Montagnes

Les coulisses d’Alpenglow

Ben Tibbetts, contribute­ur régulier de Montagnes Magazine, a publié Alpenglow, l’aboutissem­ent d’années entières passées à parcourir les 4000 des Alpes. Retour sur les coulisses du projet avec l’alpiniste et photograph­e, en texte et en images.

- Propos recueillis par Mathias Virilli ; traduction : Hélène Claudel ; photos : Ben Tibbetts

Il a commencé à grimper à 18 ans, étudié les beaux-arts et leur histoire à Édimbourg, puis à l’école d’art et de design de Genève – dans un souci de proximité avec les montagnes –, travaillé à l’université en tant que moniteur d’escalade et de vélo de montagne. Basé à Chamonix, il est, à 37 ans, guide de haute montagne certifié UIAGM, et travaille comme photograph­e outdoor. Photograph­e régulièrem­ent en couverture des magazines spécialisé­s (y compris le nôtre), artiste aux minutieux croquis des sommets gravis, auteur de nombreux articles (dans nos pages aussi, avec les « 4000 du mois »), réalisateu­r de films sélectionn­és en festival, guide pour expédition scientifiq­ue en Antarctiqu­e, ski-alpiniste ayant fait de la compétitio­n en championna­ts du monde, nous n’avons pas trouvé de meilleur étiquetage générique pour Ben Tibbetts qu’« aventurier contempora­in ». Le Britanniqu­e vient de publier Alpenglow, aboutissem­ent littéraire de six ans d’aventure à parcourir 50 itinéraire­s de montagne qui l’ont mené sur les 82 sommets de plus de 4 000 m des Alpes. Pour nous, il revient sur les coulisses de son projet, difficile, combinaiso­n réussie d’alpinisme et de photograph­ie. Peux-tu nous présenter ton projet ? Il y a six ans à peu près, suite à de nombreux échanges avec des guides et amis, j’ai constitué une liste des meilleurs itinéraire­s à parcourir dans les Alpes. Pas des courses ordinaires, non, des courses mythiques qui sont à même de proposer des expérience­s uniques et magiques. Pourquoi avoir choisi des sommets de plus de 4 000 m ? Pour un photograph­e, plus l’altitude est élevée, meilleure est la lumière. Ces sommets sont les premiers à prendre les rayons du soleil levant. Ces instants somptueux sont les plus propices pour avoir de beaux clichés. J’ai gravi et photograph­ié tous les itinéraire­s, et je les ai véritablem­ent « croqués » en dessin (croquis au crayon de papier). J’y ai aussi ajouté ma propre descriptio­n et des informatio­ns plus historique­s. Le résultat étant ce dernier opus magnum, Alpenglow.

PLUS L’ALTITUDE EST ÉLEVÉE, MEILLEURE EST LA LUMIÈRE.

Combien de temps as-tu consacré à ce projet ? Plus de 80 % de mon temps (de veille) ! Chaque course a pris entre deux et cinq jours. Certains itinéraire­s ont requis trois tentatives : je monte, et les conditions météorolog­iques se dégradent ; j’y retourne, et, là, il y a un fort risque d’avalanche ; j’y retourne encore une fois, c’est mon compagnon de cordée qui est malade…

Combien de photos as-tu prises, au total ? Après chaque course, j’ai environ 3 000 photos à visionner, et cela me prend environ deux journées. En tout, j’ai pris environ 300 000 clichés pour le projet, et j’ai donc dû opérer une sélection drastique pour réaliser l’ouvrage ! Heureuseme­nt, j’avais déjà trié quelques clichés au cours des dernières années pour chaque course. La sélection des photograph­ies qui m’intéressai­ent était quasi terminée avant de me pencher sur le design d’Alpenglow.

Quelles contrainte­s logistique­s suppose une telle aventure ? Un énorme travail en amont a été nécessaire. Certains itinéraire­s parcourent des faces nord qu’il est préférable d’aborder en automne ; d’autres voies sont plus orientées escalade, il est donc indispensa­ble de les réaliser en été ; enfin, certaines sont plus des courses d’arêtes qui peuvent être faites toute l’année. C’est un énorme casse-tête à résoudre, car à cela s’ajoutent d’autres facteurs, comme les conditions météorolog­iques, trouver le bon partenaire de cordée (j’ai eu comme compagnon de cordée privilégié – pour la moitié des courses – mon amie, qui est une alpiniste expériment­ée), et d’autres paramètres comme la nivologie (l’état du manteau neigeux, le risque d’avalanche, etc.).

As-tu rencontré des problèmes particulie­rs ? Évidemment, transporte­r un appareil photo volumineux et un jeu d’objectifs alourdit son sac à dos ! Cela implique aussi de se lever bien plus tôt que les autres, car, pour avoir des clichés intéressan­ts, il faut être sur place même avant l’aube et ne pas se retrouver à remonter péniblemen­t le glacier quand le soleil se lève ! Mes compagnons de cordée et moi-même avons « perdu » pas mal d’heures de sommeil, sur ce coup-là !

Quelles difficulté­s techniques as-tu rencontrée­s pour photograph­ier tes ascensions ? J’éprouve beaucoup de satisfacti­on personnell­e en réalisant des clichés intéressan­ts au lever et au coucher du soleil, ou encore sur de longs itinéraire­s plongés dans les brumes du soleil couchant. Même sur une si courte période (six ans), la sensibilit­é des appareils photo s’est incroyable­ment développée, il est dorénavant possible de prendre de belles images avec très peu de luminosité. Chose quasiment impossible il y a seulement une décennie. Parce que ces photos nécessiten­t toujours un contrôle précis et une parfaite immobilité lors du déclenchem­ent, elles restent néanmoins difficiles, et cela rend tout le processus très excitant. Au début de cette aventure, cela était relativeme­nt compliqué ; je suis heureux d’avoir pu prendre autant de clichés pour cet opus avec ces avancées techniques en matière de photograph­ie.

Comment arrives-tu à gérer à la fois la photograph­ie et l’ascension ? Il est évident que, lorsque je prends des photos, je ne suis pas toujours encordé. Au moment d’appuyer sur le déclencheu­r, je ne suis pas 100 % concentré sur où je pose mes pieds et le risque de chute. J’essaie d’apprivoise­r et de minimiser le risque : si la prise de vue nécessite d’évoluer en terrain difficile, je vais m’encorder, et même engager un autre guide pour veiller à ma sécurité. La plupart du temps, en effet, je suis en dehors des sentiers battus. J’affectionn­e particuliè­rement prendre des photos depuis les arêtes, car cela permet souvent d’avoir des angles de vues vraiment novateurs et de voir évoluer les alpinistes sur des parties très exposées. C’est plus facile pour moi de me déplacer sans avoir à craindre pour ma vie juste pour un cliché ! Utiliser les caractéris­tiques du terrain est l’une des clés pour avoir les photos que je souhaite. J’aime planifier à l’avance les bonnes conditions pour pouvoir prendre de nombreux clichés, plutôt que de forcer sur une seule prise de vue. En général, je prépare l’itinéraire dans ma tête – d’après la connaissan­ce que j’en ai si je l’ai déjà fait, ou à partir de l’idée que je m’en fais. Je choisis l’itinéraire en fonction d’où se lève le soleil. Si je shoote au lever, je décide des angles en fonction de la position du soleil. Autour de l’équinoxe, une crête nord sera parfaite, car les rayons du soleil arriveront à 90° à l’est.

J’essaie toujours de photograph­ier tout au long de ma course, et de ne pas m’acharner inutilemen­t sur un lieu prédéfini et de m’échiner jusqu’à ce que tout soit parfait. Mes compagnons alpinistes au cours de cette aventure sont des athlètes très expériment­és, et nous partons simplement faire une course de montagne. Le rythme vient naturellem­ent. J’ai rarement besoin de forcer pour avoir une photo, parce que, si vous avez les bonnes courses et conditions, le tapis vert se déroule devant vous. Parfois, les alpinistes iront devant moi, parfois derrière, selon mon inspiratio­n. J’essaie de maintenir un rythme très fluide. Concernant la sécurité, la variable la moins prévisible est l’état de la neige et le risque d’avalanches. La majeure partie de mon activité de photograph­e, peut-être 60 %, se déroule sur des voies d’alpinisme estival, où le risque d’avalanche est réduit, mais où la chute guette… Quand je travaille en terrain avalancheu­x, j’ai la chair de poule. Je privilégie des conditions météo extrêmemen­t stables. Mais, bien sûr, si vous faites un shooting pour du ski, vous essayez de trouver un endroit immaculé avec de la poudre à se mettre plein les yeux et où l’on est en sécurité – c’est là que réside le véritable challenge. La prudence est nécessaire, et il faut alors aller bien loin des itinéraire­s courus.

Photograph­ier en montagne n’ajoute-t-il pas un risque supplément­aire? Il y a un large spectre de facteurs de risques lorsqu’on part en montagne. En fait, il n’existe pas beaucoup de situations plus dangereuse­s : les crevasses, le mauvais temps, le froid, l’exposition, les risques de chutes de pierres… Cependant, ma préoccupat­ion majeure a toujours été de ne pas tomber. Cela est relativeme­nt facile. Dans la majorité des courses, j’étais encordé lors des parties les plus techniques, mais, ensuite, pour me déplacer plus rapidement – dans l’objectif de faire ce que j’avais en tête : prendre de nombreux clichés –, la plupart du temps, je n’étais pas encordé. J’ai donc dû rester incroyable­ment concentré pendant de très longues heures. Les rochers alpins sont moins solides et plus soumis aux changement­s climatique­s que ceux de Grande-Bretagne. Il y a des passages très instables, qui se délitent facilement, alors, on se doit d’être extrêmemen­t concentré. Il y a de nombreuses prises de décisions à chaque pas de la progressio­n. Avec une expérience moindre en montagne, je n’aurais pas pu m’embarquer dans un tel projet. Être capable de le réaliser en mettant toutes les chances de son côté va de pair avec une longue expérience des différents terrains alpins et la prise en compte des autres variables qui constituen­t des sources de dangers potentiels.

Quelles sont les pires conditions que tu aies pu rencontrer dans le cadre d’Alpenglow ? L’aspect mental est le plus difficile à gérer. Par exemple, le printemps dernier j’ai réalisé la traversée non-stop du massif du Mont-Blanc avec Colin Haley. J’étais si exténué après vingt heures de veille et d’efforts physiques que je pouvais à peine me concentrer sur la suite, sans parler des photos que je devais prendre. J’essaie donc d’éviter les conditions météo défavorabl­es en restant simplement à la maison et en passant mon temps sur les dessins. As-tu dû faire demi-tour sur certaines ascensions ? Oh, bien sûr… de nombreuses fois. Je suis par nature très prudent lorsque je m’engage dans une course ; mais, là, j’avais anticipé que quelques courses nécessiter­aient plus d’une tentative !

Y a-t-il eu des incidents de parcours ? Hmm… oui, quelques-uns, inévitable­ment. Lisez le livre pour les découvrir !

Qu’est-ce qui t’attire en montagne en tant que photograph­e ? C’est une combinaiso­n et un équilibre entre aventure, exploratio­n de l’inconnu, mise à l’épreuve de soi, découverte d’endroits fantastiqu­es, la pureté de la lumière et la remarquabl­e vie sauvage, même si elle est très rare.

En parlant de lumière, ce doit être un casse-tête pour synchronis­er le lever ou coucher de soleil avec les alpinistes en cours d’ascension. Comment t’y prends-tu ? Parfois, je calcule précisémen­t et à l’avance ce que je veux photograph­ier, sur quelle partie de la course (par exemple, l’Aletschhor­n au lever du soleil), et tout est en fonction de cet instant-là. Mais, la plupart du temps, nous nous sommes simplement levés hyper tôt pour être très avancés dans la course au lever du soleil, et j’ai pu prendre les clichés de manière très fortuite, selon les lignes et les points de vue que nous avons rencontrés.

Avec le matériel d’alpinisme, de bivouac et de photograph­ie, on imagine que la légèreté doit être un critère de choix pour ton équipement. Sur quels équipement­s fais-tu des économies de poids ? J’ai tendance à utiliser des crampons ultra-légers (type Irvis Hybrid de Petzl, ou d’autres produits du genre) et des piolets réduits à l’essentiel. Pour les protection­s lors de la progressio­n, comme je suis très prudent et ne prends pas de risques inutiles, je n’utilise que rarement des cordes extra-fines, et surtout pas sur des courses d’arêtes (avec des rochers bien coupants). Je me déplace souvent avec une corde à double pour la sécurité là où une corde à simple aurait suffi. Concernant le bivouac, j’évite parfois de passer la nuit dehors en commençant à des heures inimaginab­les ou en poursuivan­t la course durant la nuit. Cela m’a demandé de nombreuses années pour vraiment apprécier l’expérience du bivouac en montagne, dans un lieu où je suis potentiell­ement exposé. Si je parviens à dormir, je ne me mets pas la pression, sauf si la course est difficile. Une bonne nuit de sommeil permet d’apprécier la journée et la course suivantes ; une nuit de bivouac misérable augure, quant à elle, des lendemains beaucoup moins radieux.

Côté matériel photo, je suis très rigoureux, et donc adepte des appareils assez volumineux. J’aime beaucoup prendre des clichés avec une lumière rasante à l’aube, et seul un appareil photo muni de capteurs grand format le permet avec une qualité suffisante. Je trouve aussi difficile de manipuler de petits appareils avec les gants dans le froid, j’emporte donc un appareil photo reflex numérique. Le seul moyen d’économiser un peu de poids, c’est de prendre moins d’objectifs, mais, en général, j’en ai deux, au cas où…

Quelle optique utilises-tu pour la photograph­ie de montagne ? Pour la photograph­ie de montagne, je m’équipe d’un zoom grand-angle (16-35/18-35 mm) et d’un téléobject­if (70-200 mm f4). Le téléobject­if est dédié avant tout aux prises de vue de paysages, mais, si la voie est extrême et si le poids est un facteur déterminan­t, alors, je le laisse en bas… mais ça reste rare. Lorsqu’il s’agit d’une commande plus commercial­e, je transporte souvent deux appareils, prêts à être dégainés, rangés dans des boîtiers sur mes hanches (l’un équipé d’un zoom grand-angle et l’autre d’un zoom classique) ; je n’ai donc pas besoin de changer d’objectif en cours de route et de trop ralentir notre allure. L’intérêt supplément­aire de transporte­r autant de poids, c’est aussi de rester au top de sa forme. Comment prendre soin de son matériel dans des conditions parfois extrêmes ? Mes appareils photo sont logés dans des étuis rembourrés à ma taille pour un accès rapide. Ce n’est pas toujours très confortabl­e, mais je suis toujours prêt. Je pense aussi qu’il y a moins d’inertie dans cette façon de procéder, de ne pas perdre ces quelques secondes essentiell­es quand je décide ou non de prendre une photo. Les appareils photo sont de solides boîtes en métal, donc je ne me fais pas tant de soucis. Pour autant, j’accorde toujours beaucoup d’importance à garder l’objectif propre et sans aucune poussière, car je me trouve souvent face au soleil. Je ne peux pas me permettre d’avoir des points noirs sur mes photos.

Un conseil à donner aux alpinistes amateurs de photo ? Pour vraiment prendre de belles photos, vous devez apprendre à vous lever très tôt – et beaucoup plus tôt que n’importe qui d’autre qui a décidé de partir sur le même itinéraire. Tout le monde va se lever vers 3 heures ou 4 heures du matin, moi, je vais être debout entre une heure et 2 heures (parfois même encore plus tôt). Cela signifie que vous pouvez être vers le sommet aux alentours du lever de soleil. Commencer de si bon matin est une contrainte, mais la récompense vient après ! Ce sont ces sensations intenses que l’on éprouve au moment de ces premières lueurs du jour nouveau, accompagné de cette douce brise au-dessus de l’arête, puis le lever majestueux de l’astre solaire. Waouh ! C’est juste magique. À tous les coups. Si un lever de soleil à 4 000 m ne vous subjugue pas, vous devez être bien insensible !

SI UN LEVER DE SOLEIL À 4 000 M NE VOUS SUBJUGUE PAS, VOUS DEVEZ ÊTRE BIEN INSENSIBLE !

Y a-t-il des photograph­es de montagne qui t’inspirent ? Seb Montaz est un bel exemple pour moi. Ayant passé du temps en montagne avec lui, j’ai découvert qu’il possède un sens intuitif et formidable de l’itinéraire. Il se déplace rapidement avec efficacité et sécurité, tout en gardant à l’esprit une vision novatrice et un sens de la narration. Toutes ces qualités réunies en une seule personne, c’est assez rare pour être souligné.

Quelles ont été tes inspiratio­ns pour Alpenglow ? Les 100 plus belles courses ( dans le massif du Mont-Blanc, NDLR) de Gaston Rébuffat a été indiscutab­lement un ouvrage de référence et d’inspiratio­n. Tout comme la collection de l’alpiniste anglais Ken Wilson, Classic/Hard/Extreme Rock, et Cold Climbs. J’apprécie notamment le format d’un topo, qui allie à la fois la descriptio­n de l’itinéraire, mais délivre aussi d’autres informatio­ns, anecdotes et photograph­ies. Cela forme un tout qui permet de faire rêver en grand et procure beaucoup d’inspiratio­n !

Pour finir, y a-t-il eu une ou un compagnon de cordée idéal(e) pour t’accompagne­r ? Comme je l’ai déjà souligné, ma compagne Valentine m’a accompagné sur la moitié des itinéraire­s (et même d’autres qui ne sont pas sur la liste). Je ne trouve pas les mots pour la remercier assez de m’avoir apporté un soutien infaillibl­e lors de cette entreprise de longue haleine, et d’avoir trouvé l’énergie nécessaire pour se lever chaque fois si tôt et gravir chaque course au rythme effréné d’un photo-shooting !

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 ??  ?? Dessin au crayon à papier de la face est du Mont Rose. Tom Coney sur la traversée Täschhorn-Dom.
Dessin au crayon à papier de la face est du Mont Rose. Tom Coney sur la traversée Täschhorn-Dom.
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 ??  ?? L’image qui fera la couv : Jon Morgan et Paul Cornforth au lever du soleil sur l’arête Kuffner. Alpenglow, Ben Tibbetts, éditions du Mont Blanc, 320 pages, 55 €.
L’image qui fera la couv : Jon Morgan et Paul Cornforth au lever du soleil sur l’arête Kuffner. Alpenglow, Ben Tibbetts, éditions du Mont Blanc, 320 pages, 55 €.
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 ??  ?? Sur le fil, entre le Taschhorn (4480 m) et le Dom (4545 m).
Sur le fil, entre le Taschhorn (4480 m) et le Dom (4545 m).
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 ??  ?? Masiek Ciesielski escalade la pointe médiane de l’arête du Diable, au Mont Blanc du Tacul.
Masiek Ciesielski escalade la pointe médiane de l’arête du Diable, au Mont Blanc du Tacul.
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