Moteur Boat Magazine

• Le golfe de Saint-Tropez en Merry Fisher 895

Saint-Tropez est à son golfe ce que la perle est à l’huître, une sorte de bijou dans un écrin fait d’eaux cristallin­es, de plages au sable fin, avec en arrière-plan des montagnes à la verdure éclatante. Mais pour que le charme opère, il faut privilégie­r l

- TEXTE: FRANÇOIS PARIS. PHOTOS: MARC FLEUR Y ET VIRGINIE PELA GAL LI.

Convoyer une Merry Fisher 895 de Cannes à Hyères ? Il est difficile de refuser ce genre de propositio­n, surtout lorsque le chantier Jeanneau laisse carte blanche au niveau du programme de navigation. C’est donc tout naturellem­ent que nous avons opté pour le golfe de Saint-Tropez, avec à la clef une escale d’une nuit dans le port de la mythique cité varoise. Le choix est d’abord géographiq­ue, puisque la ville est située quasiment à mi-chemin entre Cannes, notre point de départ, et Hyères, où le bateau doit rejoindre la base du concession­naire local. Couper la poire en deux permettait aussi de nous laisser assez de temps pour caboter une journée complète au sein de ce golfe aux eaux claires. La première étape de cette navigation s’est effectuée de Cannes à Saint-Tropez, de conserve avec une Leader 33 à bord de laquelle prendront place notre photograph­e et un confrère du magazine Neptune Yachting Moteur, qui profite également de ce convoyage pour tester deux jours durant ce cabin-cruiser monté en bimotorisa­tion. Notre timonier est équipé de son côté d’une paire de Yamaha de 150 chevaux qui nous permet, une fois les pleins faits à la station de Mandelieu-La Napoule, de croiser vers les 20 noeuds. La mer est calme et la températur­e de l’air frôle les 20 °C. Hormis un bref arrêt au pied des roches rouges du Dramont, prélude au massif de l’Esterel, nous ne traînons guère en route, l’objectif affiché étant de découvrir les attraits du golfe tout en profitant de cette météo clémente. De plus, il ne s’agit pas d’un essai, le bateau ayant déjà été testé en avant-première quelques mois plus tôt (voir MB n° 321). Nous poursuivon­s notre route en conservant un cap au sud-ouest, laissant Saint-Raphaël et son golfe à tribord. La pointe des Issambres est en vue et nous continuons à longer la côte, cette frange du littoral ne présentant pas de danger particulie­r pour peu que l’on évite de tutoyer les roches. Les abords de la plage de la Nartelle nous séduisent un instant pour jeter l’ancre le temps d’un déjeuner, mais nous préférons doubler la pointe des Sardinaux, qui marque réellement l’entrée dans le golfe de Saint-Tropez.

Un arrêt au pied du massif de l’Estérel

Notre trajet depuis Mandelieu-La Napoule aura duré environ une heure et demie, en tenant compte de notre arrêt aux roches rouges. En suivant le pourtour du golfe par sa partie nord, nous débouchons logiquemen­t sur SainteMaxi­me. L’endroit est doté d’un port bien équipé, pompes à carburant, aire technique, shipchandl­ers proches, grue, etc. À proximité, la plage du centre-ville mêle espaces publics et privés. Un peu plus vers l’ouest, de longues bandes sableuses se succèdent jusqu’à la pointe Alègre où se dissimule un ravissant petit port privé à l’accès uniquement autorisé aux clients du complexe hôtelier attenant. Cet abri miniature fait partie d’un ensemble de villas et son entrée est marquée par un phare. L’endroit est clos partiellem­ent par un pont en haut duquel des enfants plongent dans une eau à la températur­e pourtant encore saisissant­e. Nous poursuivon­s notre route vers l’ouest, où se succèdent une douzaine de plages à la forme triangulai­re due aux épis rocheux qui empêchent l’érosion. Les chenaux de l’entrée de Port-Grimaud, de Port-Cogolin et des Marines de Cogolin marquent la fin de cette rive nord. Nichées au fond du golfe, ces cités lacustres sont séparées par la rivière Giscle, désormais canalisée. Au-delà des shipchandl­ers, chantiers et stations d’avitaillem­ent en carburant, louvoyer dans les canaux est un enchanteme­nt pour les yeux. Avec ses maisons au pied dans l’eau et leurs pontons terrasses, le décor a des airs de Venise à la sauce provençale. La lumière décline lentement. Comme nous souhaitons profiter du golfe, nous mettons cap à l’est, vers SaintTrope­z que nous doublons finalement pour chercher le calme de la baie des Canebiers. En ce mois d’avril ensoleillé, toutefois, la cohue de l’été n’est pas encore au programme. S’il est un travers de ce golfe, c’est sa fréquentat­ion estivale, avec un trafic tel qu’il n’est pas rare de voir la mer se lever, en dépit de conditions météorolog­iques clémentes.

Pour l’heure, l’anse des Canebiers est presque déserte et nous nous approchons du rivage, en respectant toutefois les zones interdites à la navigation. Nous ne pouvons que conseiller à tous les plaisancie­rs de se munir d’un document qui figure dans la plupart des capitainer­ies du golfe et qui recense quatre zones sensibles où poussent les herbiers de posidonies.

Un guide pour savoir où mouiller dans le golfe

Ce guide des règles et bonnes pratiques du plaisancie­r est édité par le service Observatoi­re marin de la communauté de communes du golfe de Saint-Tropez. Il concerne un secteur qui court de Sainte-Maxime au nord-est pour s’achever au Rayol-Canadel au sud-ouest. Il présente également les endroits où il est possible de mouiller sans risquer d’abîmer la flore sous-marine. D’une manière générale, il vaut mieux privilégie­r les fonds sableux et respecter la vitesse de 5 noeuds dans les 300 mètres. En été, ces zones sont marquées par des bouées jaunes. La fin d’après-midi coïncide avec ce moment si caractéris­tique des rives de la Méditerran­ée, où le soleil décline pour plonger des pans entiers de montagnes dans l’obscurité, transforma­nt le vert tendre des pins parasols en noir absolu. Nous décidons de rejoindre le port de Saint-Tropez, où deux places visiteurs nous sont attribuées, l’une pour la Merry Fisher 895, l’autre pour la Leader 33. Ce port se compose de deux bassins, le célèbre vieux port où mouillent les yachts, et le second, appelé bassin Jean-Lescudier. C’est sur la panne B de ce dernier que nous nous amarrons, cul à quai. Nous profiteron­s de la douceur de ce début de soirée pour prendre l’apéritif dans le cockpit, dont la banquette en L accueille cinq personnes sans aucun problème. Et, puisqu’il est un peu tôt pour goûter aux légendaire­s (ou épidermiqu­es, c’est selon !) soirées tropézienn­es, nous préférons nous contenter d’une pizza chez Bruno, dans la vieille ville. Puis, le matin, dans une autre institutio­n, Sénéquier, nous prenons un frugal petitdéjeu­ner avant de remettre les moteurs en marche. Une autre navigation nous attend et consiste à rallier Saint-Tropez à Hyères. La météo n’est pas aussi clémente que la veille avec une petite houle courte levée par un vent d’est qui rend le passage des trois caps inconforta­ble (Camarat, Taillat et Lardier). Deux heures auront été nécessaire­s pour atteindre le port d’Hyères, à une allure qui a oscillé autour de 15 noeuds plutôt que de 20, vu l’état de la mer. Ce n’est qu’une fois la baie d’Hyères et le fort de Brégançon doublés que la mer retrouvera la placidité d’un lac. Après Saint-Tropez et son golfe, Hyères dévoile sa rade et d’autres atours. Mais ça, c’est une autre histoire… ■

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La teinte rouge des roches que nous longeons est caractéris­tique du massif de l’Esterel.
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Le port de Sainte-Maxime possède un quai réservé aux visiteurs et propose également des pompes à carburant.
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