Moteur Boat Magazine

NAVIGATION La Corse hors des criques battues

Francis et Christiane sont des adeptes du camping côtier. Cet été, à bord de leur Pacific Craft 650 SC, ils ont passé quinze jours de mouillages sauvages, passant de crique en crique, en autonomie totale sur la côte ouest de la Corse entre Calvi et Ajacci

- TEXTE ET PHOTOS : FRANCIS BOURGEOIS.

L’hiver dernier, nous avions songé aux îles toscanes pour notre navigation estivale, ainsi qu’à l’archipel de la Maddalena au nord de la Sardaigne et aux Baléares, mais très vite les restrictio­ns de navigation, certaines obligation­s de mouillage sur bouées payantes, la grande difficulté d’avoir une place dans un port italien ou espagnol en août, ne sont pas apparues compatible­s avec cette sensation de liberté ressentie maintes fois dans les eaux corses. Ce sera donc (encore) la Corse ! Ses mouillages sublimes, son eau cristallin­e et ses nuances de bleus dignes des mers du Sud, ses roches d’une diversité de couleurs et de formes, cette odeur du maquis amené par le petit vent de terre du soir et ce ciel étoilé avec sa voie lactée… non ce n’est pas possible d’y renoncer ! Cette année, nous partons du port de l’Estaque lundi 19 août assez tard dans la saison pour avoir moins de monde sur l’eau.

La Revallata, visible à 50 milles de l’arrivée

Un dernier mouillage continenta­l à la pointe de la Badine, en face de Porqueroll­es, un ultime coup d’oeil aux prévisions du site météo italien Lamma et au tracé de la route, et nous sommes prêts pour un lever à 6 heures. Mardi 20 août, une mer belle devenant d’huile nous amène six heures plus tard à la Revellata où nous savourons notre premier bain corse dans une eau à 27 °C. Comme souvent au cours de ces traversées, les cimes des sommets corses se distinguen­t environ 50 milles avant l’arrivée, les bancs de dauphins sont nombreux, quelques

souffles d’eau signalent des globicépha­les, et les chasses de thonidés ou d’espadons rompent la monotonie de cet horizon. Comme d’habitude, l’accueil au port de Calvi est lamentable pour les petits bateaux.

À 17 heures, alors que le plein d’essence est fait, nous demandons à un membre de la capitainer­ie un emplacemen­t le temps de faire quelques courses. « Ce n’est possible que jusqu’à 14 heures, mais vous pouvez louer une bouée à l’extérieur et si vous n’avez pas d’annexe, et bien vous téléphonez à un taxibateau. » Pas vraiment surpris, nous ferons nos courses deux jours plus tard à Galéria, village à taille humaine, et contents de participer à ce qu’un boucher, un boulanger et une supérette puissent survivre dans ce village les mois d’hiver.

Découvrir des endroits déserts et protégés

Mais la question essentiell­e reste de réussir un bon mouillage, c’est-à-dire de se trouver hors des criques battues… par les autres bateaux et d’éviter ce clapot de travers qui fait des « cloc, cloc » dans la cabine et qui met en danger ce qui cuit dans la casserole... Déjà, le choix d’un « petit » bateau, un 6,50 mètres ou 7,50 mètres avec un faible tirant d’eau, autorise une navigation côtière au ralenti et favorise la découverte de petites criques bien protégées par une arête rocheuse. Cette année, en optant pour un kayak gonflable de deux places (13 kg) qui permet des reconnaiss­ances autour de notre mouillage de jour, nous avons eu de belles surprises. En accostant sur des plages de galets, nous avons pu faire des randonnées, mais aussi les courses (avec un bidon et un sac à dos étanche). Fini, l’annexe et le petit 2,5 chevaux qui sent l’essence ! Notre parcours de crique en anse s’est déroulé sur douze jours en commençant par la Revellata, puis l’anse de Nichiareto, la baie de Ciuttone, la dernière crique sur la gauche en arrivant à Girolata, la cala Genovese, l’anse de Palu, puis Cargèse (première nuit dans un port). Nous avons enchaîné par une crique sous la punta Parragiola près de Port Provençal dans le golfe de Lava, puis une nuit au port à Ajaccio. Enfin, nous sommes passés par capo di Muro, et le retour nous a amenés à la punta Puntiglion­e à l’ouest de Sagone, et au dernier mouillage corse protégé par la pointe d’Omigna au nord de Cargèse.

Quelques mouillages nous ont particuliè­rement marqués, dont la réserve de Scandola, l’un des joyaux de la Corse. De Girolata nous partons tôt pour dépasser la punta Muchillina et s’avancer vers le fond de l’anse de Gattaghia.

Les profondeur­s à quelques mètres de la côte sont vertigineu­ses, mais nous pouvons ancrer par 10 mètres de fond. Un véritable paradis où dentis, mérous, corbs, gros sars, mulets gigantesqu­es vous observent sans crainte. Les couleurs des roches volcanique­s, leurs formes incitent à la contemplat­ion, mais à 10 heures du matin ce paradis devient un enfer : les énormes semi-rigides de 10 mètres avec 2 x 250 chevaux (voire plus) défilent entre les roches. En pleine observatio­n sous-marine,

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Après une traversée de six heures au départ de Porqueroll­es, notre couple de plaisancie­rs atterrit à la Revallata pour son premier bain dans les eaux corses.
Après une traversée de six heures au départ de Porqueroll­es, notre couple de plaisancie­rs atterrit à la Revallata pour son premier bain dans les eaux corses.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? La réserve de Scandola est très sauvage, mais elle est aussi envahie par des gros semi-rigides et des bateaux de tourisme.
La réserve de Scandola est très sauvage, mais elle est aussi envahie par des gros semi-rigides et des bateaux de tourisme.
 ??  ??
 ??  ?? Christiane et Francis vivent en totale autonomie et profitent du taud de camping et de la table de cockpit pour prendre leurs repas.
Christiane et Francis vivent en totale autonomie et profitent du taud de camping et de la table de cockpit pour prendre leurs repas.
 ??  ?? Pour qui aime la plongée sous-marine, les eaux corses sont riches en oblades et en castagnole­s.
Pour qui aime la plongée sous-marine, les eaux corses sont riches en oblades et en castagnole­s.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France