ISIDORE PEYRATO
DANS SA STATION ABANDONNÉE DU PUIGMAL
« Bienvenue chez moi ! » En novembre dernier, Isidore Peyrato nous accueillait tout sourire sur le perron de cet immense centre défraîchi. Nous faisions alors partie d’un petit groupe de journalistes conviés pour découvrir les nouveaux et futurs aménagements de la station abandonnée d’Err-Puigmal. C’est bien ici que vit et travaille Isidore, au milieu de ces bâtiments déserts entourés de remontées mécaniques inutilisées. Le complexe perché à 1 830 m d’altitude s’étend sur 320 ha. Cette plaine d’altitude s’étend le long de la frontière franco-espagnole. D’un côté, la vallée de la Cerdagne et de l’autre, celle de la Nuria. Le panorama offre des paysages sauvages qui invitent à la contemplation. Isidore aime et chérie ce domaine depuis toujours. Le Pyrénéen de 55 ans est né à Llivia, petite enclave espagnole à 6 km de là. Installé très jeune à Err, il n’en est jamais reparti. Il est d’ailleurs élu depuis 1995 dans la commune et endosse depuis juin 2020 le rôle de maire. À 55 ans, ce montagnard a connu l’ascension de cette station de ski et sa chute. Aujourd’hui, il porte un projet de redynamisation et veut rendre accessible ce terrain de jeu de 320 ha.
Il n’était pas encore présent quand la station a ouvert ses portes en 1974. À l’époque, ce projet de grande ampleur promet des retombées économiques importantes pour la région. Ce n’est qu’en 1988 qu’Isidore fait son entrée. Il est embauché en tant que moniteur de ski puis évolue comme responsable du centre puis directeur, et « C’était passionnant mais épuisant ! Je dormais 4h par nuit et ça ne s’arrêtait jamais. Le bâtiment était le poumon de la station. » En 2006, le domaine fait peau neuve après quelques saisons productives. De nouvelles infrastructures voient le jour. Mais le réchauffement climatique va avoir raison de cette ascension. Car l’or blanc tombe de moins en moins. Après trois hivers sans neige, la station de ski la plus haute des Pyrénées ferme en 2013. Isidore doit trouver une solution pour sortir du gouffre.
Il s’embarque alors dans plusieurs années de négociation, de démarches administratives, de réunions interminables. « L’objectif est de la convertir le mieux possible. Nous avons alors fait un appel à manifestation dans le cadre de cette réhabilitation. Et Rossignol a répondu présent ! », se réjouit le maire. Via son concept « Outdoor Experience », la marque au coq tricolore accompagne la station de ski vers une reconversion en espace naturel quatre saisons. Aujourd’hui, Err-Puigmal propose 29 parcours VTT, trail, marche nordique et ski de randonnée. Des tracés gratuits, libres d’accès et pour tous les niveaux. « Je revis avec ce projet !, se réjouit Isidore. Nous voulons un domaine familial praticable toute l’année pour redonner une impulsion à la station. »
Pour ça, Isidore fourmille d’idées. Il rêve de remettre en marche les remontées mécaniques, souhaite développer une offre freeride sur la partie haute du domaine… Le tout dans le respect de cette biodiversité riche qui l’entoure au quotidien. « C’est primordial. Il y a un grand volet environnemental dans ce projet. Le développement des infrastructures sera canalisé là où la faune ne niche pas pour ne pas la déranger. » Il pense aussi déjà à des outils ludiques pour sensibiliser les promeneurs. Lors de notre départ, il guette une famille de lagopèdes alpins, ou perdrix des neiges, venue installer son nid dans les falaises du domaine. On trouve ici aussi des isards, des marmottes et sur les crêtes du Puigmal, des vautours fauves. Entre forêts et grands espaces se cache une faune sauvage protégée. Isidore en est un véritable passionné. Il connaît tous les animaux qui partagent avec lui le domaine, un peu comme ses voisins de palier. En février dernier, quelques installations donnaient un avant-goût de ce renouveau. Un food-truck avait été posé au pied des pistes. Sandrine y préparait avec amour des plats faits maison avec des produits locaux. Cette journée-là, toutes les paires de raquettes et de ski de fond d’occasion avaient été louées. Il y avait même un embouteillage sur la piste de luge. Isidore contemplait alors ce spectacle avec un grand sourire. Et même si « ce n’est qu’un début », le Pyrénéen était soulagé de voir