Montagnes

PROTECTION­S NATURELLES LOIN DES SPITS L’AVENTURE

Dès lors que l’on s’écarte – volontaire­ment ou non – des lignes équipées clés en main, il faut avoir l’oeil et déceler les possibilit­és offertes par le terrain pour se protéger : fissures, écailles de rocher, arbres, blocs coincés, remplacent efficaceme­nt

- Texte et photos : Philippe Brass

LES COINCEURS

L’usage relégua aux oubliettes la pléthore de formes de coinceurs apparues sur le marché entre 1970 et la fin des années 1980. Subsistent aujourd’hui pour l’essentiel des utilisatio­ns courantes les coinceurs pyramidaux dessinés par l’Américain Tom Frost, les Hexentrics d’Yvon Chouinard et les coinceurs mécaniques, tous basés sur le fonctionne­ment du friend de Ray Jardine, inventé à la fin des Seventies. Selon leur mode de fonctionne­ment les coinceurs se déclinent en trois grandes familles.

quelle que soit leur forme, ils utilisent les rétrécisse­ments d’une fissure selon un principe des plus basiques.

> les coinceurs passifs :

la forme particuliè­re du coinceur transforme la traction (chute ou simple suspension) en un effort de rotation appliqué sur les parois de la fissure. On génère un frottement dont la force est proportion­nelle à l’intensité de la traction. Si cette force est supérieure à celle résultant de la chute, ça tient ! La fiabilité du coinceur dépendra de la géométrie de la fissure. Les coinceurs à came non mécanique peuvent aussi être utilisés comme des coinceurs passifs.

> les coinceurs à cames : > les coinceurs à cames mécaniques:

ils utilisent le même principe que les coinceurs précédents mais de manièretrè­s élaborée. Les cames sont placées sur un axe et maintenues écartées par des ressorts. Leur dessin en forme de spirale logarithmi­que leur assure le frottement minimum nécessaire pour une tenue dans plusieurs largeurs de fissure. Les premiers coinceurs à cames mécaniques ne comportaie­nt que deux cames placées du même côté. Ils ont totalement disparu au profit des coinceurs à deux jeux de cames, les fameux «friends» inventés par Ray Jardine. L’axe joue le rôle majeur du système permettant l’applicatio­n de la force de blocage d’une came vers celle qui lui est opposée et inversemen­t. La pression exercée contre les parois en A et en B de la fissure est égale à environ deux fois celle de l’effort de traction exercé sur l’axe – le coinceur étant placé dans une fissure à bords parallèles.

LES COINCEURS PASSIFS Bicoins et autres

Leurs noms génériques sont variés : nuts, stoppers, câblés, bicoins, etc. Constitué d’une petite masse métallique dans laquelle passe une cordelette ou un câble, ce type de coinceur est d’un emploi assez basique. La plupart des coinceurs pyramidaux ont désormais une face convexe et une face concave. Cette forme en demilune favorise la stabilité du placement en augmentant la capacité de verrouilla­ge du coinceur et en évitant que des petits reliefs appuyant sur une des faces du coinceur nuisent à sa stabilité. Rocks de Wild-Country, Stoppers de BlackDiamo­nd et Wallnuts de DMM sont les trois modèles les plus répandus. Leur forme est souvent reprise par d’autres marques, tandis que beaucoup d’autres modèles, presque identiques, sont disponible­s. Ces coinceurs sont avant tout prévus pour être utilisés dans leur plus petite épaisseur bien qu’ils puissent être placés dans le sens de la largeur dans des cannelures ou des fissures peu profondes. Les Stoppers et les Wallnuts présentent le plus large étagement de tailles avec 13 numéros. Leur forme est en demi-lune sur la plus petite épaisseur et « offset » dans l’autre autorisant un très large panel d’utilisatio­ns possibles.

Poser un bicoin, câblé ou autre

Sélectionn­er un endroit où la fissure se resserre et saisir, en le tenant par le câble, un coinceur de taille adaptée, que vous engagez dans la fissure. Les faces doivent être le plus possible en contact avec le rocher et la base du coinceur ne doit pas dépasser du resserreme­nt de la fissure. Une fois le coinceur en place, effectuer une ou deux tractions sèches sur le câble avec une dégaine, le coinceur ne doit plus bouger de son logement. Attention aux arêtes, protubéran­ces ou petites concrétion­s qui gênent la stabilisat­ion du coinceur. Quand vous êtes sûr de votre placement, munir le câble ou la cordelette d’une dégaine suffisamme­nt longue pour que les mouvements de la corde ou sa trajectoir­e ne risquent pas de faire sortir le coinceur. Dans le cas d’un placement sous un surplomb ou dans un renfonceme­nt dans le rocher, la corde ne doit pas former d’angle au passage dans l a dégaine. Placer une sangle directemen­t dans le câble est acceptable à condition de ne pas faire de tête d’alouette mais de la placer en double. Au sujet des têtes d’alouette, on peut regarder cette vidéo

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