Montagnes

POURQUOI LE MONT BLANC ? ET POURQUOI PAS ?

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Il est de bon ton chez certains alpinistes de dénigrer l’ascension du mont Blanc. C’est nul. Trop de monde donc trop de risques, trop de folklore, trop facile, trop de commerce. Et aussi pas assez de plein d’autres choses. De prestige notamment. Souvent, ils le déclament après quatre cinq réussites et autant de selfies au sommet prestement postés sur les forums. Sans doute le délai de réflexion. Ou sans y être jamais allés. Sans doute les troubles de l’imaginatio­n. On a bien sûr le droit (et le devoir) de se construire un avis, de l’exprimer et même d’en changer, mais cette prescripti­on absolue du beau, du bon et de l’intéressan­t nous lasse un peu les oreilles. Ce ne serait pas ça le Mal aigu des montagnes, un gros oedème à la tête?

VERSANT SUD ITALIEN: LA VOIE DU PAPE

Amateurs de quiétude et d’ambiance italienne (équation à première vue insoluble) cet itinéraire – nommé aussi voie des aiguilles Grises bien que n’y passant pas – est fait pour vous. Le mont Blanc existe dans sa version sauvage et non mécanisée qui plus est, sans accroître la difficulté technique de l’entreprise. Lorsqu’au col du Dôme, vous retrouvere­z les foules « françaises » le sentiment du bon choix viendra décupler le plaisir du sommet. Départ : cantine de la Visaille (1 700 m, Val Vény). Départ de la mécanique humaine : idem. Engagement/Difficulté : II, PD. Dénivelée : J1 (+1 371 m) ; J2 (+1 739 m). Horaires : J1 (5 h) ; J2 (entre 10 h et 15 h). Refuge : Gonella (3 071 m). Itinéraire (montée) :

J1. Du parking, remonter la route jusqu’au lac de Combal. Avant le pont (traversant la Doire) prendre la piste à droite vers le lac du Miage. Par le sentier derrière le bar, suivre la moraine (marquage) jusqu’au glacier du Miage (pierreux). Le remonter par son milieu jusqu’à 2 600 m (jonction des glaciers de Bionnassay italien et du Dôme). Repérer et emprunter le sentier (équipé) sur le flanc ouest des aiguilles Grises pour atteindre le grand névé en rive droite du glacier du Dôme que l’on remonte en diagonale jusqu’à l’éperon rocheux qui porte le refuge. Gravir ce ressaut et atteindre le refuge.

J2. Du refuge, traverser vers le nord (névés, rochers, passages raides) pour gagner le glacier du Dôme. Passage à repérer la veille. Remonter le glacier rive droite puis en son centre. Remonter la pente comprise entre à main gauche la Tour, le col des aiguilles Grises et à main droite, un contrefort rocheux issu du dôme du Goûter. Rejoindre le col des aiguilles Grises (pente plus raide, 3 810 m). Gagner le Piton des Italiens (4 002 m) puis l’arête de Bionnassay vers l’est. Laisser le sommet du dôme du Goûter à gauche pour rejoindre le col du Dôme et l’abri Vallot où l’on retrouve la voie « normale » du Goûter. Descente : voir en fin de cahier pratique.

Remarques : si vous faites le choix d’une descente versant France, cela imposera une logistique voiture et un retour côté Courmayeur, contrainte très vite digérée devant les menus d’antipasti, pizzas et autres polenta allavaldos­tana. Un peu d’histoire et de culture alpine pour briller au refuge : le Pape en question, Achille Rati devenu Pie XI, était alpiniste expériment­é (mont Rose, Cervin, mont Blanc…). C’est à la descente qu’il avait emprunté cet itinéraire qui portera son nom.

LA TRAVERSÉE ROYALE : MIAGE – BIONNASSAY – MONT BLANC

Inciter et inviter à la voie royale (la vraie) les apprentis summiters pourra paraître un poil audacieux voire insensé. Mais n’oublions pas que

nos alpinistes en formation peuvent s’entourer du guide comme devenir expériment­és à force de progrès et d’autonomie. Cet itinéraire d’ampleur, varié et magnifique, validera alors leur évolution technique, leur capacité à s’engager davantage. Départ : Les Contamines-Montjoie. Parking du Cugnon (1 100 m). Départ de la mécanique humaine : idem. Engagement/Difficulté : III, D. Dénivelée : J1 (+1 405 m) ; J2 (+1 300 m/-527 m) ; J3 (+1 600 m). Horaires : J1 (4h à 5 h) ; J2 (entre 6 h et 8 h) ; J3 (une quinzaine d’heures). Refuges : des Conscrits (2 580m) et Durier (3 358m). Itinéraire (montée) :

J1. Du Cugnon, suivre le sentier « refuge de Tré-laTête ». Après le refuge, en direction du glacier de Tré-la-Tête (marquage bleu) venir buter sur un bastion rocheux que l’on gravit (équipé) jusqu’à une passerelle suspendue après laquelle on retrouve l’autre itinéraire, « l’ancien » ou le classique, c’est selon, passant par le Mauvais Pas et les échelles de Tré-la-Grande.

J2. Du refuge des Conscrits, monter au nord en direction de la pointe des Conscrits puis suivre une arête sur la gauche vers l’aiguille de la Bérangère (3 348 m). Descendre au col de la Bérangère puis traverser les cinq dômes de Miage. Après le dernier dôme (3 672 m) débuter la descente vers Durier : contourner un sommet rocheux bifide par la droite, descendre un ressaut raide et délicat, longer l’arête (délicat) pour rejoindre le col de Miage et le refuge Durier.

J3. Du refuge, remonter les pentes de neige jusqu’à un replat. De celui-ci, remonter vers une première puis une seconde antécime (rocheuse). Suit une arête neigeuse venant buter contre le ressaut rocheux de l’aiguille de Bionnassay. Gravir ce ressaut (IV, feuillets, vires, cheminée) puis suivre l’arête neigeuse conduisant au sommet de l’aiguille. Descendre l’arête (est), contourner une corniche par la droite, descendre l’arête effilée jusqu’au col de Bionnassay (3 888 m). Remonter au Piton des Italiens, suivre l’arête pour laisser le sommet du Dôme du Goûter à main gauche et rejoindre le col du Dôme, l’arête des Bosses et le sommet ! Descente : voir en fin de cahier pratique.

Remarques : l’accès au refuge Durier peut s’envisager par le refuge Plan Glacier (depuis le hameau de la Gruvaz). On gagne un jour, on perd la traversée des Miage.

LES DIFFÉRENTE­S DESCENTES DEPUIS LE SOMMET

Selon les conditions de neige, l’évolution de la météo, l’état de fatigue, la logistique voiture… plusieurs itinéraire­s de descente sont envisageab­les depuis le sommet du mont Blanc. La descente sera quoi qu’il en soit longue, fatigante, souvent plus technique que la montée et réclamera vigilance et regain d’énergie.

Par le Goûter vers le Nid d’Aigle : c’est l’itinéraire en sens inverse. Descendre l’arête ouest/nord-ouest, passer au pied de l’abri Vallot puis la pente soutenue en direction du col du Dôme, à main gauche. Descendre la face nord-ouest du dôme du Goûter, longer la crête neigeuse et sommitale de l’aiguille du Goûter. Descendre (désescalad­e délicate) l’éperon en bordure du couloir sur environ 500m puis traverser le Grand Couloir. Glacier de Tête rousse puis Nid d’Aigle (dernier train 17 h ou 19 h selon calendrier).

Par les trois monts vers l’aiguille du Midi : idem, sens inverse. Du sommet, descendre nord vers le Mur de la Côte puis le col de la Brenva. Remonter (!) au col du mont Maudit par ses pentes ouest. Prendre pied dans la face nord du Maudit (rappels) puis en diagonale droite, sous les séracs rive droite pour atteindre le col Maudit. Remonter nord-ouest à l’épaule du Tacul. Descendre versant nord les pentes du mont Blanc du Tacul jusqu’au col du Midi, longer la face sud de l’aiguille du Midi puis remonter au téléphériq­ue (dernière montée harassante… Pour soulager cet ultime effort, pensez aux anciens qui devaient descendre la vallée Blanche). Par les Grands Mulets vers le Plan de l’Aiguille : possibilit­é au niveau du col du Dôme (env 4 240m) de descendre par les Grands et Petits Plateaux sur le refuge des Grands Mulets puis le Plan de l’Aiguille. À n’entreprend­re qu’en connaissan­ce des conditions. Possibilit­é du col de la Brenva, vers l’ouest, de rejoindre le Grand Plateau (et l’itinéraire des Grands Mulets) par le Corridor en contournan­t par la droite la zone de séracs.

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© Cédric Sapin-Defour Derniers mètres avant le sommet, aux allures d’autoroute cette fois.

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