TABU RCRCM DE Pour s’adonner au treuil et à la pente
Ayant assisté au dernier championnat de France de F3b en tant qu’officiel, l’envie de ressortir mon treuil s’est fait sentir. Comme il me fallait un modèle à mettre au bout du fil, je me suis mis en quête d’un planeur facile, robuste et avoisinant 3 mètre
J’ai fait mon choix chez l e fabricant RCRCM, distribué en France par Flash RC. Les délais de fabrication restant assez courts (2 à 4 mois), j’ai profité de l’hiver pour mettre ce projet en route. Les modèles proposés sont de fabrication chinoise, et j’ai pris le temps d’étudier les avis sur le produit postés sur le Net. Mes réticences se sont en partie estompées après avoir visionné quelques vols en pente et lu l’avis de pilotes de renom ayant volé avec ce matériel. La décoration sympa et la grosse envie de tester le Tabu ont eu raison de mes dernières hésitations. J’aurai ainsi la satisfaction de pouvoir comparer avec les machines des pays de l’est, que je pratique depuis plus de vingt ans. UN MODÈLE TRÈS PRÉSENTABLE Ce planeur typé F3b/F3f est également disponible en version électrique. Pour les pilotes qui ne pratiquent pas la compétition, la dénomination fédérale F3b concerne la catégorie des planeurs multiépreuves (durée, distance, vitesse) se pratiquant avec la même machine. Autant dire que les planeurs doivent être
polyvalents, c’est ce qui est plaisant. Ce genre d’oiseau adore également le vol de pente et sa taille raisonnable permet un transport facile. Je précise que j’ai opté pour la version la plus solide, donc la plus lourde.
La grande boîte pourrait contenir un planeur beaucoup plus gros, à cause des épaisses protections en polystyrène séparant chaque pièce. La densité des cales en polystyrène est assez faible, mais la protection des pièces est convenable, aucune n’est en contact avec l’autre. Même s’il arrive d’un pays encore peu habitué aux planeurs tout moulés, une bonne impression ressort du premier contact avec l’oiseau. Après déballage, le premier constat permet de vérifier que l’état de surface est sans reproche. Le nombre de pièces est restreint avec 5 morceaux, mais on passera un certain temps à les découvrir. Le poids, bien qu’en progrès, ne semble pas être le souci principal du fabricant.
LE KIT
En premier lieu, on découvre les ailes en carbone en deux parties. Elles sont très rigides et parfaitement moulées, ce qui donne une finition miroir. La décoration retenue flashe bien, avec une peinture réalisée dans le moule. Le contraste entre l’extrados et l’intrados permettra de bien visualiser le planeur en vol. L’emplanture est équipée de tétons de calage en carbone de 5 mm de section. Le fourreau de clé rectangulaire de forte section (36x12 mm) accueille la clé, qui entre sans forcer mais sans jeu. Cette dernière donne le dièdre de 4° sur chaque aile.
Derrière ce fourreau se trouve une soute à ballast de 25 x 10 x 160 mm, qui permet d’emporter de 300 à 700 g de lest en fonction du matériau embarqué (alu, laiton, acier, plomb). La sortie des connexions électriques est ouverte derrière cette soute. Les ailerons et volets sont articulés par un tissu à l’intrados, qu’il faudra assouplir à la main. Les fentes sont fermées par un quartde-rond moulé en résine chargée de microballons. Les guignols sont à poser et le passage des commandes à ouvrir. La sortie des commandes est carénée pour limiter la traînée, le carénage moulé sur la gouverne venant se glisser sous son homologue lors du débattement vers le haut. Les puits de servos sont ouverts, et un épaulement en retrait sert d’assise aux carénages qui l es ferment.
Le fuselage est moulé intégralement en carbone, hormis l e compartiment réception réalisé en tissus de verre renforcé par quatre bandes de carbone. Ce compartiment est fermé par une ogive de section triangulaire moulée en tissu de verre. L’ensemble est vraiment rigide et résistera à une utilisation sur les terrains mal pavés. Le plan de joint reste discret et les karmans sont bien dans l’alignement du profil des ailes. Ils sont ouverts au niveau du passage de la clé, des prises de connexion et des tétons de calage.
À l’arrière, la dérive est prête à recevoir la clé principale des stabilisateurs, ainsi que la clé d’incidence. Le renvoi de profondeur est articulé sur l’axe de clé principal, et le quart-de-rond pour le passage de la clé des volets de profondeur est déjà ouvert. Le volet de direction est articulé par un tissu, et l’âme de dérive se trouve en retrait, afin de laisser le passage à la lèvre moulée qui ferme la fente de la gouverne. Son guignol de commande sera à poser. Les commandes d’empennages sont en place, elles font appel à des joncs de carbone de diamètre 1,5 mm coulissant sous gaine. Celle de la profondeur est déjà fixée sur le renvoi.
Le stabilisateur à volets reçoit une finition et une décoration identiques à celle des ailes. Une CAP est chargée d’unir les deux parties au montage. Le bord d’attaque vient chevaucher l’avant de la dérive, ce qui permet un maintien à l’adhésif par sécurité. Les deux parties entrent en force sur la clé et le téton d’incidence, ce qui fournit déjà une tenue rassurante.
L’accastillage est complet. On trouve une platine réception en CTP de 4,5 mm d’épaisseur, pas assez longue à mon goût. Les commandes filetées avec leurs chapes acier 2 mm et des embouts filetés sont présents. Les différents joncs et clés en carbone, ainsi que les guignols en époxy, font partie des fournitures. Une soute à lest cylindrique moulée est à fixer dans le fuselage, et la solide clé d’ailes rectangulaire inspire confiance. Les carénages de puits de servos à la couleur de l’extrados sont à finir d’ajuster. On trouve aussi les cadres de servos en CTP, découpés aux cotes des boîtiers préconisés par le fabricant. On peut donc opter pour des boîtiers métalliques de diverses marques, comme TGY S712G, KST DS125MG, MKS 6625, PTK 8525, Blue Bird A56V, etc. Une notice de 5 pages comprenant quelques clichés de montage et les réglages de base, sera à télécharger sur le site de RCRCM.
UN MONTAGE À AFFINER
Le montage ne posera pas de problème aux pilotes habitués à ce type de machine, d’autant que la symétrie d’ensemble vérifiée par un montage à blanc se révèle parfaite. On profitera de ce
moment pour évaluer le poids nécessaire à l’obtention du centrage préconisé. Le plus long consistera à bien positionner les servos d’ailes et leurs commandes, afin d’obtenir le débattement nécessaire à un bon fonctionnement. De petites adaptations en fonction de mes habitudes seront réalisées, notamment concernant la platine de réception que j’ai refaite beaucoup plus longue, afin qu’elle vienne renforcer le fuselage jusqu’au B.A. des karmans.
Dans un premier temps, pensez à vous procurer un crochet de treuillage réglable. En effet, le fabricant destine en priorité le modèle pour le vol de pente, et omet donc de fournir cet équipement. La platine servos sera avancée au maximum, tout en laissant la place pour loger l’accu de réception et pouvoir ôter le plomb si nécessaire. Celui-ci sera coulé sur mesure dans un moule en plâtre. L’emplacement des servos sera prévu en tandem pour épouser le couple réduit, et obtenir un débattement sans que les palonniers ne frottent contre l’ogive. Le tube à ballast sera abandonné puisqu’il est possible de lester les ailes, ce qui devrait suffire pour une utilisation en plaine. Je préconise de sortir les antennes du récepteur à l’extérieur, car les larges bandes de renfort en tissu de carbone recouvrent presque l’intégralité du compartiment réception.
Dans les karmans, le contour des sorties de prises de connexion sera à ajuster par ponçage. J’ai préféré refaire le guignol en époxy fourni pour le volet de direction. D’origine, son angle de 45° ne permet pas un débattement suffisant en traction, il sera remplacé par une pièce donnant un angle de 90°. Le longeron de B.A. du volet de direction est à ouvrir afin d’entrer profondément la queue du guignol dans l’épaisseur de la gouverne. Il sera fixé solidement par un congé d’époxy chargé de floc de coton. Côté commande, j’ai décidé de remplacer celle de profondeur de 1,5 mm d’origine, par un jonc carbone de 2 mm. Pour cela, il faut ouvrir le puits de visite situé en bas de la dérive, une trappe sera ensuite confectionnée pour le refermer. D’ailleurs, bien m’en a pris, puisque j’ai découvert que l’axe de la chape métallique était desserti :
le planeur n’aurait sans doute pas vécu longtemps avec cette rupture annoncée. Après mise au neutre des servos, les queues de chapes filetées seront collées à l’époxy et assurées par une ligature en fil kevlar reprise sur le jonc carbone.
Le travail est théoriquement limité sur les ailes, puisqu’il suffit de poser les servos et tirer les rallonges de connexion. Cependant, la mise en place des guignols va demander un peu de préparation pour obtenir un positionnement symétrique. Ils possèdent deux trous de renfort de collage à l’arrière. Il suffit d’entrer dans le second un tourillon en jonc carbone de 1,5 mm, qui viendra prendre appui sur le longeron de bord d’attaque des gouvernes. Après avoir ouvert le longeron dans l’axe du bossage et intégré le guignol chargé de colle, un mélange d’époxy et de floc de coton assurera une fixation fiable. Leur axe d’articulation positionné très bas donnera un débattement important et sera le gage d’un jeu mécanique inexistant. Les servos seront vissés sur les cadres en CTP fournis et collés en place de façon symétrique. Les commandes seront mises à longueur identique, afin d’avoir le même débattement pour un couple de gouverne. Passant dans l’épaisseur du profil, il faudra ouvrir le longeron de bord de fuite afin qu’une chape, puis y passer sans frotter. Les carénages de puits de servos seront fixés en dernier, une fois tous les débattements vérifiés et validés à l’atelier.
RÉCEPTION ET FINITION
La place dans l a sous-ogive permet d’intégrer les 280 g de lest nécessaires à l’obtention du centrage le plus avant préconisé, à 90 mm du B.A. L’accu Li-Ion 2S Emcotec de 2 600 mAh est fixé dans la fourche réalisée à l’avant de la platine, un adhésif suffit à le maintenir. Un interrupteur magnétique 5A régulant la tension à 5V, permet la mise sous tension du modèle sans ôter l’ogive à chaque vol. Le récepteur 8 voies Graupner GR16 est fixé au velcro juste derrière, et l es antennes sont guidées par des gaines nylon passant dans les sorties réalisées sur le dessus du f uselage. Les connexions arriveront par le dessous de la platine.
Les servos de direction et profondeur sont maintenus vissés derrière la réception. Il s’agit d’un Hitec HS-5085MG et d’un Graupner DES 587 BB. Les ailes reçoivent des Turnigy S712G numériques à boîtier alu pour actionner les volets et les ailerons, ils s’adaptent parfaitement aux cadres livrés.
Deux lests de 200 g seront réalisés pour entrer dans la soute située juste derrière le fourreau de clé d’ailes. Ils seront certainement peu utilisés, hormis pour faire de la vitesse, le poids final du modèle permettant déjà d’affronter des conditions venteuses. En effet, la balance accuse exactement 2 600 g prêt à voler dans cette version full carbone. Il faudra opter pour les versions en fibre de verre et carbone allégé pour gagner sensiblement en poids.
La plage de centrage de la notice sera respectée, tandis que le débattement de la profondeur sera augmenté de 2 mm, et celui de la direction sera poussé au maximum avec 4 mm supplémentaires. Ces réglages conviendront pour débuter les essais et le centrage sera affiné au fil des vols. Un dernier coup d’oeil à l’incidencemètre permet de vérifier le Vé longitudinal : il s’agit de l’angle entre le calage de la voilure et du stabilisateur. Avec moins de 1° constaté, il correspond à ce que l’on peut attendre sur un modèle devant limiter la traînée au maximum.
EN RÉSUMÉ
Ce planeur constitue une excellente alternative pour s’adonner aux joies du F3f et F3b, sans prétention, mais sans avoir à rougir face à des concurrents de l’Est beaucoup plus onéreux. La décoration et la finition sont superbes. Certes, les performances sont un peu en retrait pour rivaliser avec le haut du panier des planeurs F3b modernes mais il conserve cependant suffisamment d’atout pour être un excellent compagnon de vol pour découvrir ces catégories sans rester sur sa faim. Le rapport qualité/prix du Tabu est très recommandable pour se faire la main au treuil électrique sans se poser de question, ou encore à la pente où il sera à son aise. Chacun choisira ensuite son degré de finition en fonction de l’utilisation qu’il compte en faire.