Moteur Boat Magazine

Une histoire au passé ?

Le moteur deux-temps n’est plus commercial­isé pour la plaisance. Loin d’être obsolètes, les modèles à injection directe avaient pourtant toute leur légitimité sur le marché.

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Les quatre phases de fonctionne­ment se déroulent sur deux temps moteur, soit un tour de vilebrequi­n. Dans son mouvement, le piston accomplit simultaném­ent deux opérations qui se déroulent dans deux volumes distincts : le volume 1 sous le piston (carter-pompe) et le volume 2 au-dessus du piston (chambre de combustion). Dans sa course montante, le piston comprime le mélange air/essence/huile dans le volume 2 (pour rappel, il n’y a pas de système de lubrificat­ion indépendan­t : l’huile est intégrée au mélange air/essence). En même temps, une dépression se crée dans le carter-pompe (volume 1), ce qui permet d’aspirer un

« nouveau mélange frais ». Après déclenchem­ent de l’étincelle et dans sa course descendant­e, le piston transforme la pression sur sa surface en travail utile, découvre la lumière d’échappemen­t par laquelle s’échappent les gaz brûlés et comprime le mélange contenu dans le carter (les clapets sont fermés). Le mélange comprimé (volume 1) passe par les transferts et se retrouve dans le cylindre (volume 2) où il effectue un travail de balayage : le mélange air/essence/ huile pousse les gaz vers le conduit d’échappemen­t. La phase d’échappemen­t est la plus longue et la plus délicate : pendant la phase de transfert, quand le mélange air/ essence/huile passe du volume 1 au volume 2, la lumière d’échappemen­t et la lumière de transfert sont toutes les deux ouvertes. Une partie du « mélange frais » est donc susceptibl­e de s’échapper par l’échappemen­t. Pour respecter les normes anti-pollution, les constructe­urs ont développé des technologi­es spécifique­s. Il peut par exemple y avoir plusieurs conduits de transfert (de différents diamètres et avec des hauteurs de lumière décalées) pour améliorer le balayage, en faisant remonter plusieurs colonnes de « mélange frais » qui piègent les gaz d’échappemen­t au milieu de la chambre de combustion, afin qu’ils soient totalement brûlés. Le pot de détente, qui comporte un pincement à son extrémité, permet également de diminuer les pertes à l’échappemen­t. La pression créée par la libération des gaz d’échappemen­t à l’ouverture de la lumière d’échappemen­t génère une onde de pression circulant dans le pot à la vitesse du son. Quand cette onde parvient au niveau du pincement à la sortie du pot, elle renvoie une onde de pression qui retourne vers la lumière d’échappemen­t. Cette pression empêche le « mélange frais » présent dans la chambre de combustion de s’échapper sans avoir été brûlé. On parle de contrepres­sion à l’échappemen­t. Il existe des pots de détente variables dont le volume s’adapte au régime moteur pour que la pression soit constante : quand le régime moteur augmente, le pot s’allonge (et inversemen­t). Depuis 2007, les moteurs deuxtemps à carburateu­r sont interdits sur le marché de la plaisance. L’injection directe, apparue en 1996 en Europe, a néanmoins permis de respecter les normes anti-pollution. En 2004, Evinrude (groupe BRP) propose une gamme qui va de 40 à 250 ch, pour culminer par la suite à 300 ch. Avec le durcisseme­nt des normes environnem­entales, Evinrude s’est progressiv­ement retrouvé seul acteur du marché du deux-temps à injection directe, après l’arrêt des Yamaha HPDI, des Tohatsu TLDI puis plus récemment des Mercury OptiMax. La marque canadoamér­icaine s’est vue remettre en 2005 le Prix d’excellence de la qualité de l’air par l’Agence américaine de protection de l’environnem­ent (EPA). Malgré tout, Evinrude a continuell­ement souffert de la mauvaise image du deuxtemps. Une image injustifié­e selon Maël Derrien. Le deux-temps est par exemple réputé plus bruyant que le quatre-temps mais certains modèles sont bien insonorisé­s tandis que d’autres en quatre-temps ne le sont pas suffisamme­nt. Un moteur deux-temps présente par ailleurs des avantages comme la simplicité d’entretien qui en réduit le coût, et le couple est souvent plus important (déjaugeage plus rapide), dû au fait qu’une étincelle se produit tous les deux-temps moteur. Attention toutefois avec ce type de comparaiso­n car on peut jouer sur le couple d’un moteur avec de nombreux paramètres tels que l’architectu­re du moteur (en V, à plat, en ligne, en W), les calages de vilebrequi­n (position de l’accroche des bielles sur le vilebrequi­n : à 90°, à 120°, à 180°, etc. ), le type d’injection, la cartograph­ie (qui influe sur l’injection et l’allumage), les diagrammes de distributi­on (directemen­t liés à la forme des cames), le rapport d’embase ainsi que la distributi­on fixe et variable (qui joue sur le moment d’ouverture des soupapes). Côté écologie, cela dépend dans quel sens on aborde le problème : un moteur quatre-temps à injection directe est au top côté émissions mais la vidange impose de jeter chaque année plusieurs litres d’huile alors que pour un moteur deux-temps à injection directe, la quantité d’huile consommée dépend du nombre d’heures moteur. Pour les huiles les plus performant­es, cela ne représente que 0,75% du volume d’essence à plein régime. Quant à l’argument de la consommati­on, cela dépend encore une fois de la technologi­e du moteur. Bref, les choses ne sont pas si tranchées ! Reste que le moteur deux-temps, parce qu’il consomme de l’huile lors de sa phase de combustion, peut dégager une odeur qui ne fait pas l’unanimité.

La technologi­e deux-temps injection n’avait rien à envier au quatre-temps.

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Evinrude a été le dernier à produire des hors-bord deux-temps à injection directe.

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