Comment le leasing s’est emparé du marché
Au salon Nautic, personne n’en parle, mais tous lui disent merci. La LOA, location avec option d’achat, est un mécanisme financier avantageux qui fait les affaires de la filière nautique depuis des décennies. Tellement avantageux qu’il représente désormais neuf ventes sur dix. Trois façons existent pour acheter un bateau : en payant comptant, à crédit, ou en LOA. Également appelée leasing, cette dernière option consiste à confier l’acquisition du bateau à un établissement bancaire qui le loue au plaisancier, en échange d’un loyer mensuel. À la fin du contrat, l’utilisateur fait valoir son option d’achat, en général 1 % du prix initial, et devient propriétaire du bateau. La LOA offre un gros avantage tarifaire à condition que le navire soit doté d’un armement hauturier. Cela se traduit par une réduction substantielle de la TVA. L’abattement, aussi appelé « réfaction », peut atteindre 30, 50 voire 100 % du montant de la TVA, si bien qu’il est possible de payer son bateau « tout équipé » moins cher que le prix catalogue. Tout le monde peut en profiter. Le client qui fait une bonne affaire, le vendeur qui signe un bon de commande, le prêteur qui se rémunère sur le service financier et le constructeur qui peut anticiper sa production. Mais d’autres raisons plus pragmatiques expliquent le succès de ce levier financier : l’optimisation fiscale. En effet, tant que l’option d’achat n’est pas exercée, le bateau n’est pas dans le patrimoine du plaisancier et ne compte donc pas pour l’impôt sur la fortune (ISF). Mais, à sa simple évocation, les établissements bancaires, traditionnellement discrets sur leur activité, deviennent mutiques. En plein débat sur l’ISF, le sujet est tabou. Pas question d’éveiller l’attention de Bercy sur ce dispositif un peu trop avantageux pour les plus fortunés.