L’art et la matière
Été 2015, Pacific Craft présente un 30 pieds racé, siglé RX pour Racing Experience. La carène est signée Laurent Plasse et le dessin Éric Loiseleux. Rencontre avec un designer au parcours atypique, où se croisent motos, moteurs, offshores et recherche de la ligne idéale.
Comme beaucoup de gamins de sa génération, Éric Loiseleux est attiré par l’univers de la moto. Il ne le sait pas encore, mais il symbolisera la différence, une forme de liberté, les sensations fortes, la créativité. Éric commence par trafiquer des mobylettes puis, plus grand, il continuera sur ses premières motos. Son grand-père ne joue pas de la clef à molette avec lui mais, comme il peint, il l’emmène dans les musées, lui apprend à aimer l’art. La passion conduit Éric vers un BTS de construction mécanique. Il pourrait poursuivre en école d’ingénieur, mais l’empreinte du grand-père est là. Son lycée est lié à l’école de design Olivier de Serres, et il suit cette piste plus créative. Après le concours, il est admis à la prestigieuse école des « Arts Déco » à Paris. Il fréquente aussi l’école d’art du Louvre en cours du soir et l’école Duperré (art graphique, volume). « Pour rejoindre le design, il fallait des bases artistiques », dit-il tout simplement. À la fin des années 1980, le parcours est atypique. L’Hexagone n’a pas une culture approfondie du design industriel. « Les Arts déco m’ont donné une vraie envie de liberté, de créativité. C’était ouvert, génial. J’ai eu Roger Tallon comme prof, il était le designer français, celui qui a créé le TGV, notre Loewy à nous. Il a lancé la plus grosse agence de design industriel et c’est lui qui a créé cette section aux Arts décoratifs. » Légèrement boulimique d’études, il embraye sur un enseignement d’aéronautique à l’IUT de Ville-d’Avray. Il travaillera un moment pour Eurocopter, puis consacrera les dix années suivantes à la moto et créera sa propre griffe.
La période offshore
Passionné de moteurs, Éric a quelques relations dans le bateau, et des idées. Aux États-Unis, il existe deux circuits d’offshores et, sur l’un d’eux, une opportunité se présente sur une nouvelle motorisation, en particulier le bloc Viper, un V10 de 8,2 litres. « Je connaissais des gars chez Oreka qui faisaient courir des Dodge et je me suis lancé dans la marinisation de ce V10. Il a fallu revoir le refroidissement, gérer les problèmes de lubrification, résoudre la liaison moteur-coque, faire les tests de température. On disposait de bancs sur Marseille. Au bout d’un an et demi, nous nous sommes alignés à Miami pour notre première course avec une coque Pantera. Le team a terminé second, mais Dodge a arrêté brutalement de commercialiser les V10 et l’aventure s’est arrêtée là. Un an plus tard, Gilmore, filiale de Mercedes, en partenariat avec Chrysler, sortait le Viper Marine.