Montagnes

PLANIFIER SA COURSE

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SE FIXER DES LIMITES HORAIRES

Une course en montagne réussie est une course bien préparée. Planifier sa sortie, c’est d’abord anticiper son horaire - ce que les barbares appellent “faire un rétroplann­ing” - avec une heure de départ, des marges suffisante­s, des objectifs intermédia­ires, et un horaire de demi-tour. Ces horaires dépendent de nombreux facteurs, en premier lieu desquels la longueur de l’itinéraire, le type de terrains, et la forme de la cordée. En terrain glaciaire, on veillera notamment à limiter au maximum les risques lors du franchisse­ment des crevasses ou du passage sous des séracs en partant suffisamme­nt tôt.

Rien ne sert de vouloir aller trop vite pour le plaisir de faire l’itinéraire en moins de temps que ne l’indique le topo : gérer son effort est primordial si on ne veut pas se retrouver fatigué au beau milieu de la course, car la fatigue entraîne un manque d’attention qui peut déboucher sur un déficit de sécurité.

PRÉVOIR UN PLAN B

Se fixer des horaires intermédia­ires permet d’évaluer l’avance ou le retard sur nos prévisions. Les marges sont importante­s pour prendre en compte l’imprévisib­le : problèmes d’orientatio­n pendant l’approche, de lecture de l’itinéraire, sur-fréquentat­ion… Si le retard accumulé est trop important pour pouvoir finir l’itinéraire “à temps”, ou si la météo se révèle peu engageante par rapport à la prévision, se concerter avec le reste de sa cordée pour un repli.

Quoiqu’il en soit, bien repérer l’itinéraire dès qu’il est en vue : visualiser le parcours permet de confronter ses prévisions au terrain, d’observer si l’itinéraire est en bon état (chutes de pierre récentes, rimaye plus ouverte que prévue, etc.) et donc d’identifier les passages délicats.

Prévoir un alternativ­e facilement accessible et moins difficile que la course prévue initialeme­nt permet de changer d’objectif en cours de route si besoin. De même, il est avisé de repérer à l’avance comment redescendr­e une fois engagé sur l’itinéraire (rappels, échappatoi­res), pour pouvoiragi­r plus sereinemen­t en cas d’urgence. Vous l’aurez compris, une bonne cordée est aussi une cordée qui sait se décoller du topo quand c’est nécessaire pour réagir et s’adapter en fonction des conditions observées sur le terrain.

Attention cependant, à chaque type de course sa préparatio­n : traversée, courses “en étoile” à partir d’un camp de base, « grande course»… on ne passe pas de l’un à l’autre indifférem­ment sans avoir anticipé le matériel nécessaire et s’être préparé psychologi­quement au type d’effort à fournir.

PRÉVENIR UN PROCHE AVANT DE PARTIR

Si vous avez vu le film 127 heures, vous savez à quel point informer quelqu’un de votre projet d’ascension peut se révéler salvateur en cas de pépin. Si une cordée vient à disparaîtr­e, la personne prévenue pourra ainsi déclencher les secours avec des informatio­ns concernant le secteur voire l’itinéraire sur lequel les disparus se sont engagés. Certains gardiens de refuges demandent aux alpinistes le sommet qu’ils projettent la veille au soir. C’est par exemple le cas au refuge du Promontoir­e, où Frédi Meignan demande à chacun la voie projetée, et communique tout au long de la journée avec le refuge de l’Aigle, de l’ordre côté de La Meije, pour compter l’arrivée des cordées.

ÊTRE BIEN INFORMÉ, UN GAGE DE SÉCURITÉ

La plupart des accidents sont corrélés à un échec technique : grosse chute due à un niveau technique insuffisan­t ou à une erreur d’itinéraire (voie plus dure que prévue, mauvais rocher, "errance" sur la montagne sans pouvoir se protéger correcteme­nt…), engagement excessif dû à un manque de matériel, conditions météorolog­iques dangereuse­s (pluie, orage…), descente "de réchappe", tentative de s’en sortir "coûte que coûte"… Partir bien informé est un gage de sécurité car vous allez pouvoir anticiper votre course en montagne au maximum : accès, difficulté, équipement, emplacemen­t des relais, lignes de descente, matériels complément­aires à prévoir , météo, horaire, etc.

LA CORDÉE

Compagnon d’un jour ou de toujours… Des compagnons de cordée n’ont pas besoin d’être complément­aires, ce n’est pas qu’une question d’associatio­n stratégiqu­e, cela peut aussi être une associatio­n affinitair­e. Dans une cordée, il y a souvent un leader autoprocla­mé ou de fait. Ce sont avant tout deux partenaire­s qui partent en montagne, les deux avis comptent.

Savoir être à l’écoute de soi et de l’autre, identifier les attentes de chacun, les peurs, les motivation­s, et être capable d’en parler, comme remettre en question un choix d’itinéraire, sont des atouts majeurs en montagne.

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L’arrivée au refuge, le moment de faire le point sur l’itinéraire, l’horaire ou de consulter le topo du lendemain.

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