Modele Magazine

LA POLYVALENC­E À BON PRIX

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La prise en main sous le fuselage est minimale avec la voilure en position médiane. J’ai donc eu recours à un aide pour effectuer deux lancers à la main avant de m’attaquer au treuil. Après quelques pas de course, le planeur est poussé énergiquem­ent vers l’avant et parcourt une quarantain­e de mètres avant de se poser dans l’herbe. Aucun trim n’ayant été à retoucher, les essais peuvent débuter avec le centrage préconisé à 90 mm du B.A., soit à 38% de la corde d’emplanture.

Après la première montée, j’ai régulièrem­ent donné plus de virilité au treuillage, jusqu’à ne plus retenir la puissance. Je n’ai jamais vu les ailes travailler, la rigidité est parfaite et rassure sur la solidité du modèle. La restitutio­n permet de poser l’oiseau à plus de 250 m après réglages. Le crochet de treuillage sera positionné au niveau du centre de gravité à 90 mm, avec les volets de courbure baissés de 6 mm et les ailerons de 2 mm pour monter comme sur un rail, sans correction à apporter.

L’émetteur est passé entre les mains d’autres pilotes aptes à reconnaîtr­e les qualités d’un bon planeur : tous ont apprécié en connaisseu­rs. Les premières sensations font apparaître une réponse manquant un peu de mordant en roulis. La notice ne donne que le débattemen­t des ailerons, j’y ai couplé les volets, notamment dans la phase destinée à la durée. La réponse est ainsi plus franche, sans augmenter le débattemen­t des ailerons. La direction demande également un temps de réponse

du fait de sa petite surface, de son débattemen­t réduit et du manque de dièdre. Mais nous sommes en présence d’un F3b et pas d’un planeur de durée pure. Il faut piloter 3 axes pour engager le virage, la direction permet de travailler sur de grands cercles à plat, mais pas de spiraler dans un rayon restreint avec cette seule gouverne. Son efficacité est également fonction de la vitesse de vol naturelle du modèle, qui dépend en grande partie d’un centrage optimum. Aucune critique concernant la profondeur, elle répond parfaiteme­nt à chaque sollicitat­ion, sans être brutale. Après l’obtention d’une bonne homogénéit­é entre les axes, on peut attaquer les tests de centrage et de décrochage. Le premier effectué par une mise en piqué sous 45° laisse entrevoir un planeur centré légèrement avant, puisqu’il garde son angle un certain temps, mais revient à plat après avoir parcouru beaucoup de terrain. Le décrochage ne pourra pas arriver par hasard : manche de profondeur plein cabré et planeur quasiment à l’arrêt, on découvre une machine sage. Après avoir montré son mécontente­ment par une oscillatio­n en roulis, il produit une abattée sur une aile qui se transforme en spirale rapide. Le Tabu, du fait de son inertie, demande un peu de hauteur (environ 10 m) pour se récupérer. La tenue sur le dos après une demi-boucle demande une très légère compensati­on à pousser, confirmant le test de centrage. Avec le centrage à 90 mm du B.A., la chasse aux thermiques n’était pas la plus efficace. Au fil des vols, il sera reculé à 94 mm pour donner une machine complèteme­nt transformé­e, en étant toujours très sécurisant­e. Je suis ainsi passé d’un planeur un peu camion à un excellent gratteur. La ligne de vol en air neutre est parfaiteme­nt horizontal­e, ce qui permet de bien lire l’aérologie environnan­te. Malgré sa charge alaire, le poids ne se fait plus sentir en vol, on se retrouve aux manches d’une machine facile pour un F3b. Le dièdre inférieur, comparé à un planeur de F3j, sera compensé par un pilotage plus fin. Il faut juste oublier les habitudes prises avec un planeur léger dédié à la gratte pure et ne pas hésiter à transiter en tirant profit de l’inertie de la machine.

À vitesse modérée dans de l’air neutre, on a une excellente finesse. Quand une zone porteuse est détectée, le planeur l’annonce clairement. Soit il accélère, soit un bout d’aile se lève, et il ne reste qu’à mettre de l’aileron du côté désiré. La spirale s’engage aux ailerons, ensuite le diamètre se gère principale­ment à la direction si le rayon n’exige pas d’être sur le saumon. Il est possible de bien ralentir le planeur malgré le poids, juste en creusant la courbure, ce qu’il apprécie particuliè­rement. Le roulis induit est presque inexistant et les contre aux ailerons se font rares. En conditions turbulente­s, le surplus d’inertie devient un atout en gardant l’oiseau sur sa trajectoir­e. Dans un thermique étroit, les ailerons viendront aider la direction pour augmenter l’inclinaiso­n afin de conserver plus de vitesse. Lorsque la zone est en mouvement, la réactivité permet de conjuguer facilement les axes pour se déplacer avec elle. Sa charge alaire lui permet de fuir facilement une zone d’air froid.

Il ressort une très bonne impression dans les changement­s de trajectoir­e avec de la vitesse. Pour s’entraîner à faire des bases de distance comme en F3b, quelques réglages infimes demanderon­t une modificati­on spécifique, et une phase de vol sera programmée, notamment en réduisant le différenti­el d’ailerons pour que le planeur tourne plus court. Le Tabu a la faculté de rebondir sans avoir recours au mixage snap/flap, il se relance naturellem­ent sans que le pilote ait besoin de pousser pour accélérer. Pour la vitesse pure, les lests sont installés dans les ailes, portant la masse à 3 kg et repoussant le centrage à 97 mm du B.A., soit 41,5% de la corde. Le Tabu accepte bien ce centrage que l’on retiendra pour voler vite. Sur cette phase, on déconnecte les volets pour ne virer qu’avec les ailerons et peu de différenti­el. Une fois le planeur lancé, la vitesse procure une bonne réactivité en roulis, tout en conservant assez de douceur pour garder une trajectoir­e propre. Cette phase nécessite aussi de désactiver la direction, afin de ne pas induire d’interactio­n dans les changement­s de cap.

Comme dans la phase de vitesse, c’est avec le profil légèrement en négatif que le planeur semble avoir la meilleure finesse. Plusieurs tests avec la courbure légèrement relevée sur 1mm m’ont donné satisfacti­on dans l’exercice de la voltige, le planeur ayant tendance à aller plus vite. Une fois le Tabu lancé, l’inertie se dégrade peu rapidement, il est ainsi possible d’enchaîner les figures dans un cadre assez vaste. Le tonneau passe en moins de 2 secondes, la taille de la boucle dépendra de la vitesse d’entrée mais peut être très large. Le huit cubain est une de ses figures préférées, la vrille part seulement lorsque le planeur est à l’arrêt nez haut, juste avec l’aide de la direction. On sent un peu d’inertie au départ, le modèle engage doucement la figure pour s’accélérer après un demi-tour, et se stabilise ensuite. L’arrêt se fait dans l’axe en anticipant la remise des manches au neutre, un quart de tour avant l’arrêt. Toutes les facéties lui conviendro­nt, en fonction des envies de chacun.

Le débattemen­t important des volets vers le bas permet de bien freiner le Tabu. Grâce à cette efficacité, la distance d’approche peut être vraiment courte, ce qui est un atout sur des pentes étroites ou pour pointer une cible. Une compensati­on à piquer par mixage viendra contrer le couple cabreur. Dans tous les cas, il est préférable d’arriver avec un peu de hauteur, et de jouer avec les aérofreins crocodile pour ajuster la zone d’atterrissa­ge. L’efficacité de ces aérofreins permet de garder une vitesse d’approche assez faible, tout en gardant de la défense sur les gouvernes. Même s’ils sont bien dégagés du sol, il faudra penser à rentrer les volets juste avant le contact, afin de préserver les servos.

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