Tour de la Pierra Menta
Rien que le nom vous fait trembler ? Eh bien moi aussi… Synonyme de 1 400 m/h, d’enchaînements titanesques sur plusieurs jours, ce bel éperon monolithique donne des frissons. Et c’est tant mieux, car il regorge de belles idées de raids à skis !
Au-dessus d’Aime, le petit parking des Pars accueille de nombreux amis de la peau. Le grand classique du mont Rosset, quelque 1 200 m au-dessus, garantit une belle rando, un panorama à 360°, le tout surveillé de près par les 120 m de paroi verticale de la Pierra Menta. Au loin, le refuge du Presset nous tend les bras. Les routes à skis sont faites de tours et de détours, les nôtres passent par le col de la Charbonnière, redescendent jusqu’au refuge du Presset…
Là-haut, une bonne ambiance s’installe déjà : tout un groupe de militaires en - tion montagne s’active pour couper du bois et organiser la nuit. Hors gardiennage, le refuge possède 18 couchages et ils sont… 17 ; quant à nous, 3. Et même si je me suis fait virer du cours de maths assez souvent, le calcul est simple. Nous dormirons à deux sur un matelas, et un militaire se propose de dormir sur un matelas de secours. C’est assez impressionnant d’ailleurs tout ce qu’ils transportent dans leurs sacs. Light and speed ? Plutôt heavy and over prepared d’ailleurs en train de recoudre un doigt avec un champ stérile (mais qui possède un champ stérile dans son sac en montagne ?) à cause d’une maladresse de bûcheronnage intempestif devant le refuge. Il y a aussi deux traîneaux de secours, des vivres et de quoi faire un bivouac, bref du bon gros sac… « Et encore, on n’a pas les Famas, car on est là pour une qualif montagne. » Le soleil d’hiver s’évapore, nous laissant sa lumière lécher la Pierra Menta jusqu’à ce qu’elle rejoigne l’obscurité. Elle est belle et imposante, cette Pierra Menta. Au matin, ils sont déjà partis, presque en silence, et nous les rejoignons au col du
Grand Fond, sous la présence tutélaire de la belle Pierra. Deux itinéraires s’offrent à nous. Le grand tour de l’Aiguille du Grand Fond avec une belle mais longue descente par la combe de la Nova ou la Brèche Parozan. On tente la première option mais la neige fraîchement tombée nous pousse Un peu moins de descente mais un peu plus de dénivelé, cela ne peut jamais faire de mal… Brèche Parozan, donc, puis le le hameau de Treicol dans un silence que seule la montagne sait donner. Pas de trace, personne, une neige parfaite. Comme dirait l’autre : « what else ? ». La Pierra Menta, de ce côté, est plus imposante, tout aussi magistrale.
Le col du Coin, 700 m plus haut, nous regarde en coin (désolée, je n’ai pas pu m’en journée le refuge de la Coire, on est, selon l’expression consacrée, fourbus et heureux. Le mont Pourri nous observe depuis la fenêtre du refuge, les nouilles chinoises ondulent dans leur sauce crevette, le thé frémit, le chocolat tourne entre nous, et couvertures. Qu’elles sont douces et bienheureuses ces nuits en montagne, glaciales, silencieuses et réparatrices.
300 m plus haut, le col des Genisse ; 300 m plus bas, le refuge de la Balme. Le tout dans un silence d’or, une neige immaculée, seuls au monde, donc rois de notre monde. Le Crêt du Rey sera notre sommet du jour, pas facile à tracer, et la descente en est encore plus somptueuse avec presque 1 000 m de dénivelé négatif qui donnent des ailes à nos skis.
Le tour de la Pierra Menta, c’est un tour avec des détours pour revenir au point de départ : mon dieu que la montagne est
CARNET PRATIQUE
Le tour du sommet mythique, devenu synonyme de performance et d’intensité, est évidemment d’une beauté intense. Trois jours pour en faire le tour et admirer le bel éperon monolithique, sur tous ses versants.
S’y rendre
Se rendre en Tarentaise, suivre Aime-la-Plagne, la Côte-d’Aime et continuer à monter jusqu’au parking Les Pars (1 400 m).
Organisation
Le refuge du Presset ouvert tôt dans la saison : à partir du 15 février et jusqu’au 12 avril. Hors gardiennage, il reste ouvert avec trois dortoirs et 18 couchages (sur 30 en période d’ouverture), des couvertures, du gaz et du bois.
Le refuge de la Coire, lui aussi est ouvert, bien qu’il ne soit gardé qu’à partir de mi-juin. Deux dortoirs (un de huit, un de six) sur trois restent toutefois à disposition avec du gaz, du bois et de la vaisselle. N’hésitez pas à appeler la gardienne Annie pour savoir si d’autres randonneurs ont prévu de monter ! Refuge du Presset (2 514 m) : 06 87 54 09 18, https://refugedepresset.ffcam.fr Refuge de la Coire (2 065 m) : 06 82 12 40 42 / 09 51 67 47 96 / 06 76 51 00 86, https://lacoire.weebly
Matériel
Crampons utile pour les sommets ou les passages en neige dure, mais sinon tout se fait à skis. Itinéraire très skiant.
Carte
IGN 3532 OT. Massif du Beaufortain.