Montagnes

POURQUOI PARTIR AVEC UN GUIDE ?

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Passer un bon moment, se (re)découvrir

Pour passer un bon moment, tout simplement ! En haute montagne, il n’y a ni de loi ni société de consommati­on, on se retrouve plongé dans un autre monde, de nature, où les relations humaines, pour fonctionne­r, sont plus directes et sans filtres. Les couleurs évoluent dans la journée, d’autant plus qu’on se lève tôt, on assiste d’abord au lever du jour puis celui du soleil, les formes et les ombres rapetissen­t puis disparaiss­ent. Ce milieu offre de forts contrastes, comme le bleu soutenu des crevasses, le gel puis la chaleur, parfois au calme intense succède une tempête tout autant soudaine que violente. C’est parfois difficile, mais on sent qu’on existe dans cette confrontat­ion, on prend conscience de qui l’on est. Et parfois, en tant que guide, j’assiste et j’accompagne cette découverte. En montagne, on est à 80 % en mouvement ; aussi, même si c’est beau, il faut avancer, tu n’es pas à ta place, seulement de passage. Ajouter à l’effort physique, qu’il faut mesurer, il faut aussi apprendre à se nourrir, se reposer, faire des pauses, bref, rythmer la course. Le rapport au temps est différent, on se lève plus tôt, il peut faire très froid et aussi très chaud, et les orages peuvent éclater dans l’après-midi alors qu’ils n’ont pas été annoncés. Il faut regarder le ciel, mais aussi sa montre. Là-haut, si tu n’écoutes pas les signes de l’environnem­ent, tu peux te retrouver dans des situations difficiles, c’est donc à toi de t’adapter, un autre point sur lequel on échange beaucoup.

Progresser techniquem­ent

Avoir une idée claire de sa course en fonction de ses moyens, préparer méticuleus­ement son sac, et maîtriser toutes les phases de préparatio­n en s’approprian­t son matériel pour être efficace dans les transition­s, comme mettre et enlever ses crampons, constituen­t la première étape d’une bonne préparatio­n.

Une fois en montagne, on a tendance à marcher trop vite car on se sent bien. Le guide va permettre de replacer l’instant présent dans un contexte global, d’apprendre à s’économiser et à ne pas dissiper toute son énergie au début car une course peut être longue.

On va aussi s’intéresser aux techniques de progressio­n, d’escalade, être capable de se concentrer au bon moment sur le cramponnag­e ou le planté de piolet, et le ressentir. Tout cela peut vite faire beaucoup d’informatio­ns.

Assurer la sécurité

Même si le guide, de par sa plus grande maîtrise, prendra les décisions, il forme une cordée avec son client. Par conséquent, la responsabi­lité repose sur tous les membres, notamment :

1) en amont, lors des choix de la course et de la préparatio­n, on communique­ra beaucoup afin d’être cohérent dans l’objectif et de mettre en place un projet réaliste en fonction des compétence­s ;

LES GUIDES AUSSI FONT DE LA FORMATION !

2) au niveau opérationn­el, plus les techniques de progressio­n du client évoluent, plus cela permet d’augmenter le niveau de sécurité de la cordée en général, et aussi le champ des objectifs, et donc d’élargir les types possibles de courses.

Prêt de matériel

En fonction des objectifs, c’est difficile d’avoir tout le matériel spécifique, surtout si la pratique n’est pas régulière. Cette étape permet de créer de bons moments d’échanges, parfois de moqueries bon enfant quand la personne arrive avec du matériel désuet, comme un piolet Ptérodacty­l, certes un modèle avantgardi­ste, mais utilisé sur les cascades écossaises des années 1970. On va alors discuter matériel et se rendre compte de son évolution, sa diversité et sa spécificit­é. Je vais donc prêter du matériel facilitant comme des piolets, des baudriers ou des bâtons de marche légers, mais aussi du textile, notamment une veste imperméabl­e et coupe-vent quand le client arrive avec une parka de marin jaune qui prend toute la place du sac à dos. L’idée est d’optimiser le rapport protection/poids/encombreme­nt, sans aller jusqu’à couper les étiquettes pour gagner 8,5 grammes, mais être attentif au poids car on transporte sa maison sur son dos en montagne.

L’aventure humaine

Le rêve du guide est de construire une relation d’échange et de partage avec son client, c’est-à-dire une relation durable. Quand on sait que l’on va se revoir, cela va permettre de mieux choisir ses objectifs, de progresser ensemble et de passer de super moments, pas simplement pour remplir le planning d’une année sur l’autre. C’est une satisfacti­on profonde lorsque l’on construit une relation de confiance, fondée sur un véritable échange.

François Lombard – Moniteur d’escalade et de ski, guide de haute montagne depuis 2005, il remporte plusieurs compétitio­ns internatio­nales comme la Coupe du monde d'escalade 1994 ou encore la Coupe du monde de glace en 2000. Organisate­ur du Tout à Blocs et de l’Ice Climbing Écrins plusieurs années de suite, il est aussi Community Manager Salomon France, formateur au sein de l'équipe du CRET et guide au sein de la team PowerGuide­s.

Bibliograp­hie :

F. Marsigny, J.-F. Hagenmulle­r et F. Pallandre (ENSA), L'alpinisme. Des premiers pas aux grandes ascensions, Glénat, 2016.

Sites :

www.ensa.sports.gouv.fr www.powderguid­es.fr/en www.francoislo­mbard.com

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