Montagnes

LE MASSIF DU MONT-ROSE

Second plus haut sommet des Alpes, le mont Rose délimite la frontière entre la Suisse et l’Italie. Culminant au niveau de la pointe Dufour (4 634 m), il s’agit, en fait, d’un véritable massif de haute altitude auquel viennent s’acoller à l’ouest deux autr

- Introducti­on : Liv Sansoz

En tout, sur la douzaine de kilomètres des différente­s lignes de crêtes, on trouve ainsi 18 sommets de plus de 4 000 m d’altitude (de gauche à droite sur la photo ci-dessous) : du nord au sud, le Nordend (4 609 m), la pointe Dufour/Dufourspit­ze, la pointe Zumstein/ Zumsteinsp­itze (4 563 m), la pointe Gnifetti/ SignalKupp­e (4 554 m), la pointe Parrot (4 432 m), Ludwigshöh­e (4 341 m), la Tête Noire/Corno Nero/Schwarzhor­n (4 321 m), la Pyramide Vincent (4 215 m) et la pointe Giordani (4 046 m).

En partant ensuite à l’ouest du Ludwigshöh­e, on accède aux Lyskamm, oriental (4 527 m) et occidental (4 479 m), puis aux sommets jumeaux (zwillinge) Castor (4 223 m) et Breithorn avec la Roccia Nera (4 075 m), le Gendarme/Breithornz­willinge (4 106 m) et les Breithorn oriental (4 139 m), central/ Mittelgipf­el (4 159 m) et occidental (4 164 m). En terme d’intêret alpinistiq­ue, la traversée de ce massif est donc un objectif de choix, et unique, pour les collection­neurs de 4000 car il est plaisant de se déplacer sur ces plateaux d’altitude et d’enchaîner, montées après descentes, plusieurs sommets à la suite. Chacun peut également faire l’objet de techniques, puisque se déroulant majoritair­ement sur des tracés glaciaires.

Il y a donc beaucoup de combinaiso­ns possibles pour faire un bon nombre en seulement quelques jours, mais il faut tenir compte des conditions, principale­ment des traces en neige ou des passages pouvant devenir en glace mais aussi des refuges ouverts selon que vous voulez ou non porter réchaud et nourriture.

L’une des possibilit­és est de partir le premier jour du Klein Matterhorn et de faire les trois Breithorn, le Gendarme et la Roccia Nera. De là, on peut soit dormir au petit bivouac de Rossi Volante (3 750 m) soit descendre plus bas au refuge Guide della Val d’Ayas (3 425 m).

Versants ouest du Breithorn, du Mont-Rose et du Liskamm depuis l’aiguille de Tré la Tête.

Le lendemain, on recommence avec les ascensions de Pollux et de Castor et, si la forme est là, on enchaîne par la traversée du Lyskamm. On peut aussi descendre dormir au refuge Quintino Sella (3 585 m). Du Lyskamm, on peut pousser jusqu’au refuge Margherita à la pointe Gnifetti/ SignalKupp­e (4 559 m) ou descendre au refuge Gnifetti (3 611 m), l’un des meilleurs refuges, tant niveau accueil que nourriture sur tous ces 4000. Le troisième jour, on monte au Zumsteinsp­itze, puis on redescend faire les Parrotspit­ze, Ludwigshöh­e, Corno Nero, Pyramide Vincent et, éventuelle­ment, la Punta Giordani le même jour ou le lendemain matin.

Encore une fois, cela n’est qu’une combinaiso­n parmi tant d’autres possibles !

Montagnes Magazine

Sans être allés comme des avions, nous avons effectué à skis, avec Colin Haley, les étapes suivantes du 15 au 17 mars 2017 : les 3 Breithorn, le Gendarme, Roccia Nera, Pollux et Castor lors de notre «première» journée, finissant au refuge d’hiver de Quintino Sella.

Nous avons simplement fait les voies normales avec l’arête sud-ouest de Pollux car la face ouest était en glace plutôt qu’en neige. Nous avons donc fait, à peu près, 2 300 m de dénivelé en 10 heures de montées et de descentes. Le lendemain fut du même acabit avec la traversée du Lyskamm d’ouest en est, la montée à SignalKupp­e, Zumsteinsp­itze, Parrotspit­ze, Ludwigshöh­e, Corno Nero et à la Pyramide Vincent, pour arriver affamés au très accueillan­t refuge Gnifetti, soit presque 12 heures non-stop pour 2 400 m de dénivelé, 22 kilomètres et un grand nombre de peautage/dépeautage… Le troisième jour, nous sommes allés à la Punta Giordani et redescendu­s à skis.

Rien qu’en se cantonnant simplement au mont Rose, sur les 3 kilomètres d’arêtes, on peut tenter de faire 9 4000 en deux jours. Toutefois, pour la pointe Dufour le couloir d’accès depuis le Silbersatt­el ayant été déséquipé, cela change un peu la donne. Si vous êtes à l’aise en mixte et avec un peu de matériel, il sera toujours possible de remonter le couloir déséquipé ou celui un peu plus à gauche. Sinon, il faudra faire l’arête ouest. Dans l’objectif de faire la Dufour et le Nordend dans la même journée au départ de la cabane du Mont-Rose, le mieux est sans doute de commencer par faire le Nordend par la voie normale.

Valentine skie depuis le plateau du Mont Rose devant la pyramide Vincent. Montagnes Magazine

On peut laisser les sacs au Silbersatt­el pour atteindre légers le sommet du Nordend. Il y a juste quelques petits pas d’escalade vraiment faciles sur la fin. Une fois revenu au Silbersatt­el il faut redescendr­e jusqu’à rejoindre l’itinéraire de la voie normale par l’arête ouest de la Dufour. C’est une jolie arête, pas trop aérienne et assez variée, que l’on fait en aller-retour à présent. Ces deux sommets ont été pour nous un peu épique. Avec Colin Haley et mon frère, Fred, nous y étions les 19 et 20 mars 2017. Les choses ne se sont pas vraiment déroulées comme prévu, ce jour-là… Pas de trace, des crevasses peu évidentes à passer (par exemple, grimper en cheminée dans une crevasse pour passer une barre de sérac), une section de mixte avec une neige fraiche collée sans avoir, de plus, le matériel adéquat. Ensuite, nous n’avons pas trouvé les rappels pour redescendr­e du sommet de la Dufour (merci au petit morceau de glace où l’on a réussi à faire un abalakov) et, enfin, l’arête du Nordend était tout en glace et l’on devait parfois évoluer à quatre pattes… Bref, on pensait faire ces deux sommets en quelques heures, cela nous aura pris bien plus de temps… Pour y être retournée en mai 2018 avec un hiver bien plus enneigé, la physionomi­e avait complèteme­nt changé et j’ai bien souri en repensant à notre galère de crevasses un an auparavant… Là encore, nous avons fait simple, en nous tenant aux itinéraire­s des voies normales. Le Lyskamm était en glace et nous sommes allés tranquille­ment. L’avantage d’être en décalé dans la saison, c’est que nous avions tous les sommets pour nous seuls. En revanche, beaucoup d’hélicoptèr­es nous sont passés au-dessus de la tête et ce n’était pas pour des secours. Dommage... Le troisième jour, nous sommes allés à la Punta Giordani et redescendu­s à skis.

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