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Arbres d’ornement, fruitiers et fraises font la belle réputation de Lesdain, près de Tournai en Belgique, depuis le siècle… Et les roses y ont fait celle d’émile et de Marie-rose.
-a pépinière, c’était déjà l’histoire de leurs grands-parents et de leurs parents. À Marie-Rose, son père avait dit : « la production, ce n’est pas un métier de femme, fais autre chose ! » Alors elle eu son diplôme de dactylo aide-comptable… « Ça sert toujours, dit-elle, mais je suis revenue à la pépinière. Il faut dire qu’à six ans, Émile et moi, nous jouions dans les champs, nous faisions des petites boutures. Vers onze ans, nous avons fait nos premières greffes, et il fallait bien faire, montrer la greffe à Papa ! Nous étions fiers. C’est comme ça que nous avons pris goût et avons appris à travailler. Après, c’est la passion qui nous est venue… grâce à des gens de Cambrai arrivés un jour à la pépinière pour qu’on leur reproduise des rosiers qui poussaient dans une ferme de château. Nous avons greffé ‘Louise Odier’, ‘Pergolèse’, ‘De La Grifferaie’ et nous n’avons plus arrêté. Cela fait maintenant quinze ou vingt ans que nous nous sommes spécialisés dans les roses. » La pépinière l’atteste, les rosiers sont partout. ‘De La Grifferaie’ s’est entendu avec ‘Pleine de Grâce’ pour grimper jusqu’à 7 mètres dans un grand prunier. Marie-Rose s’inquiète : « J’ai bien peur qu’un jour, le prunier tombe sous le poids des fleurs. » « Moi, dit Émile, je m’en f… ! Le principal, c’est qu’il se plaise, comme ‘Jacques Cartier’ dans le noisetier pleureur, comme ‘Plaisanterie’ dans l’araucaria ou ‘Sourire d’orchidée’,
dans le charme pyramidal. Les rosiers vont ici jusqu’à toucher le ciel ! » Il poursuit : « C’est que les gens nous en apportent de partout : ‘Louis Van Tyll’ vient d’un jardin du Limousin, ‘Reine des Centfeuilles’ du jardin d’une vieille dame belge, ‘Rose de Meaux’… d’où donc déjà ? » On s’y perd, et dans les allées aussi. MarieRose s’en prend à ‘Albertine’ : « Il m’énerve, celui-là, il lui faudrait toute la place ! » Mais Émile ne l’écoute pas et nous présente ‘Madame Legras de Saint-Germain’ : « Pour moi, c’est le plus beau rosier blanc, avec ‘Madame Hardy’. » Entre les arbres magnifiques, le grand tilleul à feuilles de fougère, le marronnier à feuilles panachées, l’impressionnant Chimonanthus et tous les autres que les rosiers laissent encore entrapercevoir, on se faufi le pour découvrir les bébés maison que sont ‘Princesse Violette’ aux petites roses simples violettes, ou ‘Surprise du Chef ’, ou encore ‘Mélanie Foucart-Bonnet’ une nouvelle version de ‘Ghislaine de Féligonde’ à petites fleurs rose pâle… « On s’amuse un peu avec la nature, explique Émile, on prend des beaux fruits sur des variétés sur lesquelles on sait qu’il y a de la levée, et on sème avant l’hiver. Ce sont de petites trouvailles, parfois de belles surprises… » Le catalogue compte aujourd’hui 250 rosiers au moins, principalement anciens et si possible remontants « parce que les gens les aiment comme ça. » « Oui, mais tout cela, c’est bientôt fini, lance Marie-Rose sans parvenir à cacher son émotion. Nous sommes à un âge… où nous avons assez travaillé. Il faut se dire qu’un jour, ce sera terminé, même si nous espérons que cela va continuer dans d’autres mains… Ce serait malheureux que l’activité ne soit pas reprise, mais mal reprise, ce serait pire ! »