Ça vole chez Bénéteau !
Le groupe Bénéteau vient de dévoiler son premier foiler à moteur. Gros plan sur un projet qui pourrait bien illustrer la plaisance de demain !
On se doutait bien que le groupe Bénéteau, l’un des principaux acteurs du nautisme au niveau national et même mondial, n’allait pas rester les bras croisés à regarder les bateaux à moteur à foils se développer sans rien faire. D’autant que les foils, le chantier connaît déjà avec le Figaro 3, premier monocoque monotype à foils de série, lancé en 2017 et qui fera sa première course lors de la Sardinha Cup, du 26 mars au 3 avril prochain à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. L’annonce, courant février, de la sortie d’un foiler à moteur développé par le groupe Bénéteau, ne nous a donc pas surpris et illustre bien la capacité d’innovation et de réactivité de cette entreprise française. Il n’aura en effet fallu que neuf mois à Bénéteau et à ses partenaires pour développer, fabriquer et tester ce conceptboat de 10 mètres. « Nous avons travaillé sur ce bateau avec Olivier Fougère de Jeanneau, car il s’agit d’un vrai projet de groupe et non de marque, nous précise Patrick Tableau, architecte naval chez Bénéteau. Il y a cinq ou six ans, nous avions déjà fait une étude et des recherches sur l’installation de foils sur des bateaux à moteur, mais c’était trop cher, alors nous avions mis cela de côté. Fin 2017, quand la start-up lorientaise SeAir a fait voler un semi-rigide, nous sommes allés les rencontrer et c’est avec eux, entre autres, que nous avons développé ce bateau. »
Des partenaires très impliqués
Le groupe Bénéteau s’est en effet appuyé sur les travaux et l’expertise acquise par la société SeAir et a fait aussi appel à trois autres partenaires, DMS Sarrazin Design pour le design, Noval, pour la fabrication des systèmes de relevage et de verrouillage électrique des foils et de la chaise hydraulique, et Suzuki pour les moteurs. Pour Richard Forest, PDG de la société SeAir, « le projet était d’autant plus intéressant qu’il s’agissait de créer un bateau volant et non, comme nous l’avions fait pour les semirigides, de faire voler un bateau existant. Notre expérience acquise avec les pneumatiques ainsi que nos outils de simulation de vols nous ont été très utiles. » Même si, à terme, le groupe Bénéteau entend bien proposer des bateaux de plaisance équipés de foils, l’idée initiale avec ce concept-boat est de créer une unité capable de suivre les voiliers de course comme ceux de la Coupe de l’America, eux-mêmes dotés de foils et trop rapides pour les bateaux suiveurs actuels. « La coque de ce bateau est entièrement nouvelle et assez particulière, précise Patrick Tableau. Elle possède un premier V pour pouvoir descendre les moteurs lorsque les foils sont dépliés et une sorte de second V plus large au niveau de la flottaison. Un épais et large liston en mousse fait le tour du bateau et joue le rôle de parebattage pour éviter des abordages trop violents avec les voiliers. Dès le départ, nous avons souhaité séparer les foils des
moteurs. » Le bateau possède ainsi quatre foils, deux à l’avant, fixes, et deux à l’arrière, équipés de volets. Quant aux deux Suzuki de 200 chevaux, ils sont montés sur une sorte de lift, mais qui les descend, au lieu de les monter, quand le bateau vole. « Nous ne souhaitions pas voler très haut, quinze centimètres pas plus, ajoute Patrick Tableau. Les plans d’eau sur lesquels naviguent les voiliers de course sont généralement protégés avec un petit clapot. Nous n’avions donc pas besoin pour ce premier bateau de voler très haut. »
Un asservissement minimal
Les foils sont relevables et leur utilisation est entièrement automatisée. « Nous sommes bien conscients que, pour intéresser la plaisance, les bateaux à moteur à foils doivent être aussi faciles à piloter qu’un bateau sans foils. Pour cette raison, notre foiler ne se règle qu’avec le trim, et nous avons minimisé l’asservissement », poursuit Patrick Tableau. Le foiler de Bénéteau a été conçu pour embarquer huit passagers, installés sur l’avant sur des sièges baquets avec ceintures de sécurité. Lorsqu’il vole, il flirte avec les 40 noeuds en pointe et sa consommation à 25 noeuds est réduite de 25 %. Mais de nouveaux tests de consommation et de performances seront très bientôt réalisés. En attendant, Patrick Tableau conclut : « Actuellement, certes, le prix est un frein pour le développement des foils dans la plaisance, mais on y viendra, c’est sûr ! La sensation quand on vole est tellement incroyable... » ■