Le paradoxe technologique
Il y a quatorze ans très exactement, le motoriste américain Mercury révolutionnait le monde du hors-bord en lançant la technologie Verado. L’idée était de partir d’un bloc de petite cylindrée (seulement 2,6 l) et de le doper avec un compresseur d’air lui permettant ainsi d’obtenir des moteurs de 200 à 250 chevaux et aujourd’hui jusqu’à 400 chevaux. Cette technologie à part a tout de suite suscité l’intérêt du public, et le nom de Verado est rapidement devenu incontournable sur le marché du hors-bord. Ce choix d’une petite cylindrée s’est révélé particulièrement intéressant pour nous, Français, qui sommes soumis aux droits de francisation. Rappelons que le calcul de cette taxe se fait, pour les moteurs, en fonction de la puissance fiscale, laquelle se calcule à partir de l’alésage et de la course des cylindres. Plus la cylindrée est petite, moins la puissance fiscale est élevée, si bien que les six cylindres Verado affichent tous une puissance fiscale de seulement 14,88 CV – même les plus gros comme le 400 chevaux – contre 20 ou 23 CV pour les modèles concurrents. Aujourd’hui, avec la sortie de ses nouveaux V6 de 175, 200 et 225 chevaux, Mercury fait un choix technologique différent. Le motoriste a opté pour un V6 de 3,4 litres de cylindrée, autant dire un gros bloc, dont la puissance fiscale est plutôt de l’ordre de 19 CV. Paradoxe de notre système hexagonal, la taxe de francisation telle qu’elle existe et qu’elle est calculée tend à défavoriser les moteurs les plus respectueux des normes environnementales en vigueur. A contrario, les moteurs « plus anciens technologiquement » ou moins « verts » sont avantagés au niveau des droits de francisation. Il est vraiment temps de revoir ce mode de calcul totalement dépassé et illogique ! D’autant que les moteurs actuels se plient aux exigences de la législation, mais aussi à celles des plaisanciers attentifs au bruit, aux vibrations et, bien sûr, à la consommation et aux performances. La notion de « Easy Boating » (le bateau facile) est plus que jamais d’actualité, et il serait bien d’éviter de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui suivent cette tendance…