Montagnes

TRÈS GRANDS MULETS

- Texte & photo Ulysse Lefebvre

Le voyez-vous ce bateau échoué sur l’étrave d’un rocher, à 3 051 m ? Perché entre deux mondes, de glace et de roche, à la jonction de deux superpuiss­ances, Bossons et Taconnaz, le refuge des Grands Mulets reste un monument aussi historique qu’atypique. Très fréquenté en avril par des skieurs de printemps avides de mont Blanc, son gardien, Ludovic Moucherot, rappelle que les meilleures conditions se situent début juin, lorsque l’itinéraire de montée au toit des Alpes peut se faire par l’arête nord du Goûter alors débarrassé­e de sa glace vive, et plus sûre que la voie classique. Ludovic insiste aussi sur le fait que le refuge est également une étape vers autre chose avec notamment le rocher Pitschner (3 266 m), course d’initiation parfaite, avec glace et neige peu raides, et un environnem­ent glaciaire incroyable et sûr, les séracs étant bien plus loin et décalés. À propos de sécurité, la réputation du refuge, ou plutôt son accès, a pâti de trois accidents majeurs. Pourtant, aujourd’hui le passage reste praticable dans un niveau de risque acceptable. Quant à la jonction elle-même, zone tourmentée où les deux glaciers se rejoignent, il faut savoir que Ludovic réalise un gros travail de balisage et de sécurisati­on (cordes fixes, marches). Enfin, si la formidable bibliothèq­ue du refuge ne vous suffit pas pour occuper le temps passé là-haut, demandez à Ludovic de vous raconter l’histoire de la première ascension du mont Blanc. Du doigt il vous pointera une foule de repères et lieux chargés d’histoire, à commencer par le refuge luimême. Passer aux Grands Mulets, c’est une rencontre avec un personnage singulier (son gardien) dans un environnem­ent grandiose, loin des foules. Comment ça on insiste ?

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