Passer son permis hauturier
Après avoir caboté cet été entre amis ou en famille le long de belles côtes, il reste le désir de garder le contact avec ce milieu de la plaisance qui donne aussi envie d’aller plus au large... Pourquoi ne pas profiter de l’accalmie de cette rentrée pour préparer l’extension « hauturière » du permis bateau mer ?
Vous êtes titulaire du permis bateau de plaisance option « côtière » et vous avez envie de naviguer sur des bateaux à moteur d’une puissance de plus de 6 chevaux au-delà de 6 milles d’un abri ? Il suffit de préparer l’examen du permis hauturier qui dispense des notions essentielles pour réaliser une navigation plus lointaine, mais constitue également un exercice intellectuel passionnant. Que ce soit par le biais d’un bateau école ou en candidat libre, il s’agit d’apprendre à lire une carte marine, de faire le point par plusieurs relèvements pour le porter sur la carte, de calculer la variation et la dérive due au vent ou au courant, de savoir distinguer un cap compas d’un cap vrai, une route surface d’une route fond, de faire l’estime du temps de parcours, d’identifier les caractéristiques des phares et des balises, d’être sensibilisé aux aides électroniques à la navigation, d’effectuer un calcul de marée par rapport à un port principal, d’interpréter une carte de météorologie marine et, bien sûr, de connaître le matériel de sécurité obligatoire à embarquer.
Un travail sur carte avec compas
Selon le rapport de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer du ministère du Développement durable, près de 3 500 extensions hauturières ont été présentées en 2015, un chiffre relativement stable ces deux dernières années. Que ce soit pour s’affranchir des contraintes côtières, pour partir en quête de zones de pêche réellement privilégiées ou par pur apport intellectuel, ce permis « haute mer » ouvre aux amoureux de l’infini des horizons nouveaux. Mais entre le rêve et la réalité, quelques étapes sont à franchir et il faut un peu de temps pour parvenir à intégrer certaines notions abordées dans cet apprentissage. Outre la règle des douzièmes utilisée pour le calcul des marées, manipulation du produit en croix et autres actions de calcul plutôt « casse-tête », il faut s’imprégner de
Rappel des zones de navigation
notions de latitude, longitude, repère sur carte, rapidité à se situer sur celle-ci… Lorsqu’on débute, on a parfois l’impression de plonger dans la fosse des Mariannes. L’utilisation de la règle Cras peut sembler complexe, mais avec de la patience, l’envie d’apprendre et la passion qu’engendre l’exercice, on finit généralement par se laisser prendre au jeu. Le jour de l’épreuve, on embouque l’heure et demie sans casser l’erre. On résout les deux problèmes de carte – l’un diurne, l’autre nocturne –, celui de marée, et on termine par les réponses aux QCM sans sourciller. L’épreuve, notée sur vingt points, est compartimentée en douze points pour les exercices de carte (un minimum de sept est exigé), quatre points pour la marée et quatre autres pour les questions diverses. Une moyenne de dix sur vingt est nécessaire pour l’obtention du sésame. Mais ce n’est pas parce que la formation n’est que théorique qu’il faut lésiner sur quelques apprentissages en mer. Auriez-vous piloté un avion après un simple cours académique ? Le mieux est de ne pas partir seul les premières fois et d’avoir l’humilité de tirer enseignement des anciens. Enfin, il faut bien se souvenir que la navigation électronique n’est qu’une aide supplémentaire et que rien ne remplace la maîtrise de la carte.
Quelques petites précisions qui peuvent être utiles…
Bien que toute navigation soit envisageable avec ce permis, il ne comprend pas l’enseignement sur la navigation astronomique, l’utilisation du sextant, le calcul de méridienne, de points aux étoiles, d’orthodromie ou de loxodromie... Il n’est en effet pas capital de connaître la hauteur d’eau à un moment donné lors d’une navigation en pleine mer ou de trouver des amers utiles pour des relèvements alors que le navire est à 40 milles des côtes. Sous l’appellation hauturière se cache en fait un exercice de navigation côtière. ■