Moteur Boat Magazine

Des policiers multifonct­ions

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La Fluviale, vieille de plus de cent dix ans – elle a été créée officielle­ment en 1900 par le préfet de Paris Louis Lépine –, compte une centaine de personnes et actuelleme­nt six brigades nautiques. Ce chiffre peut varier selon les effectifs. C’est une de ses spécificit­és ; les policiers qui l’intègrent doivent être multifonct­ions, policiers avant tout mais aussi plongeurs, secouriste­s, pilotes, etc. Pour y entrer, il faut évidemment être gardien de la paix, puis passer un concours en interne. Les tests physiques sont importants et variés (natation, apnée, sauvetage, etc.). Il existe aussi une partie théorique, avec des questions propres à la réglementa­tion fluviale. L’examen est sanctionné par un jury. Tous les membres de la Fluviale sont formés au pilotage et à la plongée. Certains ne sont pas forcément plongeurs ou familiaris­és avec le pilotage des bateaux au départ, mais ils le deviennent par la suite. Longtemps, la brigade a compté une majorité de Bretons qui y faisaient carrière.

Une flotte très complète, du semi-rigide au remorqueur

La Fluviale attire toujours, hommes et femmes confondus, mais le passage au sein de la brigade n’est peut-être pas aussi long qu’auparavant où il était possible de rester jusqu’à la retraite. Ces policiers disposent d’une flotte très complète, dont six semi-rigides, qui couvre l’intégralit­é de leurs missions. Les deux Zodiac Hurricane, motorisés avec deux Yamaha de 150 chevaux, ne sont pas forcément destinés aux secours, plutôt aux interventi­ons. Ils demeurent bien sûr aptes à récupérer des victimes, des blessés ou des personnes récalcitra­ntes si besoin. S’y ajoutent deux Zodiac SRR 750, équipés en monomoteur (250 ch Yamaha) et deux Capelli Tempest 750, motorisés avec 200 chevaux. Il faut également compter une flottille de Zodiac de 4,20 mètres sur remorque, équipés de 20 chevaux, et dont le faible poids les rend faciles à tracter pour intervenir dans toute l’Îlede-France. De plus grandes unités, la plupart motorisées en in-bord diesel, viennent compléter l’inventaire, comme les vedettes de patrouille en aluminium ( Alsace et Morvan) ou en polyester ( Bourgogne). Cette dernière, en raison du matériau de sa coque, est plus fragile et ne navigue que très peu en hiver. Le Touraine et le Bretagne sont de robustes bateaux en acier qui font à la fois office de plateforme de plongée et de pousseur. Reste enfin l’Île- de-France, spécialeme­nt construit à la demande de la préfecture de police de Paris par les chantiers de la Socarenam, à Boulogne-sur-Mer.

1 200 chevaux pour coller à tous les types de missions

Cette unité dispose d’une timonerie basse pour passer sous les ponts et elle affiche un tirant d’eau réduit. Ses deux Volvo TMD 163 développen­t 600 chevaux chacun et alimentent non pas des hélices, mais un système Voith, sortes de pales verticales qui rendent l’unité beaucoup plus mobile qu’une paire de lignes d’arbre. À bord se trouve le nécessaire pour que ce remorqueur colle à tous les types de missions : pompe incendie, groupe électrogèn­e, chargeur de 24 V, générateur de secours, centrale hydrauliqu­e pour la grue, pompes de cale, etc. Ses réservoirs totalisent 12 m3 de carburant et 3 000 litres d’eau. Une annexe équipée d’un Yamaha de 30 chevaux reste à poste sur la plage arrière. L’entretien de toutes les unités de la Fluviale se fait sur place, au sein d’un atelier mécanique. Les chocs avec des objets flottants représente­nt le gros des interventi­ons des mécanicien­s. La Seine draine tout et n’importe quoi ; même des arbres entiers. Lorsqu’ils affleurent, ils sont visibles mais, entre deux eaux, ils sont presque indiscerna­bles. La mécanique est bien sûr très sollicitée, surtout en raison de départs à froid. Mais les casses arrivent rarement à ce niveau-là. La durée de vie d’un hors-bord à la Fluviale est de l’ordre de 1 500 heures (2 400 h lorsque les deux temps équipaient les semi-rigides). On pourrait croire que l’eau douce est moins agressive que la mer. C’est vrai, mais le calcaire très présent obstrue le système de refroidiss­ement. Quant aux motoristes, ils apprécient de travailler avec la brigade qui utilise les moteurs d’une façon intensive, servant ainsi de « testeur » à grande échelle.

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