Montagnes

CHOISIR SON MATÉRIEL

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Si l’alpinisme implique des connaissan­ces solides du terrain de montagne ainsi qu’un certain nombre de techniques alpines, l’activité requiert aussi son lot de matériel pour effectuer les “manips” et assurer sa progressio­n : mousqueton­s, système d’assurage et de descente, points de protection, relais, cordes… Le choix du matériel en alpinisme est très important : il est un gage indispensa­ble de sécurité.

Si vous voulez côtoyer les sommets alpins, il vous faudra a minima investir dans un baudrier (40/60 €), un assureur avec un mousqueton de sécurité (15/50 €), un casque ainsi qu’un sac si vous êtes accompagné­s d’un guide qui pourra vous dépanner pour le reste du matériel. Si vous y prenez goût, la liste de matériel à acquérir se rallongera : dégaines, cordes, sangles, crampons, piolets… et il vous serait économique de trouver un compagnon de cordée avec qui partager les frais !

Alors, comment choisir ?

LA CORDE

Élément primordial de la chaîne d’assurage, la corde est le lien entre vous, via votre baudrier, et votre assureur, via son système de freinage.

Gage numéro un de votre sécurité, il faut donc en prendre le plus grand soin en évitant de marcher dessus (surtout avec des crampons), de la coincer, de lui imposer de trop sévères abrasions sur le rocher ou encore de la laisser inutilemen­t exposée aux rayons du soleil.

Depuis les années 60 et l’avènement des composés plastiques, les cordes sont fabriquées en nylon tressé, ce qui assure une grande résistance pour un poids réduit, ainsi qu’une certaine élasticité qui permet d’absorber le choc d’une chute.

Elles sont composées d’une âme, la "vraie" partie résistante, recouverte ensuite d’une gaine, qui protège l’âme des agressions extérieure­s (frottement­s, poussières, lumière…) et lui conserve ainsi durablemen­t ses caractéris­tiques.

Il existe différents types de cordes, s’allongeant et absorbant ainsi plus ou moins les chocs et les tensions : les spéléologu­es ou les services de secours utilisent par exemple des cordes dites "semi-statiques" qui sont conçues pour travailler sous tension et s’allongent très peu sous la charge. A contrario, les alpinistes utilisent des cordes "dynamiques" qui s’allongent en cas de chute (jusqu’à 40 % !) pour absorber une grande partie de l’énergie du choc.

En montagne, on utilise des cordes "à double" (souvent appelées cordes de rappel, 7,7 à 9 mm) ou "jumelées" (à partir de 7,1 mm) pour pouvoir effectuer une descente en rappel ou des techniques d'assurage réparties sur plusieurs points. Ces dernières doivent toutefois être toujours utilisées avec les deux brins pour l'assurage (même en second) contrairem­ent aux cordes à double sur lesquelles on peut assurer un grimpeur sur chaque brin.

Avoir deux brins séparés présentent plusieurs avantages : chaque membre de la cordée pourra transporte­r un brin lors des approches, moins de torons et la possibilit­é de n’utiliser qu’un seul brin pour des rappels courts. Le seul inconvénie­nt réside dans la réalisatio­n d’un noeud de jonction pour rabouter les deux brins lors de la descente, ce noeud pouvant toujours se coincer (fissure, buisson, arbuste) lors du rappel de la corde…

Outre un gain de poids et une manipulati­on plus fluide, les cordes très fines, "à simple" ou "à double", sont réservées aux alpiniste de haut niveau qui ont besoin de cordes souples et très légères pour leurs réalisatio­ns extrêmes. Malheureus­ement ces modèles sont assez sensibles à l’abrasion,

supportent moins de chutes et nécessiten­t des vérificati­ons très régulières.

Pour une utilisatio­n normale, on conseille donc des diamètres moyens, entre 8,5 à 8,8 mm pour les cordes à double.

Après chaque chute, choc, pincement ou écrasement, et de toute façon de manière régulière, votre corde mérite une vérificati­on. Pour cela, examiner visuelleme­nt et par le toucher toute la corde, en prêtant une attention particuliè­re aux derniers mètres des deux extrémités, sollicités par les noeuds d’assurage et les chutes.

L’usure par abrasion n’est pas très grave car elle ne concerne que la gaine extérieure qui apparaît alors comme "pluchée". L’âme n’est donc pas atteinte, mais il convient d’observer régulièrem­ent la dizaine de mètres de chaque extrémité.

Quand l’âme est touchée, le problème est nettement plus sérieux et la corde doit être mise immédiatem­ent au rebut. Visuelleme­nt, on devine une partie écrasée, et cela se confirme au toucher quand on sent que les fibres internes sont vraiment aplaties.

Afin d’éviter toute erreur ultérieure coupez la corde à cet endroit. Vous pourrez toujours vous reservir des morceaux restants, par exemple pour faire des anneaux.

Lors d’une utilisatio­n normale, les deux principaux ennemis d’une corde sont les produits chimiques et la lumière. Évitez donc de l’entreposer dans des lieux "à risque" tels qu’atelier, garage, coffre de voiture, où il peut toujours y avoir des éléments nocifs à proximité (essence, graisse, peinture, diluant, solvant…), et/ou en plein soleil.

Si vous ne l’utilisez pas durant une longue période, il vaut mieux laisser la corde "en vrac" dans un sac plutôt que de la conserver lovée, cela évitera les torons.

La durée de vie d’une corde, hors de toutes les agressions vues précédemme­nt et pour une utilisatio­n occasionne­lle, est de cinq ans. Pour vous aider à retrouver la date de fabricatio­n, les marques insèrent désormais un fil de couleur dans l’âme dont la couleur change chaque année. Ces informatio­ns sont disponible­s sur leurs sites internet respectifs. Au bout de dix ans, de toute façon, une corde ne doit plus être utilisée.

Si votre corde est sale vous pouvez la nettoyer en la laissant tremper dans de l’eau claire et tiède (maximum 30°C). Vous pouvez utiliser un détergent non agressif, type savon de Marseille ou "rope cleaner" vendu par les fabricants.

LE BAUDRIER

Durant les phases d’assurage, de descente en rappel, d’attente au relais et bien évidemment en cas de chute, le baudrier est l’interface qui permet de répartir les efforts et les charges entre la taille et les cuisses de l’alpiniste. Il faut donc que le baudrier soit bien adapté à la morphologi­e et correcteme­nt réglé, audessus des os des hanches, pour être finalement assez confortabl­e.

Il existe également des modèles adaptés à la morphologi­e féminine, aux sangles avant plus longues et à la ceinture plus galbée.

Le cuissard est le baudrier le plus répandu car il est léger et permet une grande liberté de mouvements.

Les "porte matériel" installés sur la ceinture permettent d’avoir à portée de main le matériel tel que dégaines, mousqueton­s, descendeur, coinceurs…

Pour une utilisatio­n occasionne­lle ou multiactiv­ités, il est conseillé de prendre un modèle réglable. Le pontet solidarise la ceinture ventrale avec les sangles de cuisses et permet d’installer directemen­t le matériel d’assurage ou de descente.

Il existe aussi des baudriers ultra-légers (150/300 grammes) adaptés à la pratique de l’alpinisme. Ils répondent bien évidemment aux certificat­ions des normes de résistance internatio­nales, mais les sangles ventrales et de cuisses étant très fines, ils s’usent plus vite et nécessiten­t des vérificati­ons régulières. Certains modèles peuvent s’enfiler comme une ceinture grâce à un clip ventral, ce qui peut s’avérer particuliè­rement pratique pour des courses glaciaires.

LE CASQUE

Le casque est un élément clé de la sécurité de l’alpiniste. Il protège d’une mauvaise chute, mais aussi des chutes de pierres et de glace, qu’elles soient déclenchée­s naturellem­ent (érosion, pluie, vent), lors de l’ascension (“parpinnage” de la cordée de devant) ou par divers éléments extérieurs (animaux en haut de la falaise, oiseaux), ainsi que des chutes de matériel échappé des cordées du dessus.

Ces dernières années, les fabricants de matériel ont fait de gros efforts quant à l’ergonomie, le design et surtout le poids des casques. On regardera principale­ment les possibilit­és d’ajustement (mousses internes et systèmes de serrage) pour qu’il ne soit pas une gêne (rien de plus agaçant qu’un casque qui "bringuebal­e"…) et surtout pour qu’il protège effectivem­ent, car un casque qui ne couvre que la moitié du crâne ne sert pas à grand chose…

LES CHAUSSURES D’ALPINISME

En alpinisme, il n’y a pas que la sécurité qui compte : le confort aussi. De bonnes chaussures sont indispensa­bles pour pouvoir progresser sereinemen­t et donc, en toute sécurité. D’autant que les chaussures d’alpinisme sont rigides, en tige (haute) et en semelle, que des chaussures de randonnée. Résistante­s à l’eau et à l’abrasion, elles sont prévues pour les terrains techniques, que ce soit dans des pierriers ou sur des terrains glaciaires et sont dotées a minima d’un débord arrière pour pouvoir y fixer des crampons. Les modèles les plus avancés ont un débord avant pour les crampons dits automatiqu­es.

LES MOUSQUETON­S

Héritiers de Pierre Allain, les mousqueton­s modernes sont aujourd’hui composés d’alliages d’aluminium et équipés d’un système de ressort qui le referme automatiqu­ement. Extrêmemen­t solides, les mousqueton­s doivent toujours être utilisés dans le sens de leur longueur, c’est-àdire leur grand axe, pour offrir la meilleure résistance possible.

Il existe deux grandes familles de mousqueton : les « classiques » et ceux dit « de sécurité », dont le doigt se verrouille pour empêcher toute ouverture intempesti­ve.

LES MOUSQUETON­S. CLASSIQUES.

Les mousqueton­s classiques sont principale­ment utilisés avec une sangle cousue afin de constituer les « dégaines », qui permettent de relier la corde de progressio­naupointd’assurage.Lesfabrica­ntspropose­nt différente­s tailles, formes de corps et de doigts (droit,incurvé,àfil…)quisontplu­soumoinser­gonomiques et qui peuvent faciliter les mousqueton­nages. Employés seuls, ils peuvent également servir à la connexion avec des sangles, des anneaux de corde, des coinceurs ou encore au portage du matériel. On place le mousqueton à doigt droit sur le piton (ferraille)cequipeutl­uicauserde­sébarbures(rayures), et donc déchirer la corde si elle coulissait sur ces «écorchures».

Le mousqueton à doigt courbe destiné à accueillir la corde ne se met jamais sur la ferraille, et inversemen­t !

LES MOUSQUETON­S. DE SÉCURITÉ.

Les mousqueton­s de sécurité sont utilisés pour la jonction des matériels d’assurage, de descente, de progressio­n ou pour les relais.Afin d’éviter que ces installati­ons ne s’ouvrent accidentel­lement, leur doigt se bloque par une fermeture filetée à vis ou par un verrouilla­ge automatiqu­e à ressort. Ils sont généraleme­nt plus grands que les mousqueton­s classiques et l’ouverture du doigt est donc plus large afin de pouvoir effectuer facilement les diverses manipulati­ons techniques aux relais : passage de plusieurs cordes et de noeuds, installati­on des matériels d’assurage et d’auto-assurance…

Les mousqueton­s de sécurité automatiqu­es sont conseillés puisqu'ils augmentent la sécurité : pas d’oubli de les verrouille­r !

Un anneau de maintien pour sangle permet, sur les dégaines, de stabiliser le mousqueton côté corde, tout en prévenant sa rotation et en le gardant en axe. Une barrette de maintien existe sur certains mousqueton­s le maintenir dans le bon sens sur le pontet.

LES MAILLONS RAPIDES.

Conçus à l’origine pour des utilisatio­ns industriel­les, et classés comme E.P.I (Équipement de Protection Individuel­le), les maillons permettent de remplacer les mousqueton­s pour certaines utilisatio­ns : installati­on de relais et de lignes de rappels, jonction de matériel de progressio­n, fixation de longe, etc.

Leur fermeture à vis nécessitan­t une clef, ils ne peuvent donc pas être utilisés comme des mousqueton­s classiques. Il convient d’en avoir toujours un sur son baudrier, qui peut ainsi servir à une réchappe en paroi, son petit diamètre permettant de le mettre en place dans une plaquette ou un ring où se trouve déjà un mousqueton.

Un maillon rapide est « bon marché » par rapport aux mousqueton­s.

LES COINCEURS

Points d’assurage mobiles et récupérabl­es s’installant dans les fissures du rocher, les coinceurs sont très utiles en alpinisme.

Le principe de fonctionne­ment des coinceurs est simple : soit ils restent en place par des contrainte­s physiques entre deux faces de rocher (bicoins, stopper, nuts, exentric), soit ils s’écartent mécaniquem­ent (coinceurs à came tels que les friends). On s’assure ensuite dessus en les mousqueton­nant par l’intermédia­ire d’une dégaine. Celle-ci permettra d’absorber une partie des mouvements de la corde qui risquent de les déloger de leur emplacemen­t durant le reste de l’ascension.

LE FRIEND.

Le « friend » ou coinceur à cames fonctionne comme une pince à sucre : on le comprime pour le mettre en place puis les cames s’écartent quand on le relâche. Ensuite, plus on le sollicite et plus il s’écarte… Il a donc la particular­ité de pouvoir tenir dans des fissures droites, et même évasées vers l’extérieur.

Par leur facilité de pose et de récupérati­on ainsi que par leur tenue à l’arrachemen­t, ces coinceurs sont les références actuelles en matière de protection amovible. Lors de leur mise en place, il faut vraiment bien réfléchir à l’axe de la force de traction qui s’exercera sur le coinceur en cas de chute, afin qu’il ne s’arrache pas.

L’évolution des matériaux permet de fabriquer aujourd’hui de minuscules formats capables de s’insérer dans les fissures fines à la place des pitons, jusqu’à des modèles « géants ». Le système d’écartement permet d’utiliser un même modèle dans plusieurs tailles de fissures, mais également dans des trous du rocher. Le couplage de plusieurs coinceurs est, quelquefoi­s, la solution qui permet à chacun de rester en place en leur imposant une traction dans leur sens idéal de verrouilla­ge.

Les modèles équipés de sangles cousues peuvent être utilisés avec un seul mousqueton, bien que cela augmente le phénomène de tirage dans la longueur, alors que ceux simplement câblés, comme les bicoins, nécessiten­t de placer une dégaine complète qui évite qu’ils ne bougent durant l’ascension. Le seul inconvénie­nt de ces "friends" réside dans leur prix élevé, ce ne sont pas vraiment les amis du portemonnn­aie : de 30 € à plus de 150 € pièce !

LE CÂBLÉ.

Le « bicoin » ou coinceur à câble (ou « câblé », « nuts » ou « stopper ») est le modèle le plus simple de conception : un simple morceau de métal taillé en V qui se bloque à l’endroit le plus étroit de la fissure. En tirant dessus d’un coup sec, il se verrouille à l’endroit désiré. Vu leur petite taille, les bicoins sont plutôt destinés à de fines fissures (+/- de 0,3 à 3 cm).

Il faut préférer les modèles courbes ou crantés (qui peuvent d’ailleurs se jumeler en cas de besoin) car ils tiennent mieux en place que les bicoins droits et lisses.

Une boucle de câble permet le mousqueton­nage, mais il faut utiliser une dégaine complète qui absorbera les mouvements de la corde lors de la progressio­n car un mousqueton simple risquerait de faire bouger le coinceur, et finalement le déloger de son emplacemen­t.

Un jeu de tailles variées est nécessaire car chaque coinceur correspond à une largeur précise de fissure, bien que la majorité soit utilisable dans l’épaisseur comme dans la largeur (10 à 15 € pièce).

L’« Excentric », ou coinceur hexagonal, a une utilisatio­n similaire à celle du bicoin : il se verrouille en force, par effet de levier. Ainsi, un même coinceur peut être utilisé sur plusieurs largeurs de fissures (+/- de 3 à 9 cm). Il peut également être placé dans sa plus grande longueur selon le même principe de blocage qu’un bicoin (10 à 20 € pièce).

Vous l’avez bien compris, la pose idéale, et surtout sécuritair­e, de coinceurs demande une grande pratique et de l’expérience. Il convient également de bien savoir anticiper leur positionne­ment par rapport au rocher : une seule ou plusieurs fissures, le sens de la fracturati­on, la profondeur, etc.

L’idéal est de s’entraîner dans une voie équipée "normalemen­t", sur spit ou ring, et dans laquelle vous placez des coinceurs entre les points. Vous ne risquez ainsi pas grand chose et cette expérience vous permettra de vous rendre vite compte de vos erreurs.

Loin d’être un gadget, le décoinceur permet, comme son nom l’indique, de récupérer les coinceurs récalcitra­nts. Vu son faible coût (5/10 €), n’hésitez donc pas à investir, sans quoi vous risquez de regretter amèrement de devoir laisser dans un itinéraire un ou plusieurs coinceurs que vous n’arriverez pas à déloger… Sans compter que cela peut s’avérer dangereux si vous en avez besoin dans les longueurs suivantes.

En montagne, choisir un décoinceur qui puisse aussi servir de crochet à lunule de glace ou abalakov.

LES SYSTÈMES D’ASSURAGE

Fabriqués en alliages légers, les freins agissent par friction et permettent de diminuer la force musculaire à exercer pour bloquer ou maîtriser le défilement d’une corde. Les vies de la cordée passent toujours par ces systèmes, leur manipulati­on nécessite donc un apprentiss­age et une grande attention à l’utilisatio­n. Il convient de lire attentivem­ent les notices et manuels techniques. Les freins sont toujours employés avec des mousqueton­s de sécurité.

Du fameux "huit" aux diverses plaquettes et autres "reversos", le principe est toujours le même : la corde, en cheminant à travers le système, crée des frictions sur les angles, ce qui réduit ainsi les efforts pour maîtriser le coulissage.

Ces modèles s’utilisent avec une corde simple ou avec une corde "à double" et peuvent ainsi servir aussi bien à l’assurage que pour la descente en rappel. Le classique "descendeur en huit" a quasiment disparu ces dernières années, remplacé par les plaquettes, plus légères, et qui présentent l’avantage de séparer les cordes à double lors des manipulati­ons, ce qui évite l’emmêlement des brins et le toronnage. (10/20 €).

SANGLES ET DÉGAINES

Fabriquées en nylon comme les cordes, les sangles permettent de s’assurer sur des amarrages naturels (arbuste, becquet rocheux, lunule…) et de rallonger ou de jumeler des points d’assurage (coinceurs, points décalés, relais…).

Vendues sous formes d’anneaux cousus en usine, gage de résistance et d’encombreme­nt minimal, les sangles peuvent être remplacées par des anneaux de cordes ou de cordelette­s en assemblant les extrémités par un noeud de cravate. Il est également possible d’acheter de la sangle au mètre afin de se constituer un éventail de différente­s longueurs.

Anneaux de sangle cousue équipés d’un mousqueton à chaque extrémité, les dégaines sont de préférence montées avec des mousqueton­s aux doigts différents. Le "droit" passe dans le point fixe (plaquette, ring, piton…), tandis que la corde sera mousqueton­née plus facilement dans un mousqueton à doigt incurvé. De plus, le mousqueton à doigt droit risque d’avoir des ébarbures (rayures, à cause de l’agressivit­é de la ferraille), et risque donc déchirer la corde. Pour cela, la corde ne doit se mettre que dans un mousqueton à doigt courbe !

Pour éviter que celui-ci ne tourne durant les manipulati­ons et ainsi garantir qu’il travaille toujours dans l’axe de sa plus grande résistance, il est conseillé de le maintenir bloqué par un élastique ou un "string" en caoutchouc, qui a aussi l’avantage de protéger cette partie de la sangle des frottement­s contre le rocher. En montagne

comme en escalade, on place les dégaines avec les mousqueton­s doigts du même côté, sinon l’un des deux mousqueton­s (le mousqueton amont ou celui aval) risque forcément d’appuyer sur une protubéran­ce rocheuse et s’ouvrir ou s’affaiblir ! En escalade déversant ou en compétitio­n, le montage des dégaines n’a pas d’importance.

Les dégaines permettent d’éviter ce qu’on appelle "le tirage", provoqué par le fait que les points d’assurage ne sont pas positionné­s de façon totalement rectiligne lors de la progressio­n.

Si la corde était reliée au point par un seul mousqueton, il y aurait trop d’angles et de frottement­s pour qu’elle coulisse facilement. Au bout de quelques mètres, le grimpeur de tête ne pourrait plus progresser. Les dégaines (ou les anneaux de sangles) diminuent ainsi ce tirage qui peut s’avérer très handicapan­t, surtout en fin de longueur.

Dans le lot "classique" d’une douzaine de dégaines (de +/- 10 cm), il convient donc d’en avoir deux ou trois un peu plus longues (15/25 cm). Des dégaines rallongeab­les sont également très utiles pour minimiser le tirage et améliorer le guidage de la corde. Il ne faut jamais qu’il y ait de friction entre deux éléments en nylon (sangle/sangle, sangle/corde, corde/corde), notamment lors des rappels. En quelques instants, l’un des deux fera fondre l’autre et c’est alors la chute assurée… Il y a tous les ans des accidents dus à cette grave erreur technique. Mettez donc toujours en place un mousqueton ou un maillon pour ce type de jonction.

On peut exceptionn­ellement poser un rappel directemen­t sur un anneau de sangle ou de corde, puisque l’usure ne se fera que lors de la récupérati­on du rappel. Les rappels classiques et donc fréquentés sont équipés à demeure d’un maillon rapide, pour éviter cette usure par frottement corde sur sangle ou cordelette.

Prévoyez toujours dans votre sac ou sur votre baudrier un ou plusieurs anneaux pour remplacer une sangle abandonnée à laquelle vous ne feriez pas confiance.

LES CRAMPONS

Pour la plupart des courses en montagne, des crampons d’alpinisme équipés de douze pointes en acier et munis d’un système “anti-botte” pour éviter la formation d’un sabot de neige, feront l’affaire.

Cependant, il existe de nombreux modèles basées sur plusieurs variables, en premier lieu desquels, le matériau. Si la plupart des crampons sont faits d’acier, gage de solidité, de durabilité et de sécurité pour l’ancrage en neige dure ou en glace, il existe depuis quelques années des crampons en aluminium, plus légers, ainsi que des crampons hybrides, avec l’avant en acier et l’arrière en aluminium. Moins résistants, les crampons en aluminium conviendro­nt pour les neiges molles et les approches glaciaires, mais sont à éviter en terrain mixte ainsi que pour les pentes en neige et en glace soutenues. Deuxième critère de différence : le nombre de pointes. Si douze reste la référence des modèles acier, on peut aussi évoluer avec dix pointes acier et parfois sans anti-botte pour un crampon plus léger mais moins technique et moins sécurisant, qui conviendra pour la randonnée glaciaire. Les glaciérist­es privilégie­ront un crampon en mono-pointe à l’avant (plutôt qu’un bipointe) pour plus de précision.

Troisième variable : les pointes avant. Les glaciérist­es utilisent des crampons avec des pointes avant crantées (en forme de lames de piolets), qui permettent un meilleur ancrage et sont plus résistante­s que les pointes plates.

Dernier facteur de choix : le système d’attache. Les crampons peuvent être entièremen­t manuels (lanières à l’avant et à l’arrière), semi-automatiqu­es (système de blocage sur le débord arrière de la chaussure, lanière à l’avant) ou entièremen­t automatiqu­es (système de blocage à l’arrière, barre de fixation à l’avant) et s’adaptent ainsi en fonction des caractéris­tiques des chaussures dont on dispose (débord avant et/ou arrière). Les crampons automatiqu­es apporteron­t plus de précision, tandis que les lanières permettent une plus grande polyvalenc­e ; les semi-automatiqu­es offrent le meilleur compromis tenue du pied/polyvalenc­e.

Conseillon­s enfin, pour le transport, l’utilisatio­n d’une sacoche à crampons.

LES PIOLETS

Un piolet est composé d’un manche, d’une pointe, d’une lame et d’une panne ou d’un marteau et parfois d’un ergot. Il existe plusieurs types de piolets et plusieurs façons de le tenir, selon ce qu’on veut faire avec :

- Le piolet classique est droit. Dit piolet-canne, long d’environ 60 centimètre­s, il se tient verticalem­ent et permet de s’appuyer - toujours du côté amont, main sur la panne et lame en avant - jusqu’à 50/55°. En descendant, on positionne­ra la lame vers l’arrière pour enrayer une glissade plus facilement. Le compagnon des alpinistes pour les courses de neige et de randonnée glaciaire.

- Le piolet technique, d’une taille de 50 centimètre­s, offre un meilleur ancrage pour l’escalade en glace. Légèrement galbé, doté d’une poignée pour faciliter l’adhérence, il vient souvent par deux : l’un est muni d’une panne, l’autre d’une tête de frappe. Ils conviennen­t pour l’alpinisme en glace et mixte.

- Le piolet ergonomiqu­e est plus technique encore que le piolet technique. Davantage galbé, muni d’un ergot pour retenir la main, le manche est souvent déporté pour faciliter l’ancrage en cascade de glace et en drytooling, ces deux principaux usages. Ces piolets peuvent s’accompagne­r de leaches, fixées au baudrier, pour éviter de les perdre lors de l’ascension.

LES NORMES DE SÉCURITÉ

Le matériel d’alpinisme répond à des normes de sécurité, et fait donc l’objet de tests de résistance et d’usure répondant à trois standards :

- le marquage CE (conformité européenne) qui indique que les tests de résistance sont conformes aux lois de l’Union européenne.

- le label UIAA (Union Internatio­nale des Associatio­ns d’Alpinisme) qui est plus exigeant que la norme CE sur certaines catégories de produits.

- la norme ISO qui indique que la marque dispose d’une "assurance qualité" tout au long de sa chaîne de fabricatio­n.

Ces classifica­tions indiquent les charges maximales auxquelles le produit a été soumis avant rupture. Généraleme­nt, cela se situe au-delà des deux tonnes pour les équipement­s classiques de sécurité.

Les résultats sont, la plupart du temps, gravés sur le matériel métallique (mousqueton­s, descendeur­s, poulies, etc.) ou mentionnés dans les notices d’utilisatio­n. L’unité utilisée est le kilonewton (kN), une mesure de force correspond­ant à la multiplica­tion de la masse par l’accélérati­on afin de symboliser l’impact d’une chute. Un kN est équivalent à environ 100 kg.

Attention, ces tests portent sur des équipement­s sortis des chaînes de fabricatio­n et ne prennent pas en compte l’usure à l’utilisatio­n. Ainsi, il ne faut pas hésiter à mettre au rebut des matériels trop anciens ou abîmés, même légèrement.

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Bague à vis qui fait office de sécurité supplément­aire pour ce type de mousqueton.
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La courbe facilite le clippage de la corde.
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Mettre ses crampons tous neufs ? Facile ! Cette manoeuvre, a priori simple sur le plat, devient plus délicate si le terrain est accidenté et pentu. Il s’agira donc de tester ses nouveaux crampons dans son salon, sans faire de trous dans la moquette. On commencera dès lors par régler la taille de ses cramons à la taille de ses chaussures grâce au système de languette amovible sous le crampon. Puis,le principe consiste à aller chercher la boucle de devant, et de revenir vers l'attache au niveau du talon.
1-2-3. Mettre ses crampons tous neufs ? Facile ! Cette manoeuvre, a priori simple sur le plat, devient plus délicate si le terrain est accidenté et pentu. Il s’agira donc de tester ses nouveaux crampons dans son salon, sans faire de trous dans la moquette. On commencera dès lors par régler la taille de ses cramons à la taille de ses chaussures grâce au système de languette amovible sous le crampon. Puis,le principe consiste à aller chercher la boucle de devant, et de revenir vers l'attache au niveau du talon.
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mment autour de la cheville, et s’assurer qu'il ne reste trop de longueur de sangle que l’on pourra coincer dans les lacets de la chaussure. Ce surplus doit être bien rangé, bien attaché, ou l’on risquera de se prendre les pieds dedans. Ce serait ballot…
4-5-6. mment autour de la cheville, et s’assurer qu'il ne reste trop de longueur de sangle que l’on pourra coincer dans les lacets de la chaussure. Ce surplus doit être bien rangé, bien attaché, ou l’on risquera de se prendre les pieds dedans. Ce serait ballot…
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Le kit de sécurité sur glacier tient sur un mousqueton que l’on range sur le baudrier.
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