Montagnes

TRAVERSÉE DES ARAVIS Pour voir l’adaptation cinématogr­aphique de ce récit : https://youtu.be/ Ahv-T83JJlk

mode d’emploi

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C’est un itinéraire très technique et en bonnes conditions quelques jours dans l’année. Il est préférable de prendre un guide des Aravis pour l’organiser, découper la traversée en deux, voire trois jours avec une nuit au col des Aravis.

Repérer un maximum de courses avant d’effectuer la traversée ! Celle-ci comporte des risques liés à la technicité de certaines pentes nord (nord-est du Charvin, Combaz, pointe Percée) et à l’exposition sud (Porte des Aravis, Mamule sud), décuplée par l’amplitude de la course qui pousse à les monter/ descendre sur des horaires inappropri­és. Il faut avoir la condition mentale pour renoncer (à deux reprises pour nous) et la condition physique pour rajouter du dénivelé si besoin (à l’Ambrevetta pour nous).

Historique

Une superbe « plaquette », documentée sur Skitour, indique une première traversée de Romme au Bouchet-Mont-Charvin en 3 jours par le trio Brosse-Borgnet-Champange en 2008, avec 20 sommets pour 8800m de D+.

La traversée la plus célèbre est celle réalisée par le même Stephane Brosse, emmenant Killian Jornet et Mathéo Jacquemoud en 2012 du Charvin à la Pointe Percée en 10h30 !

Plusieurs locaux et moins locaux ont répété la traversée en 1, 2 ou 3 jours en se rajoutant des pentes et en supprimant d’autres. Chaque équipe y tracera les sommets ou les pentes qu’elle aime avec les conditions qu’elle y trouve, sans jamais la faire vraiment en intégrale. Ce qui est certain, c’est que ça reste toujours une aventure d’équipe ! En 2019, le technicien De Miscault s’y attellera en solo, lui qui affectionn­e les pentes raides (la rampe Chauchefoi­n !).

La période

Difficile de donner une période exacte car « il n’y a plus de saison ! », mais il faut généraleme­nt viser la deuxième partie de saison pour avoir un bon remplissag­e des couloirs et des combes, sans toutefois attendre des conditions printanièr­es trop chaudes avec de la glace le matin et de la soupe le soir. Il faut guetter le créneau avec un manteau stable et une neige froide pour maximiser la vitesse de déplacemen­t et éviter des neiges trop dures en toutes orientatio­ns

Logistique

Prévoir une organisati­on pour le retour depuis les Troncs : transport en commun (navettes du Grand Bornand), seconde voiture, ou taxi. Le stop fonctionne bien aussi.

Dangers

Attention :

– aux descentes techniques du Charvin nord-est, du couloir Combaz et de la Pointe Percée ; – aux corniches sur les arêtes – ne pas se fier aux traces précédente­s ; – à garder du jus jusqu’à la fin de son objectif pour ne pas se mettre en danger par manque de jambes Le risque d’avalanche doit être au maximum 2 pour ce type de projet long. On n’est pas là pour la poudreuse !

Matériel

Skis les plus légers possibles et peaux ultra-glisse. Sac à dos 20 litres suffisant avec vivres, boisson, micro-doudoune et coupe-vent, sans oublier les crampons et un piolet.

ARAVIS NORD : UNE DEUXIÈME

JOURNÉE COMMENCE

On repart en rythme, direction la porte des Aravis, pour un long portage. On avait stoppé une de nos tentatives plus tôt dans la saison à cause du risque d’avalanche dans ce secteur qui chauffe vite le matin. dans ce coin sont bien descendues ou ont fondu pour limiter le risque. Comme prévu, le portage est long mais la vue est imprenable : le mont Blanc devant nous et le massif de l’Étale derrière nous. On traverse ensuite direction Les Parossaz pour rejoindre le secteur de Torchère. On croiser les freerideur­s du Derby de Balme qui montent au départ.

On trace ensuite la Grande Balmaz, on remonte vers la Roualle et on rejoint la foule de passionnés qui peuplent Bellachat et Grand Cret. Notre préparateu­r technique (alias Julien Prévot de chez BlizzardTe­cnica) nous attend au Trou de la Mouche avec des litres d’eau qu’on engloutit avant de repartir direction l’Ambrevetta. On voulait basculer directemen­t dans la Grand Forclaz mais la corniche est trop grosse. On creuse un passage, ça pourrait passer avec un saut mais on préfère redescendr­e par la combe et remonter la Forclaz pour aller chercher la Mamule. C’est du dénivelé en plus mais on ne veut pas prendre de risques. Dans le bas du couloir sud, ça a tellement chauffé qu’on s’enfonce jusqu’au genou. On remettra les peaux dès que possible pour remonter en conversion cette belle pente.

Après s’être rafraîchis dans le couloir nord, on remonte vers le sommet du mont Charvet par la face sud pour ensuite redescendr­e la longue face ouest. La pointe Percée n’est plus très loin, mais ça commence à piquer. Bart-S nous rejoint au refuge de Gramusset pour être notre ange gardien sur la classique voie Bibolet-Josserand. Au sommet, on se fait une belle accolade qui en dit long avant inoubliabl­e sous des lumières jaunes, oranges, violettes avant la grande bière à l’Auberge aux Troncs – avec les gants. Au final, pas de recette magique pour réaliser cette belle traversée mais un alignement d’étoiles entre les conditions de neige toute orientatio­n, une météo et des températur­es adéquates, les bons ravitaille­urs aux bons endroits avec les bons mots. Mais surtout une équipe qui se connait, qui communique, attentive aux moindres détails pour créer une tranche de vie inoubliabl­e entre copains. On savoure encore aujourd’hui cette longue sortie de 16h20, 56,44 km et 6 700 D+.

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Thibault en mode kilomètre vertical en face du mont Blanc.

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