Moteur Boat Magazine

Croisière en famille sur la Baïse…

- TEXTE : STÉPHANIE DE LOUSTAL. PHOTOS : L’AUTEUR ET DR.

Située dans le sud-ouest, la Baïse est une rivière sauvage ouverte à la navigation. À bord d’une vedette Nicols de 13 mètres, nous l’avons découverte ainsi que les villages qui la bordent. Une mini-croisière très « covid-compatible » et qui permet de mettre sur pause le temps de quelques jours…

Certains connaissen­t le nom de Buzet par le vin produit dans le Lot-etGaronne, mais c’est aussi le nom d’une ville. Cette commune du sudouest est située au carrefour entre plusieurs cours d’eau, le Lot, la Garonne, le canal de Garonne et la Baïse. La société Nicols y a établi en 2001 l’une de ses dix-neuf bases de location baptisée Aquitaine Navigation (voir encadré en fin d’article). Le petit port de Buzetsur-Baïse sera donc notre point de départ pour une croisière en famille de quatre jours

(du lundi après-midi au vendredi matin), à bord du plus grand modèle de la flotte, un Estivale Octo (voir encadré sur le bateau), baptisé Château d’Aquitaine. Au départ de Buzet, plusieurs possibilit­és s’offrent à nous, soit aller vers le nord en suivant le canal de Garonne, soit descendre vers le sud en remontant la Baïse, un affluent de la Garonne. L’après-midi est déjà bien avancée quand nous quittons le port de Buzet. Les écluses sur le canal comme sur la Baïse ferment à 19 heures. Par ailleurs, autant il est possible de s’arrêter où l’on veut sur le canal, autant cela est interdit sur la Baïse.

Le canal de Garonne pour commencer…

Sur les conseils de Nicole, responsabl­e de l’accueil chez Aquitaine Navigation, nous décidons de commencer notre croisière par le canal de Garonne. Ce cours d’eau date du XIXe siècle et s’étend sur 193 kilomètres de Castets-en-Dorthe, près de Bordeaux, à Toulouse. Avec le canal du Midi, il constitue le canal des Deux-Mers qui relie l’Atlantique à la Méditerran­ée.

Il est 17 heures passées et la températur­e est étouffante. Nous apprécions particuliè­rement les grandes allées de platanes qui bordent le canal nous apportant une ombre rafraîchis­sante. Le pilote, depuis le fly, profite d’une belle vision et, même si le poste de barre est très sommaire, son emplacemen­t central facilite le passage sous les ponts où la largeur peut dépasser à peine celle du bateau. Quant à la hauteur, le pilote et les personnes installées sur le fly doivent parfois se baisser pour pouvoir traverser. Heureuseme­nt, nous avançons à un train de sénateur, à 800 tr/mn sous les ponts et aux abords des ports, soit 3 km/h

et à 1 900 tr/mn, soit 8 km/h sur le canal. Après Damazan et son port, l’écluse de Berry se profile devant nous.

La conviviali­té de la navigation fluviale

Une fois cette écluse franchie, nous poursuivon­s notre route jusqu’à la halte de La Falotte, située juste avant le Puch-d’Agenais. Nous dépassons quelques bateaux amarrés le long des berges et en croisons d’autres qui remontent le canal. L’ambiance est très paisible, reposante. À chaque nouvelle rencontre, tout le monde se salue, qu’il s’agisse des autres plaisancie­rs ou des marcheurs et cyclistes qui évoluent sur le chemin de halage le long du canal. Au niveau de la halte de la Falotte, la voûte de platanes qui nous accompagna­it depuis le départ s’écarte, dévoilant à nouveau des morceaux de ciel. Cela fait deux heures que nous naviguons en ligne droite et nous avons parcouru onze kilomètres depuis Buzet. Nous décidons de passer la nuit à La Falotte, amarrés à des pieux déjà prévus le long de la berge.

Après une nuit confortabl­e, nous revoyons notre programme. Le canal est très beau, mais le paysage nous semble un peu répétitif et nous souhaiteri­ons aller à Nérac, la ville d’Henri IV, située sur la Baïse, à une vingtaine de kilomètres au sud de Buzet. Comme nous devons être de retour à la base jeudi soir et que la vitesse sur la Baïse n’est que de 6 km/h, nous décidons de rejoindre la rivière. Malgré ses 13,50 mètres de long, Château d’Aquitaine effectue facilement son demi-tour. Deux heures plus tard, nous passons devant le port de Buzet avant de prendre, à gauche toute, la double écluse qui nous permet d’accéder à la Baïse. Le canal est géré par VNF, mais pas la Baïse. Pour cette raison, le fonctionne­ment des écluses est différent et nécessite une clef magnétique que nous récupérons à la double écluse de Buzet auprès d’une dame très

Plus sauvage que le canal, la Baïse a des airs d’Amazonie…

sympathiqu­e. Après l’écluse, nous prenons à droite et entamons notre remontée de la rivière. Cet affluent de la Garonne est navigable depuis le Moyen-Âge. Il est ouvert à la navigation du 1er avril au 1er novembre. Plus large que le canal, la rivière est aussi beaucoup plus sauvage et, si la végétation est très luxuriante sur les berges, le plan d’eau est moins ombragé. Mais on a l’impression de respirer davantage et pourtant il fait très chaud. Le paysage de toute beauté procure le sentiment d’être seuls au monde et, par moments, le cours d’eau prend des airs d’Amazonie. Tout est vert, la végétation, l’eau, et parfois la limite entre les deux est difficile à cerner.

Le calme et la tranquilli­té de la Baïse

Sur la Baïse, le trafic est beaucoup moins dense et le parcours, plus sinueux, semble moins lancinant que sur le canal. Par endroits, les arbres tombent dans l’eau et réduisent le passage pour Château d’Aquitaine qui frôle des branches et récupère sur son pont quelques feuilles. Au bout d’une heure de navigation, nous décidons de nous arrêter à la halte de Feugarolle­s au point kilométriq­ue 49. Il s’agit en fait d’un simple ponton en bois installé sur la rive droite et situé à quelques minutes à pied du village et de ses commerces (boulangeri­e et épicerie). Il est 15 heures, nous nous y amarrons pour déjeuner. La baignade n’est pas autorisée dans le canal comme dans la Baïse ; même si l’eau n’est pas très engageante, la chaleur qui règne en ces jours de canicule nous fait regretter cette interdicti­on. Trois kilomètres plus loin, le charmant village fortifié de Vianne nous accueille pour la nuit. La halte nautique est située au pied de la ville. Elle est gratuite dans la limite de trois nuits et comprend des quais en pierre, équipés en eau et électricit­é, et un long ponton en bois. Nous n’avons pas besoin de nous brancher sur du 220 V et choisisson­s donc le ponton en bois un peu à l’écart. Le lendemain matin, nous sommes réveillés par quelques gouttes de pluie bienvenues après une nuit étouffante.

Le soir, nous avons prévu d’être à Nérac.

Les dix kilomètres qui nous séparent de notre destinatio­n sont rythmés par les écluses qui semblent s’étroitiser au fur et à mesure que nous approchons du but. Heureuseme­nt,

Château d’Aquitaine est bien protégé par quelque vingt-cinq défenses qui ne l’empêchent pas d’entrer sans problème entre les murs des écluses. Nous nous laissons porter au fil de l’eau et profitons du paysage et de la tranquilli­té des lieux.

La ville de Nérac, comme destinatio­n finale

L’arrivée à Nérac par la rivière donne le sentiment de faire un bond dans le passé ; la première vue que nous en avons est la vieille ville avec ses toits en tuiles, ses maisons à colombages et son Pont-Vieux en pierre qui date du XVIe siècle. La halte est là au coeur de la ville, juste après ce pont, avec d’un côté le Petit Nérac, de l’autre la ville avec son imposante église Saint-Nicolas et les restes du château d’Henri IV. Malheureus­ement, en raison de la Covid, les visites du château sont sur rendez-vous et nous n’avons pas réservé. Les petites ruelles forment une véritable toile d’araignée et nous sentons dans cet endroit le poids de l’histoire. Le soir, un violent orage nous contraint à rester dîner dans le bateau, nous privant du plaisir de découvrir les petits restaurant­s en bord de Baïse.

C’est sous un ciel chargé que nous quittons le lendemain Nérac, après avoir réglé 10,80 € à l’office du tourisme (10 € pour la nuit + 0,20 € de taxe de séjour par personne). Sur le chemin du retour vers Buzet-sur-Baïse, nous ferons une halte pour déjeuner à Lavardac, afin de profiter jusqu’au bout de la beauté et du calme de la rivière avant de retourner dans le monde réel et sa folie ambiante… ■

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 ??  ?? Les ponts sur le canal de Garonne ne sont pas toujours très larges et il faut les aborder avec prudence à vitesse réduite. Mais, grâce au poste de barre central et au propulseur d’étrave, il est facile de maintenir le bateau bien dans l’axe.
Les ponts sur le canal de Garonne ne sont pas toujours très larges et il faut les aborder avec prudence à vitesse réduite. Mais, grâce au poste de barre central et au propulseur d’étrave, il est facile de maintenir le bateau bien dans l’axe.
 ??  ?? Buzet-sur-Baïse est situé entre le canal de Garonne, la Baïse et la Garonne dans le sud-ouest de la France.
Buzet-sur-Baïse est situé entre le canal de Garonne, la Baïse et la Garonne dans le sud-ouest de la France.
 ??  ?? La halte de la Falotte, à 11 kilomètres au nord de Buzet sur le canal, est un joli endroit, calme et reposant. L’amarrage y est gratuit.
La halte de la Falotte, à 11 kilomètres au nord de Buzet sur le canal, est un joli endroit, calme et reposant. L’amarrage y est gratuit.
 ??  ?? Des allées de platanes longent le canal de Garonne, offrant de l’ombre et de la fraîcheur toujours bienvenues en plein été.
Des allées de platanes longent le canal de Garonne, offrant de l’ombre et de la fraîcheur toujours bienvenues en plein été.
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 ??  ?? Le canal de Garonne est bordé par un chemin de halage qui fait le bonheur des cyclistes et des coureurs.
Le canal de Garonne est bordé par un chemin de halage qui fait le bonheur des cyclistes et des coureurs.
 ??  ?? Certains ponts sont assez bas, mais toujours suffisamme­nt hauts pour que les bateaux passent. Les personnes installées sur le fly doivent cependant parfois se baisser.
Certains ponts sont assez bas, mais toujours suffisamme­nt hauts pour que les bateaux passent. Les personnes installées sur le fly doivent cependant parfois se baisser.
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 ??  ?? Le voyage sur la Baïse est rythmé par les écluses, ici celle de Saint-Crabary, qui permettent de passer les chaussées.
Le voyage sur la Baïse est rythmé par les écluses, ici celle de Saint-Crabary, qui permettent de passer les chaussées.
 ??  ?? Les ponts, ici celui SNCF de Vianne, permettent de savoir où l’on se trouve sur la rivière, à condition bien sûr d’avoir le guide de navigation de la région.
Les ponts, ici celui SNCF de Vianne, permettent de savoir où l’on se trouve sur la rivière, à condition bien sûr d’avoir le guide de navigation de la région.
 ??  ?? Les écluses en remontant vers Nérac sont de plus en plus étroites, mais toujours suffisamme­nt larges pour que des gros bateaux comme notre vedette de 3,80 mètres de large puissent passer. De plus, la présence des nombreuses défenses (vingt-cinq sur notre bateau) est très rassurante.
Les écluses en remontant vers Nérac sont de plus en plus étroites, mais toujours suffisamme­nt larges pour que des gros bateaux comme notre vedette de 3,80 mètres de large puissent passer. De plus, la présence des nombreuses défenses (vingt-cinq sur notre bateau) est très rassurante.
 ??  ?? Le paysage, magnifique et très sauvage, se reflète dans la rivière, la plupart du temps déserte.
Le paysage, magnifique et très sauvage, se reflète dans la rivière, la plupart du temps déserte.
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 ??  ?? En sortant de l’écluse de Lavardac, on découvre le pont et la ville dont la rive droite accueille une halte nautique.
En sortant de l’écluse de Lavardac, on découvre le pont et la ville dont la rive droite accueille une halte nautique.
 ??  ?? La différence de hauteur d’eau dans les écluses peut atteindre 2,80 mètres, la plus profonde sur notre parcours étant celle de Lavardac.
La différence de hauteur d’eau dans les écluses peut atteindre 2,80 mètres, la plus profonde sur notre parcours étant celle de Lavardac.
 ??  ?? Avant chaque écluse, un petit ponton en bois permet de débarquer un équipier pour qu’il aille actionner l’écluse, ou d’attendre qu’elle soit libre.
Avant chaque écluse, un petit ponton en bois permet de débarquer un équipier pour qu’il aille actionner l’écluse, ou d’attendre qu’elle soit libre.
 ??  ?? La halte de Feugarolle­s, au point kilométriq­ue 49, est l’un des seuls endroits où il est autorisé de s’arrêter entre Buzet et Vianne.
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La halte de Feugarolle­s, au point kilométriq­ue 49, est l’un des seuls endroits où il est autorisé de s’arrêter entre Buzet et Vianne. •
 ??  ?? Le fly est particuliè­rement sobre avec sa banquette et son petit poste de barre central.
Le fly est particuliè­rement sobre avec sa banquette et son petit poste de barre central.
 ??  ?? La grande table et les chaises en plastique disposées dans le cockpit permettent de prendre les repas à l’extérieur.
La grande table et les chaises en plastique disposées dans le cockpit permettent de prendre les repas à l’extérieur.
 ??  ?? En face du grand carré convertibl­e, lumineux et bien aéré, la cuisine est installée tout en longueur.
En face du grand carré convertibl­e, lumineux et bien aéré, la cuisine est installée tout en longueur.
 ??  ?? Le poste de barre intérieur, décalé sur bâbord, est utile en cas de mauvais temps.
Le poste de barre intérieur, décalé sur bâbord, est utile en cas de mauvais temps.
 ??  ?? Les deux cabines avant sont séparées par une cloison et accueillen­t des lits ciseaux.
Les deux cabines avant sont séparées par une cloison et accueillen­t des lits ciseaux.
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 ??  ?? Le Pont-Vieux de Nérac est un symbole de la ville qu’il sépare en deux, avec le Petit Nérac sur la rive droite.
Le Pont-Vieux de Nérac est un symbole de la ville qu’il sépare en deux, avec le Petit Nérac sur la rive droite.
 ??  ?? Il est possible de louer des petites barques sans permis pour se balader sur la Baïse et découvrir Nérac par la rivière.
Il est possible de louer des petites barques sans permis pour se balader sur la Baïse et découvrir Nérac par la rivière.
 ??  ?? La halte nautique de Vianne est située juste après l’écluse (en remontant la rivière). Les quais en pierre avec eau et électricit­é sont prolongés par un beau ponton en bois sur lequel nous avons amarré Château d’Aquitaine.
La halte nautique de Vianne est située juste après l’écluse (en remontant la rivière). Les quais en pierre avec eau et électricit­é sont prolongés par un beau ponton en bois sur lequel nous avons amarré Château d’Aquitaine.
 ??  ?? Nérac est un village médiéval rempli d’histoire. Une bien belle escale !
Nérac est un village médiéval rempli d’histoire. Une bien belle escale !
 ??  ?? • Prix avec 50 ch Nanni Diesel et équipement­s : 440 000 € – Long. : 14,95 m Larg. : 3,85 m – Poids : 9 250 kg – Motorisati­on : 50 ch Nanni Diesel Capacité carburant : 375 l – Capacité eau : 1 050 l
• Prix avec 50 ch Nanni Diesel et équipement­s : 440 000 € – Long. : 14,95 m Larg. : 3,85 m – Poids : 9 250 kg – Motorisati­on : 50 ch Nanni Diesel Capacité carburant : 375 l – Capacité eau : 1 050 l
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 ??  ?? Colette Chenailler et son mari dans le carré de leur bateau, personnali­sé avec ces quatre sièges.
Colette Chenailler et son mari dans le carré de leur bateau, personnali­sé avec ces quatre sièges.
 ??  ?? Les deux cabines avant ont été transformé­es en une vaste suite de propriétai­re avec un grand lit central.
Les deux cabines avant ont été transformé­es en une vaste suite de propriétai­re avec un grand lit central.
 ??  ?? Le fly de ce nouveau bateau est un modèle du genre avec banquettes, bain de soleil et coin repas.
Le fly de ce nouveau bateau est un modèle du genre avec banquettes, bain de soleil et coin repas.

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