LE SKI DE RANDONNÉE NORDIQUE EST CONSIDÉRÉ COMME UNE PRATIQUE
de descente, avec l’inauguration du premier téléski à Davos en 1934. Peu à peu, le ski nordique des origines se ringardise au profit du ski de piste. Après les JO de 1968 à Grenoble, le ski de fond alternatif explose. « La pratique n’était pas encore très structurée, et les moniteurs emmenaient encore les gens en balade dans l’esprit du ski nordique » , raconte le moniteur jurassien Stéphane Sanchez. « C’était l’époque du tourisme “social”, les gens venaient pour découvrir la nature » , explique Jean-Lou Botta, responsable de Hautes-Alpes Ski de fond. « Puis la pratique du ski de fond s’est codifiée, on a voulu canaliser les skieurs sur des espaces définis » , ajoute-t-il. Peu à peu, les skieurs se concentrent sur des lieux balisés autour des foyers de ski de fond, et la recherche de la performance technique prend le pas sur l’itinérance. Vers le milieu des années 1980, l’esprit du ski de randonnée nordique s’éloigne encore un peu plus avec l’apparition du skating, ou pas de patineur. La pratique devient véritablement sportive, sur des pistes désormais aplanies par les engins de damage et… payantes. Les pratiquants occasionnels ou moins sportifs se détournent progressivement vers la raquette, en pleine renaissance. « Pendant dix à quinze ans, les gens sont venus en masse pour de la balade à skis de fond et on leur a vendu des cours de technique. Au final, ils se sont principalement réfugiés dans la raquette » , résume Stéphane Sanchez. Très accessible, la raquette permet d’arpenter des terrains sauvages au même titre que le ski de randonnée nordique, mais avec une efficacité bien moindre à la descente. Et le plaisir de la glisse en moins. Depuis maintenant deux années, Mathieu Antoine, moniteur de ski de fond (et président du Parc régional du Queyras) a décidé de relancer le ski de rando nordique dans son activité professionnelle, motivé par les progrès du matériel permettant à un public plus large d’appréhender la pratique. Quelques années plus tôt, en 2007, Régis Cahn, amateur passionné, inaugurait un site internet communautaire – qui est devenu à ce jour le site référent – pour faire connaître la discipline et fédérer ses adeptes.
COMMENT ÇA MARCHE ?
Le ski de randonnée nordique est souvent considéré comme une pratique à la croisée du ski de randonnée alpine, du ski de fond et du telemark. Il se pratique en terrain vierge non damé, talon libre à la montée comme à la descente, avec des semelles couvertes d’écailles ou ponctuellement recouvertes d’une peau de phoque. Les skis sont munis de carres métalliques pour favoriser l’accroche. Le skieur de randonnée nordique ne vise pas l’ascension de sommets mais l’itinérance à travers un massif vallonné ou sur des plateaux d’altitude. Mais qui peut le plus peut le moins. Alors pourquoi ne pas utiliser la panoplie du ski de rando classique ? L’un des intérêts majeurs du ski de randonnée nordique est de s’affranchir au maximum des manipulations (peautage/dépeautage) pour progresser de manière continue. Grâce aux écailles, on peut évoluer sans peaux de phoque, même s’il est recommandé de les avoir dans le sac en cas de passages raides ou de neige dure. Certains utilisent du fart antirecul mais de manière très marginale en France. Pour Régis Cahn, « c’est un réflexe culturel, les Français n’aiment pas farter à l’inverse des Scandinaves, et notre terrain souvent plus alpin nécessite davantage l’usage des peaux » . Sans compter que les températures hivernales plus changeantes sous nos latitudes rendent le fartage plus complexe. Le principe du talon libre permet aussi d’éviter de passer de la position « montée » à la position « descente ». Dans cette optique, le skieur de randonnée nordique a donc intérêt à