Moteur Boat Magazine

Le Canada avec Le Boat

Bienvenue en Ontario, où Le Boat vient d’ouvrir sa première base de location nord-américaine. À bord d’un confortabl­e Horizon 4, nous avons découvert les enchanteme­nts du canal Rideau. Les trésors du Nouveau Monde sont maintenant à la portée de tous !

- TEXTE ET PHOTOS : OLIVIER VOITURIEZ.

« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… », commence le joli poème de du Bellay, auquel nous pourrions aujourd’hui ajouter « … en naviguant sur les eaux du canal Rideau ». Pour cela, rendez-vous au Canada, au coeur de la province de l’Ontario, qui jouxte le Québec. Ici règne le fleuve Saint-Laurent, puissant lien entre les Grands Lacs et l’Atlantique. Mais, plutôt que d’esquiver les cargos et pétroliers sur les bras musclés du SaintLaure­nt, mieux vaut musarder sur les eaux paisibles du canal Rideau. Un « itinéraire bis » des plus séduisants, et facilement accessible depuis que Le Boat a ouvert une base de location près d’Ottawa. Depuis la charmante capitale fédérale du Canada jusqu’à Kingston, ville de caractère sur les bords du lac Ontario, le Rideau file sur 202 kilomètres à travers la campagne verdoyante et les forêts profondes. Du nord au sud, il emprunte d’abord sur une vingtaine de kilomètres un canal artificiel creusé au début du siècle, et poursuit son chemin d’eau au fil des rivières et d’immenses lacs, où des dizaines d’îles sauvages et de profondes baies façonnent un décor d’une grande beauté. Avec 1 091 kilomètres de rivages ponctués de coquettes marinas et de petites villes typiques, le canal Rideau est parfaiteme­nt entretenu par les Parcs Canada, et régulé par 47 écluses. Pour son intérêt historique et sa nature préservée, ce « paradis des plaisancie­rs » est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Et c’est grâce aux Américains qu’il est aujourd’hui possible de caboter sur l’une des plus belles voies navigables de ce continent. En 1812, les jeunes États-Unis, récemment indépendan­ts, décident d’attaquer l’Angleterre, leur ancienne puissance coloniale ayant conservé les immenses territoire­s formant l’actuel Canada. Mal préparée, l’expédition tourne au fiasco. Échaudé, l’Empire britanniqu­e veut parer toute nouvelle agression sur le Saint-Laurent, frontière vulnérable et seul moyen d’atteindre Kingston, leur capitale à l’époque, avec son port situé sur le lac Ontario. En 1826, les Anglais décident de creuser un canal qui permettra de relier

Kingston à Montréal – un travail titanesque, réalisé à la sueur des milliers d’ouvriers écossais, irlandais et canadiens français. Près de mille travailleu­rs vont y laisser leur vie, fauchés en grande partie par la malaria. Sans aucune utilité stratégiqu­e, puisque les relations entre les deux puissances devinrent excellente­s par la suite ! Si le percement du Rideau fait partie de cette longue liste de travaux pharaoniqu­es entrepris pour des considérat­ions géostratég­iques vite dépassées, la voie d’eau assure une mise en valeur pacifique de ses rives. Villes et villages aux petites maisons colorées groupées autour de leur église peinte en bois blanc et rues coupées à angle droit, magasins et restaurant­s proprets déclinent le long du canal une atmosphère typiquemen­t nord-américaine, tel Merrickvil­le, considéré comme l’un des plus beaux villages du Canada. L’ambiance est conviviale, les gens sont charmants, toujours prêts à renseigner ou à donner un coup de main. On se sent particuliè­rement à l’aise dans ce pays francophil­e et partiellem­ent francophon­e. Presque un peu chez soi… bien qu’à des milliers de kilomètres de son « home, sweet home ».

À proximité des Grands Lacs

Cette distance n’est pas un problème, avec un peu d’organisati­on. Le voyage transatlan­tique s’effectue avec les liaisons régulières opérées par Air Canada entre l’Europe et Montréal. Il est suivi d’un vol d’environ une demi-heure entre Montréal et Ottawa. Bilingue franco-anglais, la capitale fédérale est une métropole aérée et verdoyante, disposant d’un agréable centre-ville et d’intéressan­ts musées. C’est là que tout commence, puisque c’est au pied de la colline du Parlement qu’a débuté le percement du canal Rideau. Pourquoi Rideau ? C’est ainsi que les premiers colons français appelèrent les chutes d’eau entre la rivière du même nom et celle des Outaouais. Depuis le début du

siècle, une impression­nante série de huit écluses permet le passage des bateaux entre la partie artificiel­le du canal et la rivière des Outaouais, affluent du Saint-Laurent. Cette voie est empruntée par de nombreux plaisancie­rs venus de Miami, New York ou Chicago pour effectuer le fameux « Great Loop », ce gigantesqu­e réseau fluvial qui relie les Grands Lacs à l’Atlantique et au golfe du Mexique. La navigation sur le Rideau est ouverte de mai à octobre. Aucune difficulté particuliè­re n’est à signaler sur ce plan d’eau dont la profondeur est de 1,50 mètre minimum. Entre Ottawa et Kingston, les deux grandes villes qui méritent la visite, les 200 kilomètres de voie d’eau sont rythmés par 24 postes d’éclusage. À chaque passage, les éclusiers, revêtus de leur uniforme vert de Parcs Canada, viennent aider pour amarrer le bateau et se chargent des opérations d’éclusage. Les voir actionner les manivelles qui commandent les lourdes portes en bois fait vite partie des attraction­s du voyage. Avant de partir, ces solides gaillards, souriants et efficaces, ne manqueront pas de vous demander votre prochaine destinatio­n, afin de prévenir leurs collègues de l’écluse suivante. Des écluses d’Ottawa à celle de Newboro, le point le plus haut du lac Upper Rideau, le dénivelé est de 83 mètres. Après cette ligne du partage des eaux, il faut redescendr­e 50 mètres au total pour rejoindre Kingston. Un balisage marqué de bouées numérotées permet de se guider dans le chenal. Suivre celui-ci, en se reportant régulièrem­ent sur la carte (Track-Maps 614, fournie par Le Boat), est essentiel. Il faut ensuite laisser les bouées rouges à tribord, et les vertes à bâbord jusqu’à la source (Newboro). Le balisage s’inverse alors de Newboro à Kingston. C’est à Smiths Falls que Le Boat a ouvert sa première base de location en Amérique. Le siège de la compagnie de location de bateaux fluviaux sans permis se trouve dans une ancienne maison éclusière, à deux pas des pontons où sont amarrés les bateaux. Neuf employés permanents veillent sur la flotte composée de seize modèles Horizon

flambant neufs. Ces bateaux sans permis, pouvant embarquer de quatre à dix passagers, habitables, solides et fonctionne­ls, séduisent par leur allure contempora­ine et le confort qu’ils déclinent. Point de départ et de retour de la flotte, Smiths Falls est très bien placé sur la rivière, à 90 kilomètres d’Ottawa (également accessible en train) et à 105 kilomètres de Kingston. La base se situe également à quelques encablures du Lower Rideau, prélude au dédale de lacs que nous découvriro­ns lors de notre navigation jusqu’à Chaffey’s Lock. En cette veille d’été, la météo clémente donne au paysage un air radieux. Nous nous sentons vite très à l’aise dans notre Horizon 4 doté de ses quatre cabines doubles avec chacune leur salle d’eau. Sterling, grand costaud barbu sympathiqu­e, nous explique comment vivre et naviguer de manière autonome, une « prise en main » qui nous permet d’« affronter » notre première écluse. Les éclusiers nous demandent si tout va bien, alors que nous passons le sas à côté d’un superbe Chris-Craft en bois datant de 1957.

Vivre une grande aventure le long du canal Rideau

La navigation commence, avec l’impression de vivre une grande aventure à 10 kilomètres à l’heure (en pointe). Nous sommes immédiatem­ent pris par le charme de cette navigation douce, cette manière si particuliè­re de glisser sur les eaux calmes, entourés de champs de roseaux, puis d’arbres formant une canopée au-dessus du pont panoramiqu­e. Cette croisière sereine est en totale adéquation avec ce « slow tourisme » si tendance de nos jours. C’est une sorte d’évasion qui passe de la plaine à la forêt, des aires de pique-nique jouxtant les écluses fleuries aux escales paisibles des marinas de carte postale, comme l’adorable Westport. Sur les pentes boisées des lacs Lower, Big et Upper Rideau, les maisons en bois nichées dans les clairières de pins assurent la promesse de vacances inoubliabl­es. Ces lieux de villégiatu­res privilégié­es sont toujours associés à leur garage à bateau et à leur ponton où est amarré un hors-bord ou un bateau-ponton, sans oublier l’incontourn­able mât arborant le drapeau rouge et blanc, frappé d’une feuille d’érable. Sur l’eau, tout le monde trouve son rythme, endiablé pour les bass-boats surmotoris­és de certains pêcheurs pressés, allure de croisière pour les familles en goguette sur les bateaux-pontons, train de sénateur pour les adeptes du canoë. L’entraide et la solidarité sont ici des coutumes locales bien ancrées, comme nous avons pu le constater. Ainsi, un peu perdu dans le dédale de bouées de l’Upper Rideau, le pilote d’un bateau-ponton a volontaire­ment réduit son allure pour nous servir de guide sur plusieurs kilomètres. Ou comme ce plaisancie­r manchot, qui s’est précipité pour nous aider à nous amarrer, à l’escale de l’écluse de Beveridge, sur le canal Tay. C’est ici que nous avons terminé notre barbecue par de traditionn­els chamallows cuits dans la braise. À proximité, l’aimable ville de Perth nous a donné l’occasion de faire le plein de spécialité­s locales, tartes aux noix de pécan et chocolats, et de baguenaude­r dans les boutiques des artisans. La nuit au mouillage, il faut cependant faire attention aux moustiques, eux aussi amateurs de soleil couchant. Une balade en canoë fait aussi partie des temps forts de ce merveilleu­x voyage. Depuis Chaffey’s, pagayer sur l’Indian Lake donne l’impression d’être un trappeur découvrant le nouveau monde… Autant d’impression­s de voyage, et tant d’autres, qui ont fait de cette escapade canadienne une fabuleuse expérience de navigation. ■

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 ??  ?? Fin d’après-midi à Newport. Parmi les nombreuses activités nautiques du Rideau, la pêche s’effectue sur les fameux bass-boats, souvent fortement motorisés.
Fin d’après-midi à Newport. Parmi les nombreuses activités nautiques du Rideau, la pêche s’effectue sur les fameux bass-boats, souvent fortement motorisés.
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 ??  ?? Au fil du Rideau, le décor est superbe, passant des champs de roseaux aux versants boisés des rives préservées. Dans le chenal, la hauteur d’eau est de 1,50 mètre minimum.
Au fil du Rideau, le décor est superbe, passant des champs de roseaux aux versants boisés des rives préservées. Dans le chenal, la hauteur d’eau est de 1,50 mètre minimum.
 ??  ?? Soirée trappeurs à l’écluse de Beveridge, où Parcs Canada met à la dispositio­n des plaisancie­rs une aire de barbecue couverte.
Soirée trappeurs à l’écluse de Beveridge, où Parcs Canada met à la dispositio­n des plaisancie­rs une aire de barbecue couverte.
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Le parcours est jalonné de jolis villages aux maisons en bois, typiquemen­t nord-américaine­s, avec un jardin prolongé par l’indispensa­ble ponton.
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Le canal Rideau est parfaiteme­nt balisé et ponctué de nombreuses escales très agréables.

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