Planifier sa course en montagne
L’alpinisme demande de savoir évaluer ses capacités physiques, techniques et mentales, ainsi que de préparer son itinéraire avec soin… voire un brin de paranoïa : le « worst case scenario », comme les anglo-saxons l’appelle !
Ouhou !!! Au secooours ! Derrière nous, une cordée visiblement en mauvaise posture… En se rapprochant, nous constatons que les deux protagonistes sont pendus comme des saucissons au bout de leur corde, et que l’ambiance est également bancale. En effet, l’itinéraire choisi n'est pas celui de la voie et la cordée se trouve bloquée, ne pouvant plus avancer par manque de niveau, ni redescendre en rappel par manque de matériel. L’alpinisme est une activité sportive qui nécessite de connaître ses capacités physiques, techniques mais également mentales. DE L’ESCALADE À L’ALPINISTE, IL N’Y A QU’UN PAS ?
Toutes les activités de plein air demande une certaine curiosité, c’est peut-être le premier dénominateur commun. La verticalité, mais aussi les grands espaces qui contrastent avec l’horizon, constituent une source de contemplation, de satisfaction et d’émotion. Enfin, les différentes pratiques comme le bloc, la falaise ou la salle amènent à un enrichissement technique et gestuel, mais aussi au partage que l’on retrouve avec son guide, son compagnon de cordée, ou encore en échangeant sur les conditions de la course, dans un refuge à 3 000 mètres. On peut aussi être attiré par l’aspect mythique de certaines voies. Faire de la fissure dans du terrain d’aventure, dormir en bivouac ou en refuge, alimentent le côté aventureux, pour les débutants comme pour les experts.
QUELS SONT LES PRÉREQUIS INTELLECTUELS ?
Aimer la contemplation… ce qui intéressera certainement les amoureux des grands espaces, de l’air vif, des contrastes marqués. On a besoin d’avoir un esprit aventureux pour faire de l’alpinisme, d’avoir l’aptitude à explorer mais aussi être curieux et motivé. Avoir envie et, généralement, l’appétit vient en mangeant !
QUELS SONT LES PRÉREQUIS PHYSIQUES ?
Il n’y a pas besoin de qualités physiques fulgurantes, simplement l’envie de marcher sur la glace suffit pour débuter l’alpinisme. Aujourd’hui, avec le téléphérique à Chamonix, on peut rapidement se retrouver en altitude, aussi n’y a-t-il pas d’âge pour devenir féru, juste être en capacité de marcher et faire attention aux contre-indications s’il y a des pathologies.
Par exemple, pour réaliser les Dômes de Miage dans le massif du Mont-Blanc, qui est une traversée classique pour débutant, je m’attache à évaluer la capacité à réaliser un effort long et la motivation. L’été passé, une femme skippeur souhaitait faire le mont Blanc mais nous n’avions que peu de temps et la fenêtre météo était juste. Alors, je lui ai proposé d’autres courses plus accessibles qu’elle a décliné. J’ai compris qu’elle était très motivée, c’était son rêve. Elle m’a dit qu’elle avait réalisé un trek à 5 000 mètres d’altitude, j’ai donc supposé qu’elle pouvait être endurante, qu’elle saurait doser son effort, gérer ses besoins comme l’hydratation, et qu’on allait parler le même langage. Effectivement, dans cette petite fenêtre météo, nous sommes partis à 5 heures du matin et sommes arrivés au sommet 8 heures plus tard, victorieux et emplis d’émotions.
Le guide est un vecteur d’accomplissement personnel. On est là pour faciliter l’accès à la montagne, apprendre à faire son sac, et on saura adapter la course aux capacités des voyageurs, peu importe leur niveau, permettant ainsi de réaliser moult objectifs.