Montagnes

STAGES MONT BLANC OBJECTIF SOMMET

Coeur de l’activité estivale à Chamonix, les stages mont Blanc proposent aux alpinistes débutants ou expériment­és de gravir le sommet mythique au terme de quelques jours de préparatio­n. Différente­s formules existent, selon son niveau, ses objectifs ou l’i

- Par Sandy Plas

Quelques mots tapés dans Google et une rivière de résultats plus tard, les propositio­ns de « stages mont Blanc » défilent. À chaque fois, la promesse est la même : s’offrir en quelques jours le sommet du mont Blanc, accompagné d’un guide, la plupart du temps par la voie Normale. Et peu importe son niveau, l’objectif de la plupart de ces stages étant d’apporter une formation technique éclair aux novices en la matière. Un produit phare qui constitue le coeur de l’activité estivale à Chamonix : « En été, les stages mont Blanc représente­nt 50 % de notre activité », explique Sandrine Schmidt, co-fondatrice de l’agence Odyssée Montagne, créée en 1992. Pas de chiffres à la Compagnie des Guides de Chamonix, mais une activité « très importante » liée aux stages mont Blanc pendant l’été, qui représente­nt 40 % de l’activité européenne liée à la haute montagne de Terres d’Aventure, dont une des agences est basée à Chamonix. Un business porteur qui explique le grand nombre d’offres et l’arrivée de nouveaux venus : « Des plateforme­s d’achat, comme Kazaden, sont arrivées sur le marché il y a quelque temps, explique Sandrine Schmidt. Elles fonctionne­nt comme Booking (site de réservatio­n d’hôtel en ligne, ndlr) en prenant les réservatio­ns et une com, avant de rebasculer vers les prestatair­es. » Comment s’y retrouver alors, dans cette offre pléthoriqu­e ? Pour les

débutants en alpinisme, les propositio­ns de stages sont très nombreuses. Et souvent organisées selon un même schéma : quelques jours de préparatio­n technique, pour apprendre les bases du cramponnag­e et des manoeuvres sur corde, puis deux jours consacrés à l’ascension du mont Blanc par la voie Normale, en passant par le refuge du Goûter. À la Compagnie des Guides de Chamonix, trois stages sont proposés pour découvrir la haute montagne et tenter le sommet : un stage de 5 jours pour des groupes en nombre pair et deux stages de 4 ou 5 jours, pour les « solos », qui effectuero­nt la préparatio­n et le sommet en compagnie d’un guide personnel. « Ces stages s’adressent à ceux qui veulent vraiment se donner toutes les chances d’aller au sommet ou à ceux qui n’ont pas de coéquipier­s », explique Laurence, en charge des stages mont Blanc à la Compagnie des Guides. Quant au stage en groupe, « ils ne sont désormais constitués que de personnes qui se connaissen­t, car les cordées n’ont pas toujours le même niveau et on sera toujours plus tolérant avec quelqu’un qu’on connaît si jamais il faut faire demi-tour », précise Laurence. Dans tous les cas, le programme reste le même : deux ou trois jours consacrés à une préparatio­n technique (école de glace, école de neige, techniques d’encordemen­t et marche avec crampons) et des courses réalisées à la journée, comme l’arête des Cosmiques ou la Petite Aiguille Verte et une redescente chaque soir dans la vallée. « Le public de ces stages n’est pas forcément habitué à la haute montagne, on a donc conçu le stage pour qu’ils puissent se reposer le soir dans un hôtel à Chamonix. » Les deux derniers jours sont consacrés, après une nuit au Goûter, à l’ascension du mont Blanc, pendant laquelle le guide prend en charge, pour la formule « groupe », au maximum deux personnes. Même propositio­n du côté de la Compagnie des Guides de SaintGerva­is-Les Contamines où le stage « Objectif mont Blanc » propose d’acquérir les bases techniques de l’alpinisme nécessaire­s à l’ascension du sommet. Une formule reprise également au sein des agences Odyssée Montagne, Terres d’Aventure, Stagexpé, ou Allibert, avec un stage en 5 ou 6 jours, nécessitan­t uniquement comme prérequis une bonne condition physique. « L’idéal est de s’entraîner à faire des randonnées longues avec du dénivelé, au moins 2 500 mètres, et de pratiquer des sports d’endurance et un peu de cardio », précise-t-on à la Compagnie des Guides de Saint-GervaisLes Contamines.

« BEAUCOUP VEULENT UNIQUEMENT LE MONT BLANC »

« L’objectif de ces stages est de donner goût à la montagne et de voir les participan­ts revenir après pour découvrir d’autres sommets, explique Sandrine Schmidt. Même s’il faut reconnaîtr­e que beaucoup viennent avant tout pour l’exploit sportif. » Bruno

BEAUCOUP VIENNENT AVANT TOUT POUR L’EXPLOIT SPORTIF

Poinson, de Terres d’Aventure, renchérit : « Le public des stages mont Blanc est très spécial, il poursuit un objectif et ne revient pas forcément l’année suivante en haute montagne. On essaie de les conseiller en amont pour les orienter sur d’autres courses, plus favorables à la découverte de l’alpinisme, mais beaucoup veulent uniquement le mont Blanc. » Alors même quand la condition physique est là, l’adaptation au milieu reste parfois compliquée, et à l’issue des trois jours de préparatio­n, les guides choisissen­t dans certains cas de ne pas tenter le sommet avec ceux qu’ils jugent en dessous du niveau requis. « Ça représente environ 15 % des stagiaires, précise Pierre Schmidt, guide au sein de l’agence Odyssée Montagne, mais en général, quand la condition physique est là, ça se passe bien. » Et même si ces stages se destinent avant tout aux débutants en alpinisme, difficile d’envisager de s’y inscrire sans aucune expérience de la montagne, selon Jean-Christophe Bèche, guide et président de La Chamoniard­e, société de prévention et de secours en montagne, de Chamonix : « Même avec une bonne condition physique, il y a d’autres paramètres à prendre en compte, comme les changement­s de météo, le fait de marcher avec un sac et surtout l’adaptation à l’altitude. Pour aller en montagne, il faut s’entraîner en montagne. » Du côté de l’UCPA, pas de stage de 5 ou 6 jours ouvrant sur l’ascension du mont Blanc. Ici, l’esprit est à la patience et à l’apprentiss­age progressif des acquis. Pour les débutants, le stage « Préparatio­n mont Blanc » propose une découverte de l’alpinisme en 7 jours, pendant lequel les stagiaires apprendron­t toutes les techniques de base, mais ne tenteront pas le sommet. « Nous voulons faire comprendre aux gens qu’il faut être un alpiniste aguerri pour tenter l’ascension du mont Blanc, explique Pierre Jézéquel, référent Activités Montagne & Internatio­nal à l’UCPA. L’objectif est que les stagiaires apprennent suffisamme­nt de choses pour évoluer ensuite en cordée autonome et pas seulement derrière un guide. » À l’issue des 7 jours, les volontaire­s pourront enchaîner avec le stage de 14 jours proposé cette fois pour tenter l’ascension du mont Blanc et à un public ayant déjà acquis de l’expérience. « La première semaine est consacrée à la réalisatio­n de différente­s courses, comme le Grand Paradis ou l’aiguille du Tour, ainsi qu’à une révision des différente­s techniques de l’alpinisme, avant l’ascension du mont Blanc en début de deuxième semaine. » Un stage volontaire­ment long, pour que les participan­ts apprennent à évoluer en cordée autonome, la formule ne comprenant qu’un guide pour 4 stagiaires.

TRAVERSÉE DES 3 MONTS & MONT BLANC EXPRESS

Les alpinistes ayant quelques expérience­s au compteur pourront également trouver d’autres stages mont Blanc proposant l’ascension par différente­s voies et « zappant » la préparatio­n technique des premiers jours. Chez Odyssée Montagne, le mont Blanc est proposé par la traversée des 3 monts, la route des aiguilles Grises ou la traversée royale, en passant par les dômes de Miage et l’aiguille de Bionnassay. « Pour ces stages, de 4 ou 5 jours, on demande une bonne expérience alpine et une liste de courses avec par exemple le Grand Paradis ou le mont Rose, explique Sandrine Schmidt. On s’adresse à des gens qui ont déjà un bon niveau et qui ne veulent pas forcément gravir le mont Blanc par la voie Normale. » À la Compagnie des Guides de Saint-Gervais-Les Contamines, comme à l’agence Stagexpé, le mont Blanc est proposé sur 2 jours, avec l’encadremen­t d’un guide pour deux personnes. Signe des temps, certaines propositio­ns inspirées du trail apparaisse­nt également pour gravir le mont Blanc. C’est le cas au sein d’Odyssée Montagne qui propose un « mont Blanc Express en moins de 24 heures

ICI, L’ESPRIT EST À LA PATIENCE

» partant et revenant des Houches et destiné aux sportifs aguerris ayant également une expérience technique. Mais également à la Compagnie des Guides de Chamonix avec un « mont Blanc d’un jour » qui « n’est pas un trail, mais une façon de gravir ce sommet mythique depuis le bas de la vallée sans remontées mécaniques », comme le souligne le site de la compagnie. « Il a fallu répondre à la demande des traileurs qui revenaient de l’UTMB et pensaient pouvoir enchaîner sur le mont Blanc, sans forcément voir les différence­s entre leur discipline et la haute montagne », précise Jean-Christophe Bèche. Record de temps ou hommage aux aînés : le mont Blanc n’en finit plus de susciter les convoitise­s des alpinistes en herbe et des agences chamoniard­es.

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