Moteur Boat Magazine

Un ou deux moteurs?

Nous avons comparé les performanc­es de deux Loxo 32 du chantier Pogo Structures. L’un avec 2 x 30 chevaux et l’autre avec 75 chevaux, afin de voir quelle motorisati­on était la plus judicieuse.

- TEXTE : ÉDOUARD DESGREZ. PHOTOS : VIRGINIE PELAGALLI.

Le chantier Structures a pris tout le monde à contre-pied l’an dernier avec son projet Loxo développé conjointem­ent avec Volvo Penta. Le constructe­ur des célèbres voiliers Pogo de la Mini-Transat faisait sa première incursion dans la plaisance à moteur. L’idée était de séduire une clientèle d’anciens « voileux » lassés d’utiliser un gréement et voulant profiter de la simplicité d’un bateau à moteur. Le cahier des charges se résumait à un bateau de croisière aux aménagemen­ts minimalist­es et d’une sobriété record, avec l’objectif d’une consommati­on de 0,5 litre au mille en vitesse de croisière, soit 12 noeuds – de quoi vivre comme sur un voilier, en allant deux fois plus vite et en consommant très peu. Pour le prototype baptisé « Dromy », le chantier a choisi deux diesels Volvo D1 en transmissi­on sail-drive. Nos essais dans Moteur Boat n° 333 nous ont permis avec cette motorisati­on d’atteindre 0,6 litre par mille à 10,2 noeuds, soit une autonomie théorique de 235 milles au regard d’un réservoir de 150 litres, ce qui permet de faire l’aller-retour entre Ouistreham et Southampto­n ou entre Nice et Calvi avec un seul plein.

Un objectif clair : 0,5 litre au mille

Pour le bateau suivant, « Lipsi », le chantier a réévalué son idée de départ et pensé plus judicieux de partir sur un monomoteur pour atteindre les objectifs de rendement fixés. Le choix s’est donc porté sur le D2-75, un quatre cylindres de 2,2 litres à la place des D1-30 et leurs trois cylindres de 1,1 litre. À la vue des chiffres obtenus lors de nos tests, cette option a largement payé, à commencer par la vitesse de pointe qui s’améliore de 4 noeuds, soit 28 %. Quand Dromy est à sa vitesse de pointe de 14 noeuds, il consomme 3 litres de plus que Lipsi à la même vitesse. Une autre donnée que ne retranscri­vent pas nos chiffres est le niveau de vibrations, nettement réduit sur la version monomoteur ; il en va de même pour le niveau sonore

perçu. Les deux bateaux restent globalemen­t discrets en croisière, mais un vrai supplément de confort sonore existe à bord de Lipsi. S’ajoute à cet ensemble un différenti­el de prix de 7 % à la faveur du monomoteur, si bien que les arguments pour défendre le bimoteur deviennent vraiment ténus.

Plus sûr avec deux moteurs ? Pas sûr !

Le chantier a cependant déjà vendu une douzaine de bateaux et bon nombre de clients préfèrent posséder deux blocs diesel plutôt qu’un seul. « Ce sont essentiell­ement les clients issus de la voile, nous a confié Charly Fernbach, directeur des ventes chez Structures. Ils estiment être plus en sécurité avec deux moteurs. » L’argument n’est pas vraiment valable dans la mesure où bon nombre de pannes proviennen­t aujourd’hui de la qualité du carburant, et le bateau n’a qu’un seul réservoir pour les deux moteurs. Avec le D2-75, la vitesse de croisière optimale passe de 10 à 11 noeuds, et la consommati­on baisse de 6,5 à 5,7 litres par heure. L’autonomie augmente ainsi à 289 milles, soit 54 milles de plus, permettant ainsi de rallier Monaco à Barcelone avec un seul plein ! Au plan de la configurat­ion, sur le Loxo bimoteur, le chantier a choisi de mettre le poste de barre à l’intérieur. Dans le cockpit, un simple joystick permet de faire des correction­s de cap sous pilote automatiqu­e. Il permet aussi de modifier la vitesse et la trajectoir­e, mais il ne remplace pas un vrai volant avec un levier de gaz. Sur le monomoteur Lipsi, c’est l’inverse. Le poste de barre est complet dans le cockpit, sur tribord par rapport à la porte de cabine, avec un volant en inox, un levier

d’inversion de marche et un lecteur de carte. Le joystick est cette fois placé dans la cabine, à côté du fauteuil pilote. Par mauvais temps, on est donc contraint de piloter au joystick ou d’enfiler un ciré ! Dans les deux cas, le joystick n’est absolument pas pensé pour les manoeuvres ; il reste un outil d’aide à la navigation en croisière.

Le propulseur est indispensa­ble

Enfin, qu’il s’agisse d’un mono ou d’un bimoteur, l’installati­on d’un propulseur d’étrave est indispensa­ble sur ce bateau même si, de manière naturelle, le bimoteur sera toujours plus manoeuvran­t au port. La grande légèreté du bateau, grâce à sa constructi­on en sandwich, explique la faible consommati­on, mais aussi la sensibilit­é au vent. C’est pour cette raison que le propulseur n’est pas un luxe lors des manoeuvres. En conclusion, nous sommes plus convaincus par la version monomoteur, au regard du niveau sonore, des vibrations et bien sûr des performanc­es. Le chantier propose aussi en prix d’appel un 50 chevaux, mais le D2-75 nous semble être la meilleure option à ce jour. ■

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 ??  ?? Seul dans sa grande cale, le bloc D2-75 laisse davantage de place pour les interventi­ons mécaniques que la paire de D1-30.
Seul dans sa grande cale, le bloc D2-75 laisse davantage de place pour les interventi­ons mécaniques que la paire de D1-30.
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D1 2x30chVolv­o
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D2 75chVolvo
 ??  ?? La carène semiplanan­te et ultralégèr­e gagne 4 noeuds en monomoteur. D2 75chVolvo D1 2x30chVolv­o
La carène semiplanan­te et ultralégèr­e gagne 4 noeuds en monomoteur. D2 75chVolvo D1 2x30chVolv­o
 ??  ?? Sur « Lipsi » le monomoteur, la barre et le levier de gaz sont à l’extérieur.
Sur « Lipsi » le monomoteur, la barre et le levier de gaz sont à l’extérieur.
 ??  ?? Sur « Dromy » le bimoteur, le pilotage depuis le cockpit se fait au joystick.
Sur « Dromy » le bimoteur, le pilotage depuis le cockpit se fait au joystick.
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D2 75chVolvo D1 2x30chVolv­o
 ??  ?? À bord de Dromy, le pilotage se fait depuis l’intérieur, mais le joystick de cockpit permet aussi de contrôler la vitesse et le cap en croisière.
À bord de Dromy, le pilotage se fait depuis l’intérieur, mais le joystick de cockpit permet aussi de contrôler la vitesse et le cap en croisière.
 ??  ?? Sur Lipsi (monomoteur), le vrai poste de barre est dehors et le joystick dans la cabine. Le chantier laisse le choix au client.
Sur Lipsi (monomoteur), le vrai poste de barre est dehors et le joystick dans la cabine. Le chantier laisse le choix au client.
 ??  ?? Dans les deux cas, les moteurs sont couplés à une transmissi­on sail drive, suffisante pour de si petites puissances.
Dans les deux cas, les moteurs sont couplés à une transmissi­on sail drive, suffisante pour de si petites puissances.
 ??  ?? Les sail drives ne sont pas mobiles, la direction est donc assurée par des safrans.
Les sail drives ne sont pas mobiles, la direction est donc assurée par des safrans.

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