Un ou deux moteurs?
Nous avons comparé les performances de deux Loxo 32 du chantier Pogo Structures. L’un avec 2 x 30 chevaux et l’autre avec 75 chevaux, afin de voir quelle motorisation était la plus judicieuse.
Le chantier Structures a pris tout le monde à contre-pied l’an dernier avec son projet Loxo développé conjointement avec Volvo Penta. Le constructeur des célèbres voiliers Pogo de la Mini-Transat faisait sa première incursion dans la plaisance à moteur. L’idée était de séduire une clientèle d’anciens « voileux » lassés d’utiliser un gréement et voulant profiter de la simplicité d’un bateau à moteur. Le cahier des charges se résumait à un bateau de croisière aux aménagements minimalistes et d’une sobriété record, avec l’objectif d’une consommation de 0,5 litre au mille en vitesse de croisière, soit 12 noeuds – de quoi vivre comme sur un voilier, en allant deux fois plus vite et en consommant très peu. Pour le prototype baptisé « Dromy », le chantier a choisi deux diesels Volvo D1 en transmission sail-drive. Nos essais dans Moteur Boat n° 333 nous ont permis avec cette motorisation d’atteindre 0,6 litre par mille à 10,2 noeuds, soit une autonomie théorique de 235 milles au regard d’un réservoir de 150 litres, ce qui permet de faire l’aller-retour entre Ouistreham et Southampton ou entre Nice et Calvi avec un seul plein.
Un objectif clair : 0,5 litre au mille
Pour le bateau suivant, « Lipsi », le chantier a réévalué son idée de départ et pensé plus judicieux de partir sur un monomoteur pour atteindre les objectifs de rendement fixés. Le choix s’est donc porté sur le D2-75, un quatre cylindres de 2,2 litres à la place des D1-30 et leurs trois cylindres de 1,1 litre. À la vue des chiffres obtenus lors de nos tests, cette option a largement payé, à commencer par la vitesse de pointe qui s’améliore de 4 noeuds, soit 28 %. Quand Dromy est à sa vitesse de pointe de 14 noeuds, il consomme 3 litres de plus que Lipsi à la même vitesse. Une autre donnée que ne retranscrivent pas nos chiffres est le niveau de vibrations, nettement réduit sur la version monomoteur ; il en va de même pour le niveau sonore
perçu. Les deux bateaux restent globalement discrets en croisière, mais un vrai supplément de confort sonore existe à bord de Lipsi. S’ajoute à cet ensemble un différentiel de prix de 7 % à la faveur du monomoteur, si bien que les arguments pour défendre le bimoteur deviennent vraiment ténus.
Plus sûr avec deux moteurs ? Pas sûr !
Le chantier a cependant déjà vendu une douzaine de bateaux et bon nombre de clients préfèrent posséder deux blocs diesel plutôt qu’un seul. « Ce sont essentiellement les clients issus de la voile, nous a confié Charly Fernbach, directeur des ventes chez Structures. Ils estiment être plus en sécurité avec deux moteurs. » L’argument n’est pas vraiment valable dans la mesure où bon nombre de pannes proviennent aujourd’hui de la qualité du carburant, et le bateau n’a qu’un seul réservoir pour les deux moteurs. Avec le D2-75, la vitesse de croisière optimale passe de 10 à 11 noeuds, et la consommation baisse de 6,5 à 5,7 litres par heure. L’autonomie augmente ainsi à 289 milles, soit 54 milles de plus, permettant ainsi de rallier Monaco à Barcelone avec un seul plein ! Au plan de la configuration, sur le Loxo bimoteur, le chantier a choisi de mettre le poste de barre à l’intérieur. Dans le cockpit, un simple joystick permet de faire des corrections de cap sous pilote automatique. Il permet aussi de modifier la vitesse et la trajectoire, mais il ne remplace pas un vrai volant avec un levier de gaz. Sur le monomoteur Lipsi, c’est l’inverse. Le poste de barre est complet dans le cockpit, sur tribord par rapport à la porte de cabine, avec un volant en inox, un levier
d’inversion de marche et un lecteur de carte. Le joystick est cette fois placé dans la cabine, à côté du fauteuil pilote. Par mauvais temps, on est donc contraint de piloter au joystick ou d’enfiler un ciré ! Dans les deux cas, le joystick n’est absolument pas pensé pour les manoeuvres ; il reste un outil d’aide à la navigation en croisière.
Le propulseur est indispensable
Enfin, qu’il s’agisse d’un mono ou d’un bimoteur, l’installation d’un propulseur d’étrave est indispensable sur ce bateau même si, de manière naturelle, le bimoteur sera toujours plus manoeuvrant au port. La grande légèreté du bateau, grâce à sa construction en sandwich, explique la faible consommation, mais aussi la sensibilité au vent. C’est pour cette raison que le propulseur n’est pas un luxe lors des manoeuvres. En conclusion, nous sommes plus convaincus par la version monomoteur, au regard du niveau sonore, des vibrations et bien sûr des performances. Le chantier propose aussi en prix d’appel un 50 chevaux, mais le D2-75 nous semble être la meilleure option à ce jour. ■