L’INCROYABLE HISTOIRE DE LA JOURNÉE LA PLUS MEURTRIÈRE DU K2

Dominique Potard, Guérin, 384p, 56 C’est une longue enquête qu’ont réalisée le duo de journaliste (Zuckerman) et d’alpiniste (Padoan). Leur travail fut long et minutieux: deux ans dont de multiples voyages au Népal, au Pakistan et en Europe, plus de 200 personnes interviewées. C’est un pur travail d’enquête, appuyé par de longues notes explicatives de leurs méthodes en fin de volume. Le récit revient sur la journée du 1er août 2008, la plus meurtrière de l’histoire de l’himalayisme au K2. Onze personnes mourront, la plupart à la descente, sur les pentes du colosse pakistanais. Comme toujours, des zones d’ombre demeurent sur les circonstances exactes des différents accidents qui se sont succédés. Les auteurs tentent d’apporter un éclairage en déroulant le récit de la journée qu’ils construisent autour des différents points de vue des protagonistes interviewés. Pasang Bhote, Chhiring Dorje Sherpa, Pasang Lama, Pemba Gyalje Sherpa, Tsering Lama : tous ces noms sont autant de personnages de premier rang dont le rôle et les histoires personnelles sont ici développées. Ils sont ceux qui ont tenté tant bien que mal de redescendre les alpinistes occidentaux du K2, qui ont persévéré malgré ce qui leur semblait être une colère terrible des dieux de la montagne, dans la succession improbable d’accidents et de chutes de séracs. On les suit jusqu’à leurs retours respectifs à la maison. Certains perdront leur femme, d’autre leur goût pour l’alpinisme, mais retourneront malgré tout en altitude. En préambule, Zuckerman résume l’ambition de son livre : « quandnotrevienetientqu’àunfil,ilesttoujoursréconfortantdesavoirquil’anoué ». Voilà un éclairage important sur les hommes de l’ombre des expés et sur leur travail, qui ne devrait plus être considéré comme une simple coulisse. U.L.