LES GRANDES COURSES POURQUOI PAS VOUS ?
Dans une « carrière » de ski-alpiniste, la participation à une grande course est un sésame qu’on se doit de décrocher tôt ou tard. « Si tu n’as pas fait la Pierre à 50 ans, tu as loupé ta vie », disait le poète. Bon, lui il était certainement d’Arêches… N
COMMENT S’Y PRÉPARER ?
On ne s’improvise pas Pierra-Mentiste d’une année sur l’autre lorsqu’on est normalement constitué.
Je ne parle pas ici de Kilian ou Laetitia pour qui la procédure est plus rapide, mais plutôt du commun des mortels qui, comme moi, a rêvé depuis longtemps de fouler les cimes du Grand Mont à bout de moments inoubliables en communion avec son coéquipier.
Préparer une grande course, c’est d’abord choisir, avec son équipier, en début de saison, une échéance pour mars ou avril. C’est ensuite se tenir à un entrainement régulier et assidu pour arriver préparé et serein sur la ligne de départ. Il s’agit d’accumuler du volume pour améliorer l’endurance tout en développant la vitesse pour assurer les minima des barrières horaires avec des séances judicieusement calées pour ne pas se cramer complètement. Le summum de la préparation consistant à se présenter au fameux rendez-vous au moment du « pic de forme »… L’exercice est exigeant, très personnel, et pour corser le tout, il faut aussi s’assurer de monter en puissance de la manière la plus homogène possible avec son coéquipier.
Pour gérer toutes ces contraintes, les courses des circuits FFME et FFCAM sont à mon sens la meilleure façon de se préparer car elles permettent, semaine après semaine, de rythmer la cadence de la préparation, et de se tester régulièrement pour voir où on se situe, et si besoin (et il y a toujours besoin), de se rassurer. saison, un entraînement assidu en équipe, et un focus sur l’objectif sont des critères nécessaires pour mener à bien un tel projet.
POURQUOI FAIRE CE TYPE DE COURSE ? On pourrait se demander quel bonheur ou quelle satisfaction on peut éprouver à va boucler en deux fois plus de temps que les élites (quand tout va bien) et pour laquelle on n’a aucune ambition de classe
Pour tout skieur alpiniste qui se respecte, la première semaine de mars sonne comme le moment fort de la saison : c’est la mythique Pierra Menta qui démarre, aboutissement de plusieurs mois de préparation… Mais que vient-on donc chercher à la Pierre quand on va faire largement plus d’une fois Pendant 4 jours, dans cette bulle savamment orchestrée par le comité d’organisation, tout est fait pour vivre ski, penser ski, dormir ski, manger ski… et recommencer ! C’est d’ailleurs le seul endroit où j’ai pu voir à l’heure de la messe, un curé avec une aube en lycra jouant de l’harmonica sur une arête...
Dans ce cocon, l’équipe va pouvoir s’exprimer pleinement. Physiquement contre le chrono, tactiquement contre les copains qui font équipe et avec qui on s’est amicalement chauffé durant les mois précédents, et surtout humainement dans l’entraide lors des coups de moins bien. On a toujours un coup de bambou, ou un « jour sans » sur ce type de format de course, et l’esprit de cordée devient alors prédominant pour arriver à bon port. Bref c’est une alchimie qui s’amorce à chaque nouvelle participation.
Il parait assez clair qu’on vient tester dans les grandes courses le fameux « dépassement de soi », mais ce qu’on en retient, ce sont les émotions que l’on va traverser durant l’épreuve. Ça commence par la peur, les quelques jours d’avant-course : on ne sait pas trop si on est prêt, où on en est… Vient ensuite l’euphorie du départ (juste avant l’asphyxie), puis suivent les moments de doute durant le redouté et dans la joie et l’immense satisfaction d’avoir bouclé une étape titanesque de plus. Tout ça sans oublier la beauté des paysages du parcours pendant ces enchaînements de plusieurs jours…
Autre « luxe » des grandes courses, et caractéristique de la discipline en général : pouvoir côtoyer les stars du ski-alpinisme qui, en toute humilité, auront toujours un s’est bien passé pour vous deux aujourd’hui le plus anonyme des concurrents pour échanger sur l’étape du jour.
Finalement, l’étape la plus dure lors d’une grande course, c’est celle lundi matin, quand on ressort de sa bulle pour revenir à la réalité…
« DIS ! POURQUOI TU FAIS LA PIERRE ? »