LIV SANSOZ BELLES VIES EN MONTAGNE
Grimpeuse au palmarès impressionnant et passionnée de montagne, Liv Sansoz cultive sa joie de vivre à flanc de falaise. Plus que jamais tournée vers les cimes, elle est aujourd’hui installée à Chamonix, où elle poursuit sa quête de sommets, en toute simp
Parc de Smith Rock, juin2014. Quelque part entre Seattle et San Francisco, en plein coeur de l’état de l’Oregon. Les falaises basaltiques orange se découpent sur le ciel bleu, dans cette région semi-désertique où se pressent les grimpeurs du monde entier. Autrefois habituée aux salles d’escalade aseptisées, elle explore aujourd’hui de nouveaux terrains de jeu, des États-Unis à la Chine, en passant par le Pakistan. Sans oublier le massif du Mont-Blanc, où elle a posé ses valises il y a deux ans, à proximité de Chamonix. Les grandes voies des sites des Vuardes, des Fiz ou de la Croix de Fer ont remplacé les parois artificielles des gymnases où elle s’entraînait. Loin du milieu de la compétition, qui lui a valu d’accrocher l’un des plus beaux palmarès de l’escalade tricolore, avec deux titres de Championnes du monde (1997 et 1999) et trois en Coupe du monde, Liv goûte aujourd’hui, à trente-sept ans, à un certain esprit d’aventure, hors des sentiers battus. Une expédition l’a conduit ainsi, il y a tout juste un an, à partir explorer les montagnes du Tian Shan, en Chine, en compagnie de Mike Libecki, Ethan Pringle et Keith Ladzinski, dans le cadre d’un projet porté par son sponsor. «Pourla premièrefois,j’allaisquelquepartsanscarte, sans topo et sans savoir si on allait plus faire de la grimpe, du mixte, ou de la marche sur glacier. Mike nous avait dit qu’il fallait être prêt à tout et qu’on ne savait pas ce qu’on allait trouver. C’est super de partir avec cet esprit.» Dans cette région totalement reculée, aux sommets sans nom et à 3 000 kilomètres de Pékin, l’exploration prend tout son sens. Quelques mois avant, en 2012, elle vit sa première grande expédition, dans la région des Tours de Trango, au Pakistan. «Le projet consistait de Trango, et à sauter en BASE jump du sommet. L’idée était d’être quatre grimpeurs à sauter, Jérôme Blanc-Gras, Manu Guy, Tim Emmett, et moi-même. Mais six mois avant le départ, je me suis fait six fractures au poignet.» L’objectif de l’expédition est alors remplacé par l’ascension de la Grande Tour de Trango (6286m), plus facile d’approche. Mais sur place, tout ne se déroule pas comme prévu : «Notreprojet s’est révélé plutôt dangereux, avec des pentes, des champignons séracs qui partaient en per manence. Aucun de nous quatren’a trouvé qu’un saut en BASE jump valait la peinede s’exposer autant…» Depuis, les blessures et un manque de pratique l’ont amenée à prendre très récemment la décision d’arrêter le BASE jump, qu’elle avait découvert en 2009 aux États-Unis, en sautant du Perrine Bridge, un pont suspendu, avant de se perfectionner avec des sauts de falaises en Norvège. «Jen’ai plus sauté depuis un an et je me rends compte que ça ne m’apas manqué. Le BASE jump demande tellement d’engagement qu’en faisant ce constat, je me suis dit que la meilleure décision était d’arrêter.»
LE MONT-BLANC À QUATORZE ANS
Son amour de la montagne, cultivé depuis le plus jeune âge, lui, reste intact. «Jesuisnée à Bourg-Saint-Maurice. Mesparentsn ’étaient pas de salpinistes, maisils m’ont transmisla passion de la montagne, commeun endroit où l’onses entbien.» Les randonnées jusqu’au refuge Robert Blanc, les balades pour aller chercher des cristaux et le ski de randonnée, découvert à l’âge de dix ans avec son père, lui donnent le véritable goût de la montagne. «Sortirlacarte,repérerlessommets…J’adorais quand jepartais en montagne, c’était grimper. Jemesui salors inscrite a u clubd ’escalade de Bourg-Saint-Maurice, et cette passionne m’aplusquittée.» Sans oublier la montagne