans quelques villes françaises), réserver les vols et l’hébergement, etc.
Puis la machine s’emballe, avec la planification de l’enlèvement des caisses par un transporteur, un mois à l’avance ; destination la Chine en train. Quatre machines sur cinq étaient prêtes à la date fatidique.
UN PEU DE TOURISME
Tout ceci demande beaucoup d’énergie, et notre équipe avait décidé d’avancer le départ de deux jours pour absorber le décalage horaire. Ce laps de temps fut, en outre, mis à profit pour découvrir ce pays à la culture si différente de la nôtre. Compte tenu du passage obligé par Beijing (Pékin), les deux premiers jours furent consacrés à la visite des deux i ncontournables que sont la Cité interdite et la Grande Muraille.
DES INSTALLATIONS IMPRESSIONNANTES
Ce sont le gouvernement local de Rong Sheng, la Société Chinoise de l’Aéronautique et Astronautique (CSAA) et l’IJMC Chine qui ont uni leurs forces pour organiser ce championnat. Et autant le dire tout de suite, ils ont mis le paquet ! Tout était prévu et mis en place de façon rationnelle. Un hangar en dur de grande dimension abritant le stand de pesée, proposait à chaque concurrent un emplacement plus que raisonnable. L’aire d’avitaillement des jets se trouvait juste à la sortie, comme la tente réservée aux jugements statiques, le tout sur le chemin de la piste extrêmement proche. Nul besoin à Rong Sheng de navette pour transporter les modèles d’un point à un autre, et donc pas d’attente. Cette piste était en l’occurrence une route condamnée aux extrémités pour la circonstance, et apte à recevoir n’importe quel jet RC, petit ou grand (ces derniers n’étant pas forcément ceux qui se posent le plus long !).
On trouvait sur site également d’autres hangars accueillant des expositions diverses, des gradins pour le public ou encore une scène pour les cérémonies. Un nombre important de toilettes était déployé, tout comme un point presse ou encore des caméras professionnelles en bord de piste pour retransmettre en temps réel l’activité sur un écran géant. Un service de restauration était bien entendu offert sur place, dans le hangar avion. Une légion entière de jeunes gens était là pour procurer aide et assistance, et toujours avec le sourire. Seul bémol, ce site était en plein milieu de marais et il fallait absolument se poser sur la piste en cas de souci, sous peine de perdre tout ou partie du modèle. Mais vous l’avez compris, nos hôtes chinois n’avaient rien laissé au hasard !
CHRONOLOGIE
DE LA COMPÉTITION
• Jour 1 : arrivée sur site La poursuite du voyage a consisté à rallier Weihai en avion et finalement, en bus, l’hôtel à proximité du site de vol.
• Jour 2 : entrée en matière Comme de coutume avec ce genre d’événement, le premier jour est dédié au montage des modèles. Ensuite, tout le monde
est occupé par un séminaire pour les juges et par un premier tour de vol d’entraînement pour l es pilotes. Chaque équipe dispose d’un temps de vol alloué, proportionnel au nombre de pilotes. Il convient d’optimiser ce créneau qui est chronométré par le chef de piste. Il n’y a donc pas ici de place à l’improvisation et chaque minute est comptée. Ainsi, il est fréquent de voir son coéquipier décoller lorsque le pilote en vol attaque son circuit d’approche.
• Jour 3 : ouverture officielle Le matin est consacré à la cérémonie d’ouverture de ce 13e championnat, à grand renfort de discours des officiels, de l evée des couleurs, de démonstrations diverses d’aéromodélisme comme de cerfs-volants ; le tout accompagné d’un concert de nombreux tambours. L’aprèsmidi, l e second créneau de vol d’entraînement est annulé pour cause de vent fort, et seules les calibrations des juges aux épreuves de statique ont été réalisées. La soirée fut l’occasion de partager un somptueux dîner de bienvenue.
• Jour 4: début de la compétition Le second tour de vol d’entraînement a monopolisé l a matinée, avec des temps octroyés encore réduits, pour l aisser place aux premiers vols de concours juste après la pause déjeuner. Dans la foulée, l es appareils ayant volé devaient passer par l a case
« pesée de contrôle » avant de se diriger vers la tente réservée aux jugements statiques.
Les jours suivant, les tours de vol se sont enchaînés, suivis par les épreuves statiques des deux catégories de moins de 13,5 kg et de moins de 20 kg.
Chaque jour, quelques interludes sont planifiés pour laisser place à des démonstrations spectaculaires. Pour le public venu en nombre, des pilotes émérites ont fait le show en volant en patrouille sur deux gros L 39 ou en voltigeant 3D sur des Su-27 à poussée vectorielle.
Mention particulière pour « la soirée des Nations », qui fut une nouvelle occasion de se faire une idée de l’accueil chinois au cours d’un impressionnant banquet.
• Dernier jour: les derniers tours de vol se sont achevés, et l es pilotes ont j eté l eurs dernières forces dans la bataille pour garder un classement ou l’améliorer.
Le soir fut l’occasion d’assister à la proclamation des résultats au cours d’une magnifique cérémonie, suivie d’un banquet de clôture toujours aussi grandiose.
LE COUAC DES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE
La vidéosurveillance est omniprésente dans ce pays, et le WJM et ses installations n’ont pas échappé à la règle. Nombreuses étaient donc les caméras, que ce soit dans les hangars ou sur les véhicules de police sur site. Quelques concurrents ont connu des brouillages en 2,4 GHz, à terrain découvert, ce qui semble être une première… plutôt désagréable. À ce jeu, quelques pilotes se sont fait des frayeurs, le pire étant Vitali Robertus qui a
crashé son mulet de Mig-29. Les organisateurs ont vite réagi en désactivant une partie du système. Quant aux concurrents impactés durant des vols officiels, ils ont été autorisés à revoler afin de recommencer un programme partiel, depuis l’apparition du brouillage jusqu’au toucher des roues.
LES FORCES EN PRÉSENCE
Quatorze pays et quarante-huit pilotes s’étaient donné rendezvous pour cette grande compétition. Alors que le maximum de pilotes engagés par équipe est limité à huit, rares sont l es « teams » complets. Il faut dire que le niveau est plutôt relevé, et s’engager dans une telle aventure requiert un important investissement en temps comme en argent.
Seule l’Allemagne affiche complet, alors que l a Russie aligne sept pilotes ; six pour l’Italie, autant pour l a Suisse et la Chine continentale. Ensuite, les rangs s’éclaircissent avec quatre
Français et trois Chinois de Hong Kong. Les Autrichiens sont deux. Les pays restants n’ont qu’un seul représentant ; c’est le cas de l’Ukraine, de la Chine Taipei, du Luxembourg, de la Belgique, de l’Espagne et du Pakistan.
On distingue deux catégories de masse : celle qui requiert le plus de suffrages, avec trente-six concurrents en moins de 20 kg, et la moins fournie avec douze pilotes en moins de 13,5 kg.
ET L’ÉQUIPE DE FRANCE DANS TOUT CELA ?
Elle poursuit sa progression lentement mais sûrement, en mettant à profit l’expérience acquise au cours des éditions précédentes. Sous couvert de l’IJMC, et avec l’aide de Mach 2.2, des séances sont planifiées tout au long de l’année pour multiplier les vols d’entraînement, en présence de juges. Cette année, un weekend fut consacré au jugement statique des machines pour améliorer ce qui peut l’être, puisque le score attribué à chaque maquette
compte pour 50 % dans la notation finale.
Quelques membres de l’équipe ont beaucoup oeuvré dans les préparatifs de ce déplacement, mais n’ont pas pu être de la partie. Les voyageurs tiennent donc à remercier Jean-Pierre Fillon, notre président d’honneur, Laurent Guillory, notre président en titre, et Eric Collin, notre trésorier.
Quatre pilotes sur cinq étaient prêts à la date fatidique (le nouveau F84F de votre serviteur n’étant pas achevé). Il s’agissait de :
• Christophe Regnier et son nouveau F 104 Starfighter au 1/4. Ce chasseur est i ssu d’un kit Airworld et reproduit un avion de test de l a Nasa. L’envergure à cette échelle reste raisonnable avec 1,60 m alors que l’engin mesure 4,10 m de long ! C’est un JetsMunt 200 qui motorise l e modèle de 20 kg à sec. Pour l’anecdote, les ailes sont allégées au maximum et ne supporteraient pas la charge aérodynamique des énormes bidons de saumons. La machine, superbement réalisée, à la livrée aluminium pleine de nuances, va obtenir l e meilleur score statique du team français.
• Frédéric Regnier et son Hawk T1 au 1/3,75 de Carf Models. Cet avion fait 2,60 m d’envergure, 3,20 m de l ong et 20 kg que propulse un JetsMunt 200. Notre compétiteur utilise cette machine depuis trois championnats. Autant dire que le Hawk n’a plus de secrets pour lui. Les vols sont réguliers, systématiquement dans le top 10, et même 5e sur l a troisième manche. C’est clairement le statique un peu en retrait qui empêche notre Fred National de mieux figurer.
• Le tandem Laurens : Stephan le pilote, et Francis le
mécano, évolue sur un Alpha Jet au 1/4,4 de Laurens Concept. C’est donc un modèle de construction personnelle, fait suffisamment rare dans cette catégorie. Ce bimoteur (2 x KingTech 85) pèse 19,8 kg pour 2 m d’envergure et 2,20 m de long. L’avion est fidèle et la maîtrise du pilote totale, au point de se payer la troisième place sur deux tours de vol. Évidemment, le résultat au général est sans appel avec une brillante 6e place en catégorie moins de 20 kg. • Olivier Maugeard et son TS 11 ISKRA au 1/5 de PariTech.
Avec 2,01 m d’envergure et 2,23 m de long, c’est un JetsMunt 100 qui motorise cet appareil original de 12,3 kg. Olivier est notre seul représentant dans la catégorie des moins de 13,5 kg. Une finition aussi poussée que soignée et des vols améliorés au fil des manches lui permettent de se placer finalement en milieu de tableau.
Outre les pilotes cités précédemment, cette équipe était aussi constituée d’aides ou de « helpers », comme Jimmy Lhoste ou Philippe Jourdain, de notre juge national Jean-Philippe Laugier oeuvrant dans le jury de vol, de notre accompagnatrice, et parfois traductrice locale, Zhao Yi, de votre serviteur et de notre chef d’équipe Denis Anschling.
Signalons enfin que l a bonne humeur, l a motivation et l’ambiance exceptionnelle qui règne au sein de cette équipe (c’est une condition sine qua non pour l’intégrer) ne passe pas inaperçue, au point de faire des envieux.
D’un point de vue compétition pure, c’est le résultat de l’équipe qui est privilégié. Ceci dit, voilà les brillants résultats obtenus par nos représentants :
• En série moins de 20 kg : Stephan finit 6e, Christophe est 12e et Frédéric 15e
• En série moins de 13,5 kg : Olivier fait 7e.
• Aux résultats « Team Trophy », c’est-à-dire tandem pilote et constructeur, Stephan et Francis finissent 3e.
• Au classement des Nations, la ■ France fait 4e.
Remerciements aux sponsors
L’ensemble de l’équipe de France, pilotes comme accompagnateurs, tient ici à remercier ses sponsors, listés ci-dessous, pour l’aide et le support apportés dans l’organisation d’une telle aventure :
• Dassault Aviation
• Hitec / Multiplex
• APTIV
• Electron Retracts
• Laurens Concept
• Techsys
• Jets Munt
• Xicoy
• Mach 2.2
• Aircraft Composite