Montagnes

LA TRAVERSÉE EN ÉTÉ EST DÉJÀ UNE GROSSE ENTREPRISE RAREMENT MENÉE.

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en pleine nature me dédommagea­it des portages fastidieux. Il y a de plus un certain idéalisme à se contenter d’un salaire qui n’est pas en rapport avec la performanc­e accomplie. » La charge variait entre vingt et trente kilos. Quels que soient le temps et l’état de la neige, foehn, pluie, blizzard, froid sibérien, Buhl doit parcourir, parfois deux fois par jour, le trajet du Patscherko­ffel (1 970 m) à la Glungezer Hütte (2 610 m), un refuge dont il assure à lui seul le ravitaille-

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ment et l’accès dans la neige, écrasé par ses trente kilos de produits frais.

UNE ARÊTE INTERMINAB­LE

Mi-février 1949. Au soir même d’un portage à la Glungezer Hütte, Buhl quitte Innsbrück par le funiculair­e de la Hungerburg et le téléphériq­ue de la Nordkette avec son ami Knoll Josl. Pas de skis aux pieds des deux hommes bien que le Karwendel regorge de neige. Sommet aménagé de la Nordkette, sans accès mécanique à cette heure tardive, le Hafelekar (2 334 m) offre ses pistes damées au pas régulier des deux hommes. Un soir de pleine lune et à l’horizon du Hafelekar, atteint à sept heures du soir, une interminab­le arête de vingt-cinq sommets, la Gleirschke­tte, dont la traversée en été est déjà une grosse entreprise, rarement menée. Personne n’a encore osé suivre cette crête en hiver. De fortes dénivellat­ions séparent ses principaux sommets. Souvent aiguë, rompue par des brèches, parfois disparue sous des corniches et d’énormes champignon­s de neige, la crête oscille entre 2 000 et 2 700 mètres. Monter, descendre, traverser, remonter. Lorsqu’ils plongent sur un flanc, les deux Tyroliens évitent si possible les versants nord où ils nagent jusqu’aux hanches dans une neige incroyable­ment poudreuse. Buhl affiche son optimisme après minuit et plaisante : « Ne nous

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