10 pompes à la torture
Équipement délaissé du bord, la pompe de cale peut pourtant faire la différence en cas d’urgence. Afin de mettre en évidence leurs performances et leurs atouts technologiques, nous avons passé au banc d’essai dix modèles immergés à déclenchement automatique intégré.
Installée à demeure au fond de la coque, la pompe de cale fait tout pour se faire oublier. Mission réussie tant elle a peu de chances de se retrouver en tête des priorités du plaisancier ! Il s’agit pourtant d’un équipement de sécurité essentiel, susceptible d’aider à maîtriser un envahissement ou limiter l’humidité dans les fonds. Les diverses vannes qui traversent la coque et la tuyauterie des réseaux de fluides qui parcourent les aménagements ont beau être fiables, ce sont des sources potentielles de fuites, sans oublier les presse-étoupe d’arbre ou de jaumière, la jupe d’étanchéité des propulseurs d’étrave ou des embases sail-drive. La liste est longue, surtout sur une unité équipée pour le grand voyage. Une voie d’eau peut aussi se manifester de manière accidentelle, suite à un abordage par exemple. Les pompes de cale testées ici ne sont pas destinées à cet usage, mais à évacuer les eaux de cale « traditionnelles ». Afin d’étaler une voie d’eau importante, il est conseillé de s’équiper de pompes supplémentaires à très haut débit (jusqu’à 125 l/mn) et de technologies différentes, centrifuge pour la capacité d’évacuation et diaphragme pour la fiabilité et la robustesse.
Un équipement au prix raisonnable
Comparé au prix moyen des équipements de sécurité, celui d’une pompe de cale n’a rien d’excessif, aucun modèle testé ne dépassant les 150 €, et son installation ne présente pas de complexité particulière. Autant de raisons pour reconsidérer cet équipement aussi indispensable qu’ignoré, y compris des constructeurs qui, trop souvent, ne choisissent et n’installent les pompes en dotation standard que sur des bases exclusivement économiques... Afin de maintenir une cohérence maximale à nos tests, nous avons limité notre échantillon aux seuls modèles électriques immergés à déclenchement automatique intégré, qui sont de loin les plus répandus. Il existe d’autres solutions, sur la base de pompes à diaphragme, manuelles et donc indépendantes de l’énergie du bord, ou électriques, couplées à un système de déclenchement séparé, mécanique ou électronique. La consultation des pages de catalogues peut laisser perplexe tant les unités de mesure varient selon l’humeur du fabricant, avec un mélange de gallon (É-U) par heure, de litre par heure et de litre par minute, le tout donné pour un relevage sans pression ou à un mètre ! Pour simplifier la lecture des résultats, la capacité des pompes sera exprimée ici en litre par minute, correspondant à des débits théoriques de 30 à 80 l/mn, répartis en deux groupes de puissance annoncée, de 30 à 50 l/mn et de 70 à 80 l/mn, avec une alimentation en 12 V. Pour la même raison, les hauteurs de relevage sont mesurées en mètre et la consommation électrique en ampère.
Un contacteur qui se déclenche seul
Quelle que soit la marque, les pompes de cale automatiques centrifuges utilisent des solutions technologiques communes. Outre la qualité de fabrication, l’architecture du boîtier (moteur en position verticale ou horizontale), les différences se situent essentiellement au niveau du contacteur qui sert à déclencher automatiquement la mise en marche en présence d’eau. Le dispositif peut être purement mécanique, sur la base d’un flotteur contrôlant un interrupteur. L’inconvénient de ce système est lié à la présence de pièces mobiles qui courent le risque de s’encrasser dans le temps et de se bloquer. Le contacteur capacitif utilise un circuit électronique émettant un faible champ magnétique, dont la mesure de déformation en présence d’eau enclenche la mise en marche du moteur. Dépourvu de toute pièce mobile, ce système plus évolué reste fonctionnel en toutes circonstances, même en présence de débris, de salissures ou d’huile. Contrairement aux apparences, la turbine extrait l’eau du corps de pompe grâce à la face extérieure convexe des pales, qui rejette le fluide vers l’extérieur (d’où l’appellation centrifuge). L’avantage de cette technologie est d’obtenir un débit élevé et un flux continu avec un appareil très compact.
Des modèles submersibles plus complexes à installer
Mais la capacité d’évacuation diminue vite avec la hauteur de la colonne d’eau : un débit de 30 l/mn à zéro mètre peut ainsi passer à 9 l/mn à 2 mètres... À l’inverse, le système à diaphragme, typique des pompes manuelles, offre un débit plus faible et discontinu, mais il reste constant quelle que soit la hauteur d’évacuation. Comme ces pompes ne sont pas de type submersible, elles peuvent être installées en hauteur par rapport au puisard.