DOSSIER Tout ce qu’il faut savoir pour bien acheter d’occasion
C’est un fait, l’occasion représente un excellent moyen pour naviguer moins cher et, surtout, pour caboter à bord d’une unité plus grande qu’une neuve pour le même prix. La preuve est là car, quand le marché du neuf s’est effondré après la crise de 2008,
L’occasion, valeur refuge de la plaisance ? À écouter certains professionnels, il y a fort à parier que c’est effectivement le cas. Face à des ventes de bateaux neufs plutôt difficiles dans les années qui ont suivi la crise de 2008, le marché de l’occasion a même réussi l’exploit de rester stable au coeur de la tempête, voire d’augmenter depuis 2014. Comment expliquer ce phénomène ? Tout simplement parce qu’un bateau d’occasion a déjà décoté. La première année, il perd 20 % de sa valeur, qu’il s’agisse de coques rigides ou semi-rigides, toutes marques confondues. Certaines décotent moins que d’autres (les plus haut de gamme, généralement), mais elles affichent quand même une baisse importante de la valeur les premières années (environ 15 % la deuxième, 12 % la troisième, 10 % la quatrième, etc.). Ce n’est qu’au bout de huit ou dix ans que la valeur se stabilise ou, du moins, que le bateau décote seulement de 3 à 5 % par an, raison pour laquelle les primo-accédants se tournent en priorité vers l’occasion. Ce succès est tel que certains concessionnaires ont du mal à trouver des unités à vendre, et ce quelle que soit la région. Il s’agit bien sûr d’occasions en bon état, pas de vieux bateaux hors d’usage… Peut-on craindre une remontée des prix de ce secteur, face à ce qui s’apparente à une pénurie ?
Être au bon prix pour vendre
« Peu de risque », répond Jean-Michel Viant, expert maritime et architecte naval à La Trinitésur-Mer. D’abord, parce que le secteur n’a rien à y gagner. Mais surtout parce que, depuis 2008, les professionnels savent qu’il faut être au bon prix pour vendre, une notion que les particuliers ont d’ailleurs du mal à intégrer ; on le constate lors de salons comme le Mille Sabords au Crouesty, où les vendeurs individuels côtoient les professionnels, parfois avec des bateaux identiques mais dont le prix est loin d’être similaire ! Toutefois, plutôt qu’une raréfaction, c’est un schisme entre les bonnes occasions et les moins bonnes qui peut apparaître. « Les bonnes affaires pourront voir leur prix augmenter », précise Jean-Michel Viant. Pour Pascal Marty, expert maritime à Sanary-sur-Mer : « Si le bateau est au bon prix et s’il possède une place de port, l’acheteur ne discutera pas le prix. D’ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait une pénurie d’occasions, mais plutôt une pénurie de bons bateaux d’occasion. Les bonnes occasions sont rarement mises à la vente, elles partent immédiatement. » Par ailleurs, plutôt que de changer de monture, les plaisanciers ont tendance à l’équiper et à la bichonner davantage. Qu’il s’agisse d’une remise en état ou d’un achat, les organismes de crédit jouent le jeu et les financements ne se sont pas taris. Les taux (ceux des crédits standard) n’ont pas progressé et la LOA (location avec option d’achat) demeure toujours très attractive pour qui possède un apport. Du côté des petites annonces, Internet a profondément changé les habitudes des consommateurs, et la plupart des recherches débutent aujourd’hui derrière un écran, à l’exception peut-être des salons spécialisés en occasion. Certes, les habitudes ont changé, mais la règle d’or est la même : pour vendre aujourd’hui son bateau, il est impératif de le placer dès le début au bon prix !