Montagnes

LA MOTIVATION DU DÉCOR

- Par Lionel Tassan

Randonner en montagne peut se suffire en marchant sur un chemin sans objectif précis. Ce serait toutefois dommage étant donné les multiples émerveille­ments que ce paysage peut nous procurer. Toutes ces sources de bonheur visuel sont autant de critères qui pourront servir à motiver les plus réticents sans qu’on ait besoin de forcer la main au point de dégoûter les apprentis.

La randonnée dans sa forme la plus simple est un sport ne demandant pas de matériel particulie­r autre que des vêtements souples permettant une aisance des mouvements et adaptés à la températur­e, une paire de baskets et un petit sac à dos. Techniquem­ent, elle ne consiste qu’à mettre un pied devant l’autre et recommence­r jusqu’à atteindre son but, et en revenir. Elle peut donc se pratiquer sur des chemins depuis son domicile, voire sur des voies (piétonnes de préférence) au milieu de zones habitées. Et dans l’unique but de dépense physique, il est même facile d’imaginer un petit tourniquet autour de répétera autant de fois que souhaité. La méthode « hamster ».

Pratiquer cette même activité en montagne reste pourtant autrement émotionnel du fait de la présence du décor. Et quel que soit le but désiré (balade entre amis, performanc­e physique pure ou communion véritable avec le milieu), l’attrait du paysage reste un facteur primordial de la motivation. Lorsqu’on débute, que ce soit avec des enfants ou même entre adultes, cette recherche du but à atteindre (lac, cabane, sommet, col…) colle parfaiteme­nt avec cette idée que le décor dicte souvent nos choix et notre motivation. Ce paysage sera différent, qu’on y soit le matin ou le soir, en été ou au printemps, par beau temps ou par brouillard… La recherche des conditions le sera tout autant par le lieu lui-même que par le moment (heure et météo).

Choisir sa randonnée, c’est d’abord en avoir déjà entendu parler. Que ce soit dans des livres, par bouche-à-oreille, sur un programme promotionn­el… Pour la préparer, il sera préférable de se plonger dans un topo même « primaire » : où se garer ? Par où passer ? Dans le cadre d’une grande classique, on suivra normalemen­t un sentier balisé. Dès le départ, on devrait trouver un panneau indiquant la direction et l’horaire moyen. On pourra donc se contenter de cette (toute) petite préparatio­n. Mais pour pouvoir par la suite s’aventurer

UN GYPAÈTE S’ÉTAIT IMMISCÉ PARMI LES GRANDS PLANEURS.

dans des randonnées plus longues, des bivouacs et sortir un peu des sentiers (très) battus, mieux vaut se familiaris­er avec la lecture de carte. Et surtout, cela permet de préparer le projet. Les plus jeunes enfants n’ont pas l’envie de se dépasser physiqueme­nt. Ils ne comprennen­t pas forcément l’intérêt de marcher, de mettre un pied devant l’autre pour ensuite revenir en arrière : « À quoi ça sert de monter puisqu’il faut redescendr­e ensuite ? » m’avait dit le

À moins de déjà connaître l’itinéraire, l’étude de la carte permettra de poser des le temps de marche, en jouant au commercial (il faut que ce soit « vendeur ») et les différents points repères. Parmi les destinatio­ns les plus prisées par les apprentis, les lacs et les cabanes sont les plus appréciés. Surtout si la cabane est une étape nocturne. À défaut, le bivouac est imparable. Certes, il demande de l’organisati­on mais comme il faut toujours voir le positif, on dira qu’il ne faut préparer le matériel qu’une seule fois pour deux journées. Et le résultat sera à la hauteur des attentes, pour peu qu’on soit bien équipé pour la nuit (sac de couchage et matelas adaptés aux températur­es). L’observatio­n des animaux est également une source de motivation pour les enfants et les plus grands. Ces rencontres demeurent aléatoires mais aujourd’hui, certaines espèces sont faciles à appréhende­r : le chamois des Bauges ou des Écrins, les bouquetins d’un peu partout, les marmottes, les vautours du Vercors… Ne pas hésiter à se munir d’une petite paire de jumelles pour

Lors d’une randonnée sur le sud des plateaux du Vercors, au milieu des nombreux vautours fauves faisant désormais partie du paysage quotidien, un gypaète s’était immiscé parmi les grands planeurs. Curieux de voir ces randonneur­s déambulant sur les crêtes, il s’était approché. C’est une attitude assez typique de cet oiseau majestueux : près de 3 m d’envergure ! Il fit deux passages de plusieurs minutes, venant parfois nous survoler à quelques mètres avant de partir et d’être harcelé par un aigle royal. Quel spectacle ce jour-là dans le ciel ! Ce massif du Vercors est une aubaine pour les jeunes randonneur­s. Les dénivelés sont facilerenc­ontrera à coup sûr les grands rapaces ou les bouquetins, voire les deux ! Tous les pas du versant est (du col Vert jusqu’au sud du mont Aiguille) qui débouchent sur les hauts plateaux sont susceptibl­es de nous faire rencontrer la plus grande des chèvres sauvages. Elle pourra par ailleurs cohabiter avec l’antilope des montagnes (le chamois), la marmotte…

Que ce soit la rencontre de cette faune sauvage dont une partie est devenue accessible, le passage sur un beau sommet avec la petite bord d’un lac miroir ou encore la beauté ou l’originalit­é de certains paysages, cette recherche du « pourquoi on fait tout ça » est véritablem­ent motrice de nos escapades sur les sentiers de montagne et d’ailleurs.

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Fin de journée d’automne face au Vercors : une des explicatio­ns du « pourquoi on va là-haut ».
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Les marmottes : un attrait pour les enfants.

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