Déconstruction : ça avance !
Si je vous dis BPHU, ça vous dit quelque chose ? Il n’y a rien d’Hospitalier ou d’Universitaire là-dedans, un BPHU est tout simplement un bateau de plaisance hors d’usage. Une épave en quelque sorte ! Sur le million de bateaux que représente la flotte française (voile et moteur confondus), 50 000 unités sont considérées comme étant des BPHU. Le problème des bateaux en fin de vie ne date pas d’hier et cela fait près de quinze ans que la question de leur « déconstruction » est sur la table. Depuis 2009, l’Association pour la plaisance écoresponsable (Aper), fondée par la Fédération des industries nautiques, travaille sur le sujet et a créé la première filière de déconstruction de bateaux de plaisance au monde. L’année 2019 devrait marquer un tournant dans ce domaine puisque, depuis le 1er janvier, les fabricants et les importateurs de bateaux de plaisance en France doivent officiellement participer au financement de la déconstruction. Outre le fait que cette écotaxe est une première, une notion importante vient d’apparaître en matière de responsabilité : celle de « metteur sur le marché ». Ainsi, cette taxe ne s’adresse pas seulement aux fabricants, mais à tous ceux qui mettent un bateau de plaisance sur le marché, et notamment les importateurs. L’idée est de protéger le client final afin d’éviter que le professionnel ne se défausse sur le constructeur étranger. Par ailleurs, pour régler le problème des bateaux en fin de vie fabriqués par des chantiers qui auraient aujourd’hui disparu, l’État a décidé de verser à l’éco-organisme chargé de la déconstruction une dotation qui représenterait, d’ici 2022, 5 % de la part qu’il touche sur le droit annuel de francisation et de navigation (DAFN). Reste une inconnue : comment les professionnels vont-ils absorber cette nouvelle taxe ? Vont-ils accepter de diminuer leur marge ou augmenter leurs prix ? Compte tenu de la baisse impressionnante du marché du bateau neuf en dix ans, les professionnels se tireraient une balle dans le pied s’ils optaient pour l’augmentation des prix ! L’avenir proche nous le dira… Mais avant de devenir un bateau en fin de vie, toute unité est potentiellement une occasion... À ce sujet, vous retrouverez désormais dans chaque Moteur Boat, en fin de numéro, la cote de l’Argus du Bateau. Ce moisci, ce sont les cotations des bateaux de moins de 10 ans.