Montagnes

La Grande Trace

- Texte et photos : Thibaut Blais

Course emblématiq­ue dans le paysage du ski-alpinisme en France, la Grande Trace a tenu sa 26e édition les 8 et 9 février au départ de La Jarjatte, au coeur le Dévoluy. Montagnes Magazine est allé repérer les lieux en compagnie du directeur de la course, Yannick Gast.

L’édition 2020 était synonyme de nouvelle formule pour la Grande Trace, avec une course proposée sur deux jours. Le samedi, une montée sèche de 800 m de dénivelé en hors piste jusqu’au col de Corps. Le lendemain, direction le vallon du Garnesier sur une boucle de 2 000 m de D+. Un Dévoluy, jusqu’au point culminant de la course, la Tête de Garnesier. « Le jardin secret » de Yannick Gast, principal organisate­ur depuis 2004. Traditionn­ellement en duo, il est également possible de participer à la course sur une seule journée, en solo, sur un format plus court (1 100 m de D+). 350 participan­ts au total étaient attendus. Les parcours sauvages et techniques donnent la part belle aux paysages gran des années, plusieurs tracés passant dans les fameux « chourums », ces spectacula­ires grottes naturelles typiques des roches calcaires du massif. Un passage de choix très apprécié des coureurs.

En repérage dans le vallon de Garnesier avec une partie des organisate­urs en ce beau jour de janvier, nous croisons d’ailleurs le chemin de Matteo Eydallin (vainqueur en 2019), Julien Michelon (2e en 2018 en binôme avec Matteo) et Marianna Jagercikov­a (3e en 2018 en binôme). Ils dévalent les pentes du Garnesier puis de la tête des Ormans et nous rejoignent au col de Plate Contier, accompagné­s par Plouf, le chien de Matteo qui semble également doté de la formule triple poumons. Les trois coureurs sont unanimes sur les points forts de la Grande Trace : « la course est vraiment spéciale, avec une ambiance propre au Dévoluy, les paysages sont variés entre les forêts, les belles pentes régulières et les chourums. Le tracé change chaque année et c’est super agréable. »

Pour Matteo, le champion italien, « c’est une course vallonnée et donc très nerveuse, qui nécessite beaucoup de technique et de manipulati­ons. C’est quelque chose que nous apprécions beaucoup en tant que coureurs ». Le Gapençais Julien Michelon, grand fan du course pour préparer la Pierra Menta: « C’est une bonne occasion de tester les binômes et de se préparer à la Pierra et à la Belle Étoile tout en se faisant super plaisir. » Marianna souligne également « le profession­nalisme de l’organisati­on, la gentilless­e des bénévoles et la qualité des repas ».

Nous poursuivon­s notre route en direction des Archers, un rocher très caractéris­tique en contrebas du col de Plate Contier. passer les coureurs dans un petit couloir au milieu de la roche et à trouver un emplace - fairent également à trouver un plan B si la neige venait à manquer le jour de la course. Les repérages leur permettent de valider ou besoin d’être sécurisés. Du haut de la crête, l’équipe observe aux jumelles la face sud de la Tête de Garnesier, une belle pente de 1 200 m de dénivelé qui s’annonce comme le gros temps fort de la course. Sur la partie basse, en redescenda­nt en direction des gorges du Rioufroid, une belle forêt très - niques et le début d’une longue traversée descendant­e jusqu’à Lus-La-Croix-Haute, point de départ et d’arrivée de cette édition 2020.

PETIT RETOUR EN ARRIÈRE

Si aujourd’hui, le succès est au rendez-vous, l’histoire de la course a débuté en 1983 avec… 6 participan­ts seulement ! Il en fallait plus pour abîmer la volonté des premiers organisate­urs, Gérard Chaix et Jean-Claude Gast. Le second n’étant autre que le paternel de Yannick.

Ces deux agriculteu­rs de profession souhaitaie­nt créer un événement transvallé­es reliant leur commune de Lus-la-Croix-Haute à la vallée du Dévoluy afin de faire vivre le territoire, et, pourquoi pas, d’accueillir le 1er guide de haute montagne de leur commune. Un objectif atteint en 1990 avec l’arrivée d’Yves Gaillard. La course se développe coupe d’Europe de ski-alpinisme. Une organisati­on beaucoup plus complexe et coûteuse Du moins pendant quelques années. C’est en 2004 que Yannick, alors en formation pour devenir guide, décide de reprendre les choses en main, épaulé par Damien Haxaire. La course change petit à petit de formule et, plutôt que de traverser le massif et d’organiser le retour des concurrent­s en navettes, il est décidé d’alterner chaque année entre un parcours côté vallée du Dévoluy et un parcours côté Lus-la-Croix-Haute. La Grande Trace devient alors un incontourn­able dans le monde du ski-alpinisme, accueillan­t de nouveau les Championna­ts de France depuis 2016 et même une manche de Coupe du monde en 2019, avec pas moins de 400 participan­ts.

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Sous les Arches Interferra­ntes du Chourum Olympique, la pente est raide et nécessite un bon niveau de ski.

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