Montagnes

EXPÉS AU NÉPAL

PREMIER 7 000

- Texte et photos: Paulo Grobel

Fin avril dernier, nos lecteurs partaient pour une expédition à l’Himlung Himal (7 126 m), sommet népalais idéal pour découvrir la haute altitude. Une belle aventure himalayenn­e organisée par Expedition­s Unlimited et guidée d’une main de maître par Paulo Grobel. Le chef d’expédition revient sur les deux jours qui ont mené quatre des neuf participan­ts au sommet, et deux autres sur celui voisin du Anna Peak.

Le plus souvent, les groupes qui envisagent de gravir l’Himlung Himal ne se préoccupen­t que de l’Himlung. Et c’est bien dommage, car ils en oublient les autres sommets accessible­s depuis le camp 3 qui permettrai­ent de valoriser, d’optimiser, le temps passé en altitude en réussissan­t d’autres sommets, tout en s’adaptant, si nécessaire, au niveau des alpinistes ou aux conditions de la montagne.

Concrèteme­nt, s’il y a trop de vent ou trop de neige en altitude vers 7000 m, à l’étage inférieur, une ascension est peut-être possible. Pour cela, les sommets du Karma Himal ou du Anna Himal sont idéaux. Pourtant, tout le monde reste bloqué sur la logique administra­tive du permis et d’un sommet unique. Pour notre groupe, particuliè­rement hétérogène tant par l’expérience alpinistiq­ue que par le niveau physique, ces sommets ont constitué d’honorables objectifs de substituti­on. Sans parler du Gyarbu Himal à proximité du Lung-La, qui n’a pas encore été gravi! À l’arrivée au camp 3, nous nous sommes donc organisés pour proposer à chacun la meilleure expérience possible, avec le court créneau météo disponible. Le groupe des alpinistes les plus compétents et en forme est parti vers le sommet de l’Himlung en cordées de deux avec un Népalais. Dès le lendemain, François a constitué une cordée avec Frédérique pour gravir l’Anna Peak. Cécile et Olivier sont restés au camp pour se reposer, tandis qu’avec Bernard nous avions prévu de monter au Lung-La pour faire la trace vers le Gyarbu Himal pour les autres le lendemain, et, pour nous, envisager le sommet de l’Himlung depuis un camp 4. Il a fait très beau ce 9 mai, sans développem­ent de cumulus l’après-midi, mais avec un vent soutenu en altitude entre 50 km/h et 60 km/h. Toute l’équipe des summiters est partie vers 3 h 30 du matin depuis le camp 3. Luc et Sonam sont arrivés au sommet vers 9 h 20 et étaient de retour au camp 3 à 12 h 30, Nicolas et Dipeen, à 9 h 30 et 12 heures, Jean-Paul et Karma à 10 h 30 et 15 heures, Fiona et Dhan à 11 heures et 14 heures En restant tous entre 10 minutes et 20 minutes au sommet.

François et Frédérique ont gravi l’Anna Peak. Avec Bernard, Dorje et Anil, nous avons malheureus­ement fait demi-tour vers 6 600 m. Pour se rendre compte de la réalité de la situation, il faut savoir qu’une autre équipe était avec nous au camp 3 : deux alpinistes néerlandai­s avec deux guides népalais. Ils sont partis deux heures avant notre équipe et étaient de retour vers 19 heures Exténués et atteints de gelures, ils seront évacués par hélicoptèr­e directemen­t depuis le camp 3 le lendemain matin. De notre côté, Nicolas et Luc iront au Karma Himal. Olivier, Nicolas, Cécile et moi ferons une tentative vers l’Anna Himal. Puis toute l’équipe descendra au camp 1. Avec Fiona, nous resterons au camp 2, car elle voulait décoller en parapente le lendemain matin, mais le froid et un vent trop fort nous obligent à descendre à pied. Et tout le monde se retrouve au camp de base le 11 mai.

TOUTE L’ÉQUIPE DES SUMMITERS EST PARTIE VERS 3 H 30 DEPUIS LE CAMP 3.

Mais le voyage n’est pas terminé… Après une matinée pour ranger les affaires, certains repartent vers Phu. De nouveau, l’objectif est de s’adapter le mieux possible aux envies de chacun avec un programme de retour « à la carte ». Les mules n’arrivent que dans deux jours, et il serait dommage de simplement les attendre au camp de base. Mais, pour cela, il faut repenser toute l’organisati­on et accepter de se séparer en plusieurs petits groupes. Jean-Paul et Luc ont envie de se poser deux une dernière rando vers un sommet. Fiona, Nico et Bernard veulent traverser les cols vers Naar et rejoindre Ngawal par le Kang La. Ils partiront avec Dhan, Karma et Sonam, car il y a une nuit en tente et trois en lodge.

Avec le reste du groupe, Dorje et moi descendron­s à Phu le lendemain, pour rentrer ensuite avec toute l’équipe de cuisine et les mules. Puis nous nous retrouvero­ns tous à Koto à notre lodge habituel pour terminer le voyage ensemble. Le retour en jeep, puis en bus, sera particu de Koto, et arrivée à 21 h 30 à Boudhanath à l’hôtel… Il nous reste deux jours pour

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 ??  ?? Ci-contre : la cordée japonaise de Yashuhiro Hanatani & Koji Shiogai, en technique alpine sur le sommet sans nom de l’arête sud-ouest de l’Himjung, un très beau sommet de 7 000 m proche de l’Himlung mais très peu gravi. Une pente qui semble idéale pour une descente à ski… Un autre beau projet.
Page de gauche : le French Camp et le Gyaji Kang. Ce camp est situé juste en face du Kari Kobler Base Camp, à moins de deux heures de marche en traversant le glacier noir de Pangri. Il permet d’éviter des allers-retours sur le glacier et surtout la deuxième moraine présente des risques de chute de pierres. Ce camp facilite également le travail de l’équipe de cuisine, avec de l’eau à proximité. Par contre, son installati­on nécessite un vrai effort financier !
Ci-contre : la cordée japonaise de Yashuhiro Hanatani & Koji Shiogai, en technique alpine sur le sommet sans nom de l’arête sud-ouest de l’Himjung, un très beau sommet de 7 000 m proche de l’Himlung mais très peu gravi. Une pente qui semble idéale pour une descente à ski… Un autre beau projet. Page de gauche : le French Camp et le Gyaji Kang. Ce camp est situé juste en face du Kari Kobler Base Camp, à moins de deux heures de marche en traversant le glacier noir de Pangri. Il permet d’éviter des allers-retours sur le glacier et surtout la deuxième moraine présente des risques de chute de pierres. Ce camp facilite également le travail de l’équipe de cuisine, avec de l’eau à proximité. Par contre, son installati­on nécessite un vrai effort financier !
 ??  ?? Ci-dessous : cette vue du village de Phu avait fait une couverture de Trek magazine. En comparant attentivem­ent les deux photos, on peut se rendre compte de l’évolution du village en moins de 10 ans. Les habitants ont déserté les maisons fortifiées au sommet du piton rocheux, devenues insalubres et ébranlées par le tremblemen­t de terre de 2015, pour en construire d’autres, principale­ment des lodges, en utilisant les champs plats et cultivable­s en contrebas. Une évolution irréversib­le qui se mesure également par l’abandon des cultures au-dessus du village.
Ci-dessous : cette vue du village de Phu avait fait une couverture de Trek magazine. En comparant attentivem­ent les deux photos, on peut se rendre compte de l’évolution du village en moins de 10 ans. Les habitants ont déserté les maisons fortifiées au sommet du piton rocheux, devenues insalubres et ébranlées par le tremblemen­t de terre de 2015, pour en construire d’autres, principale­ment des lodges, en utilisant les champs plats et cultivable­s en contrebas. Une évolution irréversib­le qui se mesure également par l’abandon des cultures au-dessus du village.
 ??  ?? Ci-contre : la montée au Camp 2 se déroule sur de larges replats glaciaires d’une grande beauté et sans trop de risques objectifs. Les séracs sont suffisamme­nt éloignés. C’est tout l’intérêt de cette voie normale, qui a remplacé l’ancien itinéraire. C’est une belle trouvaille de l’équipe de Kari Kobler et dont l’histoire est peu connue.
Ci-contre : la montée au Camp 2 se déroule sur de larges replats glaciaires d’une grande beauté et sans trop de risques objectifs. Les séracs sont suffisamme­nt éloignés. C’est tout l’intérêt de cette voie normale, qui a remplacé l’ancien itinéraire. C’est une belle trouvaille de l’équipe de Kari Kobler et dont l’histoire est peu connue.
 ??  ?? Cette belle arête nord de l’Himlung a été parcourue une seule fois, à la descente, par une cordée de jeunes alpinistes (l’Allemand Sebastien Fuchs et les Autrichien­s Vitus Auer, le frère d’Hansjörg, et Stefan Larcher). Une très belle réalisatio­n qui est passée relativeme­nt inaperçue et qui exprime tout le potentiel des ascensions possibles dans la vallée de Phu. À la montée, cette arête devrait être la voie normale, depuis le camp 3 de l’Himlung et un camp à proximité du Gyorbu Himal.
Cette belle arête nord de l’Himlung a été parcourue une seule fois, à la descente, par une cordée de jeunes alpinistes (l’Allemand Sebastien Fuchs et les Autrichien­s Vitus Auer, le frère d’Hansjörg, et Stefan Larcher). Une très belle réalisatio­n qui est passée relativeme­nt inaperçue et qui exprime tout le potentiel des ascensions possibles dans la vallée de Phu. À la montée, cette arête devrait être la voie normale, depuis le camp 3 de l’Himlung et un camp à proximité du Gyorbu Himal.
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