CHOISIR SON MATÉRIEL
Si l’alpinisme implique des connaissances solides du terrain de montagne ainsi qu’un certain nombre de techniques alpines, l’activité requiert aussi son lot de matériel pour effectuer les “manips” et assurer sa progression : mousquetons, système d’assurage et de descente, points de protection, relais, cordes… Le choix du matériel en alpinisme est très important : il est un gage indispensable de sécurité.
Si vous voulez côtoyer les sommets alpins, il vous faudra a minima investir dans un baudrier (40/60 €), un assureur avec un mousqueton de sécurité (15/50 €), un casque ainsi qu’un sac si vous êtes accompagnés d’un guide qui pourra vous dépanner pour le reste du matériel. Si vous y prenez goût, la liste de matériel à acquérir se rallongera : dégaines, cordes, sangles, crampons, piolets… et il vous serait économique de trouver un compagnon de cordée avec qui partager les frais !
Alors, comment choisir ?
LA CORDE
Élément primordial de la chaîne d’assurage, la corde est le lien entre vous, via votre baudrier, et votre assureur, via son système de freinage.
Gage numéro un de votre sécurité, il faut donc en prendre le plus grand soin en évitant de marcher dessus (surtout avec des crampons), de la coincer, de lui imposer de trop sévères abrasions sur le rocher ou encore de la laisser inutilement exposée aux rayons du soleil.
Depuis les années 60 et l’avènement des composés plastiques, les cordes sont fabriquées en nylon tressé, ce qui assure une grande résistance pour un poids réduit, ainsi qu’une certaine élasticité qui permet d’absorber le choc d’une chute.
Elles sont composées d’une âme, la "vraie" partie résistante, recouverte ensuite d’une gaine, qui protège l’âme des agressions extérieures (frottements, poussières, lumière…) et lui conserve ainsi durablement ses caractéristiques.
Il existe différents types de cordes, s’allongeant et absorbant ainsi plus ou moins les chocs et les tensions : les spéléologues ou les services de secours utilisent par exemple des cordes dites "semi-statiques" qui sont conçues pour travailler sous tension et s’allongent très peu sous la charge. A contrario, les alpinistes utilisent des cordes "dynamiques" qui s’allongent en cas de chute (jusqu’à 40 % !) pour absorber une grande partie de l’énergie du choc.
En montagne, on utilise des cordes "à double" (souvent appelées cordes de rappel, 7,7 à 9 mm) ou "jumelées" (à partir de 7,1 mm) pour pouvoir effectuer une descente en rappel ou des techniques d'assurage réparties sur plusieurs points. Ces dernières doivent toutefois être toujours utilisées avec les deux brins pour l'assurage (même en second) contrairement aux cordes à double sur lesquelles on peut assurer un grimpeur sur chaque brin.
Avoir deux brins séparés présentent plusieurs avantages : chaque membre de la cordée pourra transporter un brin lors des approches, moins de torons et la possibilité de n’utiliser qu’un seul brin pour des rappels courts. Le seul inconvénient réside dans la réalisation d’un noeud de jonction pour rabouter les deux brins lors de la descente, ce noeud pouvant toujours se coincer (fissure, buisson, arbuste) lors du rappel de la corde…
Outre un gain de poids et une manipulation plus fluide, les cordes très fines, "à simple" ou "à double", sont réservées aux alpiniste de haut niveau qui ont besoin de cordes souples et très légères pour leurs réalisations extrêmes. Malheureusement ces modèles sont assez sensibles à l’abrasion,
supportent moins de chutes et nécessitent des vérifications très régulières.
Pour une utilisation normale, on conseille donc des diamètres moyens, entre 8,5 à 8,8 mm pour les cordes à double.
Après chaque chute, choc, pincement ou écrasement, et de toute façon de manière régulière, votre corde mérite une vérification. Pour cela, examiner visuellement et par le toucher toute la corde, en prêtant une attention particulière aux derniers mètres des deux extrémités, sollicités par les noeuds d’assurage et les chutes.
L’usure par abrasion n’est pas très grave car elle ne concerne que la gaine extérieure qui apparaît alors comme "pluchée". L’âme n’est donc pas atteinte, mais il convient d’observer régulièrement la dizaine de mètres de chaque extrémité.
Quand l’âme est touchée, le problème est nettement plus sérieux et la corde doit être mise immédiatement au rebut. Visuellement, on devine une partie écrasée, et cela se confirme au toucher quand on sent que les fibres internes sont vraiment aplaties.
Afin d’éviter toute erreur ultérieure coupez la corde à cet endroit. Vous pourrez toujours vous reservir des morceaux restants, par exemple pour faire des anneaux.
Lors d’une utilisation normale, les deux principaux ennemis d’une corde sont les produits chimiques et la lumière. Évitez donc de l’entreposer dans des lieux "à risque" tels qu’atelier, garage, coffre de voiture, où il peut toujours y avoir des éléments nocifs à proximité (essence, graisse, peinture, diluant, solvant…), et/ou en plein soleil.
Si vous ne l’utilisez pas durant une longue période, il vaut mieux laisser la corde "en vrac" dans un sac plutôt que de la conserver lovée, cela évitera les torons.
La durée de vie d’une corde, hors de toutes les agressions vues précédemment et pour une utilisation occasionnelle, est de cinq ans. Pour vous aider à retrouver la date de fabrication, les marques insèrent désormais un fil de couleur dans l’âme dont la couleur change chaque année. Ces informations sont disponibles sur leurs sites internet respectifs. Au bout de dix ans, de toute façon, une corde ne doit plus être utilisée.
Si votre corde est sale vous pouvez la nettoyer en la laissant tremper dans de l’eau claire et tiède (maximum 30°C). Vous pouvez utiliser un détergent non agressif, type savon de Marseille ou "rope cleaner" vendu par les fabricants.
LE BAUDRIER
Durant les phases d’assurage, de descente en rappel, d’attente au relais et bien évidemment en cas de chute, le baudrier est l’interface qui permet de répartir les efforts et les charges entre la taille et les cuisses de l’alpiniste. Il faut donc que le baudrier soit bien adapté à la morphologie et correctement réglé, audessus des os des hanches, pour être finalement assez confortable.
Il existe également des modèles adaptés à la morphologie féminine, aux sangles avant plus longues et à la ceinture plus galbée.
Le cuissard est le baudrier le plus répandu car il est léger et permet une grande liberté de mouvements.
Les "porte matériel" installés sur la ceinture permettent d’avoir à portée de main le matériel tel que dégaines, mousquetons, descendeur, coinceurs…
Pour une utilisation occasionnelle ou multiactivités, il est conseillé de prendre un modèle réglable. Le pontet solidarise la ceinture ventrale avec les sangles de cuisses et permet d’installer directement le matériel d’assurage ou de descente.
Il existe aussi des baudriers ultra-légers (150/300 grammes) adaptés à la pratique de l’alpinisme. Ils répondent bien évidemment aux certifications des normes de résistance internationales, mais les sangles ventrales et de cuisses étant très fines, ils s’usent plus vite et nécessitent des vérifications régulières. Certains modèles peuvent s’enfiler comme une ceinture grâce à un clip ventral, ce qui peut s’avérer particulièrement pratique pour des courses glaciaires.
LE CASQUE
Le casque est un élément clé de la sécurité de l’alpiniste. Il protège d’une mauvaise chute, mais aussi des chutes de pierres et de glace, qu’elles soient déclenchées naturellement (érosion, pluie, vent), lors de l’ascension (“parpinnage” de la cordée de devant) ou par divers éléments extérieurs (animaux en haut de la falaise, oiseaux), ainsi que des chutes de matériel échappé des cordées du dessus.
Ces dernières années, les fabricants de matériel ont fait de gros efforts quant à l’ergonomie, le design et surtout le poids des casques. On regardera principalement les possibilités d’ajustement (mousses internes et systèmes de serrage) pour qu’il ne soit pas une gêne (rien de plus agaçant qu’un casque qui "bringuebale"…) et surtout pour qu’il protège effectivement, car un casque qui ne couvre que la moitié du crâne ne sert pas à grand chose…
LES CHAUSSURES D’ALPINISME
En alpinisme, il n’y a pas que la sécurité qui compte : le confort aussi. De bonnes chaussures sont indispensables pour pouvoir progresser sereinement et donc, en toute sécurité. D’autant que les chaussures d’alpinisme sont rigides, en tige (haute) et en semelle, que des chaussures de randonnée. Résistantes à l’eau et à l’abrasion, elles sont prévues pour les terrains techniques, que ce soit dans des pierriers ou sur des terrains glaciaires et sont dotées a minima d’un débord arrière pour pouvoir y fixer des crampons. Les modèles les plus avancés ont un débord avant pour les crampons dits automatiques.
LES MOUSQUETONS
Héritiers de Pierre Allain, les mousquetons modernes sont aujourd’hui composés d’alliages d’aluminium et équipés d’un système de ressort qui le referme automatiquement. Extrêmement solides, les mousquetons doivent toujours être utilisés dans le sens de leur longueur, c’est-àdire leur grand axe, pour offrir la meilleure résistance possible.
Il existe deux grandes familles de mousqueton : les « classiques » et ceux dit « de sécurité », dont le doigt se verrouille pour empêcher toute ouverture intempestive.
LES MOUSQUETONS. CLASSIQUES.
Les mousquetons classiques sont principalement utilisés avec une sangle cousue afin de constituer les « dégaines », qui permettent de relier la corde de progressionaupointd’assurage.Lesfabricantsproposent différentes tailles, formes de corps et de doigts (droit,incurvé,àfil…)quisontplusoumoinsergonomiques et qui peuvent faciliter les mousquetonnages. Employés seuls, ils peuvent également servir à la connexion avec des sangles, des anneaux de corde, des coinceurs ou encore au portage du matériel. On place le mousqueton à doigt droit sur le piton (ferraille)cequipeutluicauserdesébarbures(rayures), et donc déchirer la corde si elle coulissait sur ces «écorchures».
Le mousqueton à doigt courbe destiné à accueillir la corde ne se met jamais sur la ferraille, et inversement !
LES MOUSQUETONS. DE SÉCURITÉ.
Les mousquetons de sécurité sont utilisés pour la jonction des matériels d’assurage, de descente, de progression ou pour les relais.Afin d’éviter que ces installations ne s’ouvrent accidentellement, leur doigt se bloque par une fermeture filetée à vis ou par un verrouillage automatique à ressort. Ils sont généralement plus grands que les mousquetons classiques et l’ouverture du doigt est donc plus large afin de pouvoir effectuer facilement les diverses manipulations techniques aux relais : passage de plusieurs cordes et de noeuds, installation des matériels d’assurage et d’auto-assurance…
Les mousquetons de sécurité automatiques sont conseillés puisqu'ils augmentent la sécurité : pas d’oubli de les verrouiller !
Un anneau de maintien pour sangle permet, sur les dégaines, de stabiliser le mousqueton côté corde, tout en prévenant sa rotation et en le gardant en axe. Une barrette de maintien existe sur certains mousquetons le maintenir dans le bon sens sur le pontet.
LES MAILLONS RAPIDES.
Conçus à l’origine pour des utilisations industrielles, et classés comme E.P.I (Équipement de Protection Individuelle), les maillons permettent de remplacer les mousquetons pour certaines utilisations : installation de relais et de lignes de rappels, jonction de matériel de progression, fixation de longe, etc.
Leur fermeture à vis nécessitant une clef, ils ne peuvent donc pas être utilisés comme des mousquetons classiques. Il convient d’en avoir toujours un sur son baudrier, qui peut ainsi servir à une réchappe en paroi, son petit diamètre permettant de le mettre en place dans une plaquette ou un ring où se trouve déjà un mousqueton.
Un maillon rapide est « bon marché » par rapport aux mousquetons.
LES COINCEURS
Points d’assurage mobiles et récupérables s’installant dans les fissures du rocher, les coinceurs sont très utiles en alpinisme.
Le principe de fonctionnement des coinceurs est simple : soit ils restent en place par des contraintes physiques entre deux faces de rocher (bicoins, stopper, nuts, exentric), soit ils s’écartent mécaniquement (coinceurs à came tels que les friends). On s’assure ensuite dessus en les mousquetonnant par l’intermédiaire d’une dégaine. Celle-ci permettra d’absorber une partie des mouvements de la corde qui risquent de les déloger de leur emplacement durant le reste de l’ascension.
LE FRIEND.
Le « friend » ou coinceur à cames fonctionne comme une pince à sucre : on le comprime pour le mettre en place puis les cames s’écartent quand on le relâche. Ensuite, plus on le sollicite et plus il s’écarte… Il a donc la particularité de pouvoir tenir dans des fissures droites, et même évasées vers l’extérieur.
Par leur facilité de pose et de récupération ainsi que par leur tenue à l’arrachement, ces coinceurs sont les références actuelles en matière de protection amovible. Lors de leur mise en place, il faut vraiment bien réfléchir à l’axe de la force de traction qui s’exercera sur le coinceur en cas de chute, afin qu’il ne s’arrache pas.
L’évolution des matériaux permet de fabriquer aujourd’hui de minuscules formats capables de s’insérer dans les fissures fines à la place des pitons, jusqu’à des modèles « géants ». Le système d’écartement permet d’utiliser un même modèle dans plusieurs tailles de fissures, mais également dans des trous du rocher. Le couplage de plusieurs coinceurs est, quelquefois, la solution qui permet à chacun de rester en place en leur imposant une traction dans leur sens idéal de verrouillage.
Les modèles équipés de sangles cousues peuvent être utilisés avec un seul mousqueton, bien que cela augmente le phénomène de tirage dans la longueur, alors que ceux simplement câblés, comme les bicoins, nécessitent de placer une dégaine complète qui évite qu’ils ne bougent durant l’ascension. Le seul inconvénient de ces "friends" réside dans leur prix élevé, ce ne sont pas vraiment les amis du portemonnnaie : de 30 € à plus de 150 € pièce !
LE CÂBLÉ.
Le « bicoin » ou coinceur à câble (ou « câblé », « nuts » ou « stopper ») est le modèle le plus simple de conception : un simple morceau de métal taillé en V qui se bloque à l’endroit le plus étroit de la fissure. En tirant dessus d’un coup sec, il se verrouille à l’endroit désiré. Vu leur petite taille, les bicoins sont plutôt destinés à de fines fissures (+/- de 0,3 à 3 cm).
Il faut préférer les modèles courbes ou crantés (qui peuvent d’ailleurs se jumeler en cas de besoin) car ils tiennent mieux en place que les bicoins droits et lisses.
Une boucle de câble permet le mousquetonnage, mais il faut utiliser une dégaine complète qui absorbera les mouvements de la corde lors de la progression car un mousqueton simple risquerait de faire bouger le coinceur, et finalement le déloger de son emplacement.
Un jeu de tailles variées est nécessaire car chaque coinceur correspond à une largeur précise de fissure, bien que la majorité soit utilisable dans l’épaisseur comme dans la largeur (10 à 15 € pièce).
L’« Excentric », ou coinceur hexagonal, a une utilisation similaire à celle du bicoin : il se verrouille en force, par effet de levier. Ainsi, un même coinceur peut être utilisé sur plusieurs largeurs de fissures (+/- de 3 à 9 cm). Il peut également être placé dans sa plus grande longueur selon le même principe de blocage qu’un bicoin (10 à 20 € pièce).
Vous l’avez bien compris, la pose idéale, et surtout sécuritaire, de coinceurs demande une grande pratique et de l’expérience. Il convient également de bien savoir anticiper leur positionnement par rapport au rocher : une seule ou plusieurs fissures, le sens de la fracturation, la profondeur, etc.
L’idéal est de s’entraîner dans une voie équipée "normalement", sur spit ou ring, et dans laquelle vous placez des coinceurs entre les points. Vous ne risquez ainsi pas grand chose et cette expérience vous permettra de vous rendre vite compte de vos erreurs.
Loin d’être un gadget, le décoinceur permet, comme son nom l’indique, de récupérer les coinceurs récalcitrants. Vu son faible coût (5/10 €), n’hésitez donc pas à investir, sans quoi vous risquez de regretter amèrement de devoir laisser dans un itinéraire un ou plusieurs coinceurs que vous n’arriverez pas à déloger… Sans compter que cela peut s’avérer dangereux si vous en avez besoin dans les longueurs suivantes.
En montagne, choisir un décoinceur qui puisse aussi servir de crochet à lunule de glace ou abalakov.
LES SYSTÈMES D’ASSURAGE
Fabriqués en alliages légers, les freins agissent par friction et permettent de diminuer la force musculaire à exercer pour bloquer ou maîtriser le défilement d’une corde. Les vies de la cordée passent toujours par ces systèmes, leur manipulation nécessite donc un apprentissage et une grande attention à l’utilisation. Il convient de lire attentivement les notices et manuels techniques. Les freins sont toujours employés avec des mousquetons de sécurité.
Du fameux "huit" aux diverses plaquettes et autres "reversos", le principe est toujours le même : la corde, en cheminant à travers le système, crée des frictions sur les angles, ce qui réduit ainsi les efforts pour maîtriser le coulissage.
Ces modèles s’utilisent avec une corde simple ou avec une corde "à double" et peuvent ainsi servir aussi bien à l’assurage que pour la descente en rappel. Le classique "descendeur en huit" a quasiment disparu ces dernières années, remplacé par les plaquettes, plus légères, et qui présentent l’avantage de séparer les cordes à double lors des manipulations, ce qui évite l’emmêlement des brins et le toronnage. (10/20 €).
SANGLES ET DÉGAINES
Fabriquées en nylon comme les cordes, les sangles permettent de s’assurer sur des amarrages naturels (arbuste, becquet rocheux, lunule…) et de rallonger ou de jumeler des points d’assurage (coinceurs, points décalés, relais…).
Vendues sous formes d’anneaux cousus en usine, gage de résistance et d’encombrement minimal, les sangles peuvent être remplacées par des anneaux de cordes ou de cordelettes en assemblant les extrémités par un noeud de cravate. Il est également possible d’acheter de la sangle au mètre afin de se constituer un éventail de différentes longueurs.
Anneaux de sangle cousue équipés d’un mousqueton à chaque extrémité, les dégaines sont de préférence montées avec des mousquetons aux doigts différents. Le "droit" passe dans le point fixe (plaquette, ring, piton…), tandis que la corde sera mousquetonnée plus facilement dans un mousqueton à doigt incurvé. De plus, le mousqueton à doigt droit risque d’avoir des ébarbures (rayures, à cause de l’agressivité de la ferraille), et risque donc déchirer la corde. Pour cela, la corde ne doit se mettre que dans un mousqueton à doigt courbe !
Pour éviter que celui-ci ne tourne durant les manipulations et ainsi garantir qu’il travaille toujours dans l’axe de sa plus grande résistance, il est conseillé de le maintenir bloqué par un élastique ou un "string" en caoutchouc, qui a aussi l’avantage de protéger cette partie de la sangle des frottements contre le rocher. En montagne
comme en escalade, on place les dégaines avec les mousquetons doigts du même côté, sinon l’un des deux mousquetons (le mousqueton amont ou celui aval) risque forcément d’appuyer sur une protubérance rocheuse et s’ouvrir ou s’affaiblir ! En escalade déversant ou en compétition, le montage des dégaines n’a pas d’importance.
Les dégaines permettent d’éviter ce qu’on appelle "le tirage", provoqué par le fait que les points d’assurage ne sont pas positionnés de façon totalement rectiligne lors de la progression.
Si la corde était reliée au point par un seul mousqueton, il y aurait trop d’angles et de frottements pour qu’elle coulisse facilement. Au bout de quelques mètres, le grimpeur de tête ne pourrait plus progresser. Les dégaines (ou les anneaux de sangles) diminuent ainsi ce tirage qui peut s’avérer très handicapant, surtout en fin de longueur.
Dans le lot "classique" d’une douzaine de dégaines (de +/- 10 cm), il convient donc d’en avoir deux ou trois un peu plus longues (15/25 cm). Des dégaines rallongeables sont également très utiles pour minimiser le tirage et améliorer le guidage de la corde. Il ne faut jamais qu’il y ait de friction entre deux éléments en nylon (sangle/sangle, sangle/corde, corde/corde), notamment lors des rappels. En quelques instants, l’un des deux fera fondre l’autre et c’est alors la chute assurée… Il y a tous les ans des accidents dus à cette grave erreur technique. Mettez donc toujours en place un mousqueton ou un maillon pour ce type de jonction.
On peut exceptionnellement poser un rappel directement sur un anneau de sangle ou de corde, puisque l’usure ne se fera que lors de la récupération du rappel. Les rappels classiques et donc fréquentés sont équipés à demeure d’un maillon rapide, pour éviter cette usure par frottement corde sur sangle ou cordelette.
Prévoyez toujours dans votre sac ou sur votre baudrier un ou plusieurs anneaux pour remplacer une sangle abandonnée à laquelle vous ne feriez pas confiance.
LES CRAMPONS
Pour la plupart des courses en montagne, des crampons d’alpinisme équipés de douze pointes en acier et munis d’un système “anti-botte” pour éviter la formation d’un sabot de neige, feront l’affaire.
Cependant, il existe de nombreux modèles basées sur plusieurs variables, en premier lieu desquels, le matériau. Si la plupart des crampons sont faits d’acier, gage de solidité, de durabilité et de sécurité pour l’ancrage en neige dure ou en glace, il existe depuis quelques années des crampons en aluminium, plus légers, ainsi que des crampons hybrides, avec l’avant en acier et l’arrière en aluminium. Moins résistants, les crampons en aluminium conviendront pour les neiges molles et les approches glaciaires, mais sont à éviter en terrain mixte ainsi que pour les pentes en neige et en glace soutenues. Deuxième critère de différence : le nombre de pointes. Si douze reste la référence des modèles acier, on peut aussi évoluer avec dix pointes acier et parfois sans anti-botte pour un crampon plus léger mais moins technique et moins sécurisant, qui conviendra pour la randonnée glaciaire. Les glaciéristes privilégieront un crampon en mono-pointe à l’avant (plutôt qu’un bipointe) pour plus de précision.
Troisième variable : les pointes avant. Les glaciéristes utilisent des crampons avec des pointes avant crantées (en forme de lames de piolets), qui permettent un meilleur ancrage et sont plus résistantes que les pointes plates.
Dernier facteur de choix : le système d’attache. Les crampons peuvent être entièrement manuels (lanières à l’avant et à l’arrière), semi-automatiques (système de blocage sur le débord arrière de la chaussure, lanière à l’avant) ou entièrement automatiques (système de blocage à l’arrière, barre de fixation à l’avant) et s’adaptent ainsi en fonction des caractéristiques des chaussures dont on dispose (débord avant et/ou arrière). Les crampons automatiques apporteront plus de précision, tandis que les lanières permettent une plus grande polyvalence ; les semi-automatiques offrent le meilleur compromis tenue du pied/polyvalence.
Conseillons enfin, pour le transport, l’utilisation d’une sacoche à crampons.
LES PIOLETS
Un piolet est composé d’un manche, d’une pointe, d’une lame et d’une panne ou d’un marteau et parfois d’un ergot. Il existe plusieurs types de piolets et plusieurs façons de le tenir, selon ce qu’on veut faire avec :
- Le piolet classique est droit. Dit piolet-canne, long d’environ 60 centimètres, il se tient verticalement et permet de s’appuyer - toujours du côté amont, main sur la panne et lame en avant - jusqu’à 50/55°. En descendant, on positionnera la lame vers l’arrière pour enrayer une glissade plus facilement. Le compagnon des alpinistes pour les courses de neige et de randonnée glaciaire.
- Le piolet technique, d’une taille de 50 centimètres, offre un meilleur ancrage pour l’escalade en glace. Légèrement galbé, doté d’une poignée pour faciliter l’adhérence, il vient souvent par deux : l’un est muni d’une panne, l’autre d’une tête de frappe. Ils conviennent pour l’alpinisme en glace et mixte.
- Le piolet ergonomique est plus technique encore que le piolet technique. Davantage galbé, muni d’un ergot pour retenir la main, le manche est souvent déporté pour faciliter l’ancrage en cascade de glace et en drytooling, ces deux principaux usages. Ces piolets peuvent s’accompagner de leaches, fixées au baudrier, pour éviter de les perdre lors de l’ascension.
LES NORMES DE SÉCURITÉ
Le matériel d’alpinisme répond à des normes de sécurité, et fait donc l’objet de tests de résistance et d’usure répondant à trois standards :
- le marquage CE (conformité européenne) qui indique que les tests de résistance sont conformes aux lois de l’Union européenne.
- le label UIAA (Union Internationale des Associations d’Alpinisme) qui est plus exigeant que la norme CE sur certaines catégories de produits.
- la norme ISO qui indique que la marque dispose d’une "assurance qualité" tout au long de sa chaîne de fabrication.
Ces classifications indiquent les charges maximales auxquelles le produit a été soumis avant rupture. Généralement, cela se situe au-delà des deux tonnes pour les équipements classiques de sécurité.
Les résultats sont, la plupart du temps, gravés sur le matériel métallique (mousquetons, descendeurs, poulies, etc.) ou mentionnés dans les notices d’utilisation. L’unité utilisée est le kilonewton (kN), une mesure de force correspondant à la multiplication de la masse par l’accélération afin de symboliser l’impact d’une chute. Un kN est équivalent à environ 100 kg.
Attention, ces tests portent sur des équipements sortis des chaînes de fabrication et ne prennent pas en compte l’usure à l’utilisation. Ainsi, il ne faut pas hésiter à mettre au rebut des matériels trop anciens ou abîmés, même légèrement.