SMOKE EL Le fumigène électrique
Que l’on effectue régulièrement des shows ou tout simplement pour son propre plaisir, l’utilisation de fumigènes sur nos modèles est un vrai plus pour l’esthétique du vol. Je vous propose aujourd’hui de découvrir un système peu connu: le fumigène électriq
Pour faire de la fumée sur un modèle RC, il y a trois solutions que nous verrons ci-dessous. Tous ces systèmes fumigènes ont en commun d’être généralement assez encombrants et, sauf exception, ils ne peuvent être installés sur des petits modèles. On peut dire que, sur un avion, cela pourra se faire à partir de 1,60/1,80 m d’envergure environ. Voici les différentes options possibles : • le classique système qui consiste à injecter un liquide (gazole, huile de paraffine, produit fumigène du commerce type Optismoke, 3W, PowerBox, etc.) grâce une pompe électrique, soit dans l e pot d’échappement pour un moteur thermique, soit à la sortie du réacteur pour les jets. Avec la chaleur, le liquide se vaporise et se transforme en fumée blanche.
La consommation est très élevée : sur un avion, pour un demilitre de liquide, on dispose souvent de 3 à 4 minutes de fumée, pas plus. Et, bien évidemment, ce système ne fonctionne pas sur un avion électrique !
• les fumigènes pyrotechniques. Là, il s’agit ni plus ni moins que de dérivés d’accessoires de feux d’artifice. Ce sont des cartouches à usage unique que l’on place sur le modèle. L’allumage se fait grâce à un petit module électronique. Le prix de chaque cartouche varie de 10 à 25 euros environ (selon le volume de fumée produit), et vous aurez 1 à 2 minutes de fumée.
Parmi les avantages du système, il peut être monté sur tout type de modèle, y compris les électriques et les planeurs. L’installation est assez simple puisqu’il suffit de faire passer deux fils électriques. Il est assez facile de positionner les cartouches en bout d’ailes, ce qui est sympa en vol. Enfin, plusieurs couleurs sont disponibles.
Deux problèmes : la fiabilité n’est pas toujours au rendez-vous, et il arrive que la cartouche ne s’allume pas. Et une fois que le processus est lancé, impossible de l’arrêter !
• Enfin, et c’est l’objet de cette présentation, il y a le fumigène électrique. La marque allemande Smoke EL propose ce système original, qui est unique sur le marché.
Le principe est assez simple : il consiste à envoyer, via une petite pompe électrique, de l’huile de paraffine spéciale dans un (ou des) tube(s) évaporateur(s). Ce tube est constitué d’une bougie (genre bougie de préchauffage de moteur diesel) et d’un injecteur. L’huile, au contact de la bougie chauffée, va se vaporiser et se transformer en fumée blanche. Le système Smoke EL est parfaitement adapté aux modèles électriques puisque l’alimentation pourra se faire à partir de l’accu de propulsion (à partir d’un LiPo 6S, idéalement 8S ou plus). Si vous décidez de le monter sur un modèle thermique, un planeur ou modèle à réacteur, il vous faudra embarquer un accu dédié.
On pourra choisir entre le set avec un tube évaporateur, et donc le mettre sur le fuselage, ou celui avec deux tubes qui seront installés en bouts d’ailes. L’ensemble n’est pas spécialement léger, mais ça reste raisonnable et surtout on embarque peu d’huile : comptez environ 50 à 60 ml/minute et par tube. Gros avantage par rapport au fumigène pyrotechnique, vous pouvez le mettre en route et l’arrêter à volonté.
Smoke EL commercialise également un set dédié aux jets : le
module de commande détecte les « G » en virage et met alors en route la fumée pour simuler les traînées de condensation !
J’utilise l e kit Smoke EL Duo, avec deux évaporateurs. Je les ai installés en bouts d’ailes sur un voltigeur, puis sur l es patins d’une grosse maquette d’hélicoptère.
Le prix de ce set « Duo » est de 556 €. Cela peut paraître élevé, mais c’est à comparer aux cartouches pyrotechniques qui vous coûteront environ 25 à 30 euros par vol si vous en mettez deux. Sachant qu’il vous en coûtera 1,60 € d’huile Smoke EL par vol, vous constaterez que ce fumigène électrique est amorti en une trentaine de vols seulement…
LE KIT DUO
Il est composé de : • un module de commande « Smoke Driver ». Il pèse 56 g, mesure 80 x 60 x 20 mm, mais il faudra ajouter l’encombrement des prises qui se branchent sur le dessus ; • une pompe électrique de haute qualité qui pèse 82 g avec sa prise. Son corps est en alu usiné. Elle a un diamètre de 24 mm et une longueur de 53 mm. Elle est montée sur platine en alu qui permettra de la fixer dans le modèle. Son débit maximum est de 600 ml/min ; • deux tubes évaporateurs qui pèsent chacun un peu moins de 120 g. Ils sont constitués de tubes en aluminium de 182 mm de long et 20 mm de diamètre extérieur, peints en noir. Une prise pour brancher la durite de fumigène est installée perpendiculairement, presque au milieu. On y connectera un tube de 4 mm. À l’avant, deux fils électriques de section 14 awg (2 mm²) sortent tout droit (ce qui n’est pas forcément idéal pour les dissimuler). L’un des fils fait 230 mm de long, l’autre 270 mm. Ils sont terminés par des prises de type PK 4 mm.
Il y a également un bidon d’un litre d’huile RedOil.
Pour compléter ce set de base
(il existe un set avec les connecteurs Festo inclus), j’ai pris le kit d’installation optionnel qui comprend des accessoires de qualité : • 4 mètres de tuyau ; • 2 raccords Stop ; • 2 bouchons de 4 mm ; • 2 restricteurs de débit (robinets) ; • un connecteur en Y ; • 2 connecteurs de 4 mm ; • 2 petits morceaux de tuyau résistants à la chaleur.
Vous aurez également besoin du set comprenant les deux rails en alu, afin de fixer les évaporateurs sur le modèle.
MONTAGE SUR LE MODÈLE
L’installation typique est un réservoir de 160 ml pour mettre l’huile, et un accu 6S à 8S 1600 mAh (si vous utilisez un accu séparé). Vous obtiendrez ainsi 1,5 minute de fumée. C’est largement suffisant à l’usage, car n’oubliez pas que vous pouvez arrêter et redémarrer le fumigène à volonté. La consommation électrique est d’environ 500 mAh/minute par tube.
Le module de commande Smoke Driver sera installé dans le fuselage. Il doit être parfaitement ventilé car il chauffe (il peut passer 40 A en continu et 70 A en pointe). Il doit être accessible pour pouvoir déconnecter la batterie.
Chaque tube évaporateur sera installé en bout d’aile, par exemple au saumon. Ils doivent être alimentés en courant électrique et peuvent consommer jusqu’à 24 A chacun. Il faut donc du fil de bonne section (2 à 2,5 mm²) qui devra traverser les nervures des ailes. Sur un avion de 2,2 m d’envergure, comptez environ 110 g de fils et de prises électriques. Il faudra bien sûr prévoir des connectiques entre les ailes et le fuselage. Vous avez également besoin de passer un tube de 4 mm pour amener l’huile de la pompe aux évaporateurs. On utilisera les raccords et bouchons du kit optionnel pour créer l es connexions entre les ailes et le fuselage.
Pour alimenter ce système fumigène, j’utilise un accu séparé constitué de deux LiPo 4S 1800 mAh (de la marque Optipower), que je couple en série pour former un 8S. Le poids de ces deux accus est de 420 g.
Sans accu et avec le réservoir plein d’huile, comptez 700 g pour l’ensemble Smoke EL Duo (raccords et fils électriques inclus).
Attention :
• L’extérieur des tubes évaporateurs peut monter à près de 100°C : pensez-y lors de l’installation. Les rails en alu optionnels permettent de laisser un espace suffisant entre le tube et la structure de l’avion afin de ne pas l’endommager. Pour info, la température de la bougie peut dépasser les 800 °C… • Ces tubes doivent pouvoir être démontés régulièrement pour les nettoyer. • Il faut monter des robinets (qui doivent être facilement accessibles) afin de pouvoir régler séparément le débit pour chaque évaporateur.
À L’USAGE
On utilisera un i nterrupteur 3 voies sur l a radio, dont l es courses seront réglées en suivant la notice (disponible en français).
Le Smoke Driver est équipé d’une procédure de démarrage, qui doit avoir lieu avant chaque vol. Il faut en effet démarrer l a pompe et vérifier le débit d’huile dans chaque évaporateur afin d’obtenir un petit filet régulier. On doit (au besoin) régler l e débit avec les robinets. Ce besoin de réglage régulier est causé par les dépôts de suie qui se créent lors du fonctionnement. Après environ 1 litre d’huile consommé, vous devrez probablement démonter les tubes pour nettoyer les bougies car vous ne parviendrez plus à avoir un débit suffisant.
Le fabricant conseille de nettoyer les tubes tous les dix vols. Pour ce faire, on coupe les colliers plastique qui maintiennent l es tubes sur le modèle, on enlève la vis BTR et on retire le système du tube alu. Avec une miniperceuse et une petite brosse métallique, l e nettoyage est rapide, puis on remonte l’ensemble. Pour le réglage optimal du débit, il faudra faire des essais en vol. S’il y a beaucoup de fumée au démarrage et qu’ensuite le
volume de la fumée diminue nettement, c’est qu’il y a trop d’huile qui arrive sur la bougie et cela fait trop descendre sa température. On réduira donc un peu le débit grâce aux robinets. Si le débit de fumée est constant mais trop faible, on augmentera un peu le débit.
Le Smoke Driver est bien sûr équipé d’une surveillance de tension et stoppera le système si la tension de l’accu devient trop basse, afin de ne pas endommager ce dernier.
Pour l’huile, il faut utiliser celle préconisée par le fabricant car elle a selon lui une viscosité spécifique.
ÇA MARCHE!
Lors de la mise en route du système, il y a bien sûr un petit temps d’attente pour la chauffe des bougies (une quinzaine de secondes). Ensuite, la bougie reste en chauffe en permanence. La production et l’arrêt de la fumée sont alors quasiment immédiats.
En vol, le système est efficace et si le débit d’huile a été bien réglé, la fumée est dense et se voit bien (que ce soit sur un avion ou un hélicoptère). Le filet de fumée est moins dense qu’un système d’injection liquide sur un moteur thermique ou que les cartouches pyrotechniques haut de gamme, mais c’est parfait pour un fumigène aux saumons. Bien entendu, l e rendu sera meilleur sur un avion classique, avec une vitesse de vol « standard », plutôt qu’avec un jet évoluant à haute vitesse.
Smoke EL propose un système original, qui pourra être utilisé sur des avions électriques à partir de 1,50 m d’envergure (sur le site internet du fabricant, on peut voir le montage sur un SU 29 Sebart de 1,55 m).
Ces fumigènes en bouts d’ailes sont un vrai plus et agrémenteront vos vols. Des figures simples comme un tonneau ou un renversement deviennent très sympas et très esthétiques. Bons vols !