Hors-bord ou in-bord ?
Voici un duel qui oppose deux versions très musclées du fameux 350 SLX, l’une recevant deux nouveaux V8 Mercury 450 Racing, et l’autre en V8 aussi, mais Z-drive. Que les hostilités commencent !
Le 350 SLX a marqué un tournant pour le chantier de Knoxville, Tennessee. C’est le début de l’ère des grands day-boats, en 2013, où les constructeurs américains se sont aperçus que leurs clients voulaient davantage un bateau ouvert pour accueillir un maximum de monde et sortir à la journée. Ceci au détriment des unités à cabine de type cruiser et autres vedettes. En ce sens, Sea Ray est un vrai pionnier ; son bateau a connu un succès fulgurant et immédiat, raison pour laquelle il est toujours dans la gamme. Il a ensuite été décliné en 250, en 280, 400 SLX, etc. Le revers de la médaille est le déclin de la division yachts en Floride, nettement moins rentable, et qui a fini par fermer ses portes en 2018.
La version la plus extrême
L’arrivée du 350 SLX a aussi marqué l’avènement d’un nouveau phénomène : l’engouement du public pour les motorisations horsbord plutôt que Z-drive. Une partie de la gamme est donc aujourd’hui proposée avec le choix des deux transmissions. Nous avons testé le 35 pieds dans sa version la plus extrême, avec le tout dernier V8 Mercury Racing en double exemplaire sur le tableau arrière. C’est un ensemble pour le moins sportif, qui dépasse 52 noeuds en pointe. En face, beaucoup plus classique, nous avions la version in-bord avec 2 x 380 chevaux sur des embases Bravo III. D’emblée, ce qui saute aux yeux avant même de monter à bord est la plage de bain ininterrompue que rend possible l’in-bord. L’ensemble est globalement plus esthétique, mais il n’est plus possible d’afficher fièrement la puissance de ses moteurs ! La grande plage
arrière est aussi un avantage pour la baignade, la pêche ou le wakeboard, car les moteurs ne viennent pas gêner le passage de la corde. Cerise sur le gâteau, la belle plage de bain peut partiellement s’immerger grâce à un système hydraulique qui se commande par simple pression sur un bouton. Un atout indéniable face au hors-bord.
Les embases Bravo III de la version sterndrive permettent de profiter du réglage du trim pour optimiser la vitesse et la consommation, comme sur les hors-bord.
Il existe aussi en version diesel
En revanche, avec ces derniers, du fait qu’ils se relèvent complètement, il est possible de débarquer plus facilement sur la plage, voire de s’échouer totalement, et même de sortir les hélices de l’eau, une fois au port. En termes de comportement, un monde sépare néanmoins les deux motorisations. Les 450R se montrent infiniment plus athlétiques, le contraire serait pour le moins surprenant. Nous avons mesuré un temps de déjaugeage de 11 secondes pour l’in-bord, ce qui est poussif, mais le bateau est lourd. À titre de comparaison, en 5 secondes 20, le hors-bord a déjà atteint 17,5 noeuds et, en 8 secondes 30, il est à 26 noeuds, départ arrêté. Il serait bien sûr plus équitable de faire une comparaison avec les V8 de 430 chevaux in-bord pour les performances. D’après le chantier, ces derniers permettent d’accrocher
48,5 noeuds en pointe, ce qui reste assez loin des 52,4 noeuds que nous avons réalisés à bord du SLX-R. Autre anecdote intéressante : nous avons aussi essayé ce bateau avec une paire de Verado 400R et avons été globalement déçus. L’ensemble déjaugeait en 10 secondes 50 et
le régime avait tendance à tomber dans les virages rapides. C’est peut-être pour cette raison que cet ensemble n’est plus proposé. En mer, les deux motorisations nous ont prouvé la qualité de carène du 350 SLX. D’ordinaire, l’in-bord Z-drive confère au bateau un centre de gravité plus bas et une meilleure assise, entre autres dans les virages larges ou serrés, ainsi que dans les enchaînements de petits virages. Les progrès réalisés sur les hors-bord rendent le SLX-R au moins aussi maniable et agile que son pendant en Z-drive.
Cent mille euros d’écart ou presque
Au niveau de la consommation, les hors-bord offrent des rendements supérieurs sur la majorité des régimes planants et s’octroient donc l’avantage. Le rendement optimum sur les in-bord est obtenu à 31,4 noeuds pour une consommation de 121,1 litres par heure. Avec une consommation identique, le SLX-R est, lui, déjà à 34,1 noeuds. Côté portefeuille, on remarque assez vite que ce bateau est frappé par la taxe de 25 % à l’importation sur les produits américains ! Dans l’absolu, la version hors-bord avec ses 140 chevaux de plus se montre 22 % plus chère que l’in-bord. En fait, c’est plus de 140 chevaux, car la puissance des 450R est mesurée à l’hélice tandis que celle des Mercruiser est prise au vilebrequin. Il en reste un sacré écart de budget, même si la taxe annuelle sur les in-bord est quatre fois plus élevée. Au propriétaire de juger s’il est prêt à mettre 100 000 € environ de plus pour passer du paisible bow-rider familial à la bête de course ! ■