Croisière en famille sur la Baïse…
Située dans le sud-ouest, la Baïse est une rivière sauvage ouverte à la navigation. À bord d’une vedette Nicols de 13 mètres, nous l’avons découverte ainsi que les villages qui la bordent. Une mini-croisière très « covid-compatible » et qui permet de mettre sur pause le temps de quelques jours…
Certains connaissent le nom de Buzet par le vin produit dans le Lot-etGaronne, mais c’est aussi le nom d’une ville. Cette commune du sudouest est située au carrefour entre plusieurs cours d’eau, le Lot, la Garonne, le canal de Garonne et la Baïse. La société Nicols y a établi en 2001 l’une de ses dix-neuf bases de location baptisée Aquitaine Navigation (voir encadré en fin d’article). Le petit port de Buzetsur-Baïse sera donc notre point de départ pour une croisière en famille de quatre jours
(du lundi après-midi au vendredi matin), à bord du plus grand modèle de la flotte, un Estivale Octo (voir encadré sur le bateau), baptisé Château d’Aquitaine. Au départ de Buzet, plusieurs possibilités s’offrent à nous, soit aller vers le nord en suivant le canal de Garonne, soit descendre vers le sud en remontant la Baïse, un affluent de la Garonne. L’après-midi est déjà bien avancée quand nous quittons le port de Buzet. Les écluses sur le canal comme sur la Baïse ferment à 19 heures. Par ailleurs, autant il est possible de s’arrêter où l’on veut sur le canal, autant cela est interdit sur la Baïse.
Le canal de Garonne pour commencer…
Sur les conseils de Nicole, responsable de l’accueil chez Aquitaine Navigation, nous décidons de commencer notre croisière par le canal de Garonne. Ce cours d’eau date du XIXe siècle et s’étend sur 193 kilomètres de Castets-en-Dorthe, près de Bordeaux, à Toulouse. Avec le canal du Midi, il constitue le canal des Deux-Mers qui relie l’Atlantique à la Méditerranée.
Il est 17 heures passées et la température est étouffante. Nous apprécions particulièrement les grandes allées de platanes qui bordent le canal nous apportant une ombre rafraîchissante. Le pilote, depuis le fly, profite d’une belle vision et, même si le poste de barre est très sommaire, son emplacement central facilite le passage sous les ponts où la largeur peut dépasser à peine celle du bateau. Quant à la hauteur, le pilote et les personnes installées sur le fly doivent parfois se baisser pour pouvoir traverser. Heureusement, nous avançons à un train de sénateur, à 800 tr/mn sous les ponts et aux abords des ports, soit 3 km/h
et à 1 900 tr/mn, soit 8 km/h sur le canal. Après Damazan et son port, l’écluse de Berry se profile devant nous.
La convivialité de la navigation fluviale
Une fois cette écluse franchie, nous poursuivons notre route jusqu’à la halte de La Falotte, située juste avant le Puch-d’Agenais. Nous dépassons quelques bateaux amarrés le long des berges et en croisons d’autres qui remontent le canal. L’ambiance est très paisible, reposante. À chaque nouvelle rencontre, tout le monde se salue, qu’il s’agisse des autres plaisanciers ou des marcheurs et cyclistes qui évoluent sur le chemin de halage le long du canal. Au niveau de la halte de la Falotte, la voûte de platanes qui nous accompagnait depuis le départ s’écarte, dévoilant à nouveau des morceaux de ciel. Cela fait deux heures que nous naviguons en ligne droite et nous avons parcouru onze kilomètres depuis Buzet. Nous décidons de passer la nuit à La Falotte, amarrés à des pieux déjà prévus le long de la berge.
Après une nuit confortable, nous revoyons notre programme. Le canal est très beau, mais le paysage nous semble un peu répétitif et nous souhaiterions aller à Nérac, la ville d’Henri IV, située sur la Baïse, à une vingtaine de kilomètres au sud de Buzet. Comme nous devons être de retour à la base jeudi soir et que la vitesse sur la Baïse n’est que de 6 km/h, nous décidons de rejoindre la rivière. Malgré ses 13,50 mètres de long, Château d’Aquitaine effectue facilement son demi-tour. Deux heures plus tard, nous passons devant le port de Buzet avant de prendre, à gauche toute, la double écluse qui nous permet d’accéder à la Baïse. Le canal est géré par VNF, mais pas la Baïse. Pour cette raison, le fonctionnement des écluses est différent et nécessite une clef magnétique que nous récupérons à la double écluse de Buzet auprès d’une dame très
Plus sauvage que le canal, la Baïse a des airs d’Amazonie…
sympathique. Après l’écluse, nous prenons à droite et entamons notre remontée de la rivière. Cet affluent de la Garonne est navigable depuis le Moyen-Âge. Il est ouvert à la navigation du 1er avril au 1er novembre. Plus large que le canal, la rivière est aussi beaucoup plus sauvage et, si la végétation est très luxuriante sur les berges, le plan d’eau est moins ombragé. Mais on a l’impression de respirer davantage et pourtant il fait très chaud. Le paysage de toute beauté procure le sentiment d’être seuls au monde et, par moments, le cours d’eau prend des airs d’Amazonie. Tout est vert, la végétation, l’eau, et parfois la limite entre les deux est difficile à cerner.
Le calme et la tranquillité de la Baïse
Sur la Baïse, le trafic est beaucoup moins dense et le parcours, plus sinueux, semble moins lancinant que sur le canal. Par endroits, les arbres tombent dans l’eau et réduisent le passage pour Château d’Aquitaine qui frôle des branches et récupère sur son pont quelques feuilles. Au bout d’une heure de navigation, nous décidons de nous arrêter à la halte de Feugarolles au point kilométrique 49. Il s’agit en fait d’un simple ponton en bois installé sur la rive droite et situé à quelques minutes à pied du village et de ses commerces (boulangerie et épicerie). Il est 15 heures, nous nous y amarrons pour déjeuner. La baignade n’est pas autorisée dans le canal comme dans la Baïse ; même si l’eau n’est pas très engageante, la chaleur qui règne en ces jours de canicule nous fait regretter cette interdiction. Trois kilomètres plus loin, le charmant village fortifié de Vianne nous accueille pour la nuit. La halte nautique est située au pied de la ville. Elle est gratuite dans la limite de trois nuits et comprend des quais en pierre, équipés en eau et électricité, et un long ponton en bois. Nous n’avons pas besoin de nous brancher sur du 220 V et choisissons donc le ponton en bois un peu à l’écart. Le lendemain matin, nous sommes réveillés par quelques gouttes de pluie bienvenues après une nuit étouffante.
Le soir, nous avons prévu d’être à Nérac.
Les dix kilomètres qui nous séparent de notre destination sont rythmés par les écluses qui semblent s’étroitiser au fur et à mesure que nous approchons du but. Heureusement,
Château d’Aquitaine est bien protégé par quelque vingt-cinq défenses qui ne l’empêchent pas d’entrer sans problème entre les murs des écluses. Nous nous laissons porter au fil de l’eau et profitons du paysage et de la tranquillité des lieux.
La ville de Nérac, comme destination finale
L’arrivée à Nérac par la rivière donne le sentiment de faire un bond dans le passé ; la première vue que nous en avons est la vieille ville avec ses toits en tuiles, ses maisons à colombages et son Pont-Vieux en pierre qui date du XVIe siècle. La halte est là au coeur de la ville, juste après ce pont, avec d’un côté le Petit Nérac, de l’autre la ville avec son imposante église Saint-Nicolas et les restes du château d’Henri IV. Malheureusement, en raison de la Covid, les visites du château sont sur rendez-vous et nous n’avons pas réservé. Les petites ruelles forment une véritable toile d’araignée et nous sentons dans cet endroit le poids de l’histoire. Le soir, un violent orage nous contraint à rester dîner dans le bateau, nous privant du plaisir de découvrir les petits restaurants en bord de Baïse.
C’est sous un ciel chargé que nous quittons le lendemain Nérac, après avoir réglé 10,80 € à l’office du tourisme (10 € pour la nuit + 0,20 € de taxe de séjour par personne). Sur le chemin du retour vers Buzet-sur-Baïse, nous ferons une halte pour déjeuner à Lavardac, afin de profiter jusqu’au bout de la beauté et du calme de la rivière avant de retourner dans le monde réel et sa folie ambiante… ■