Bien choisir ses cordages
Les bateaux à moteur ont un usage plus restreint des cordages que leurs cousins à voile, mais cet équipement reste indispensable à la sécurité, pour l’amarrage, le mouillage, le remorquage, etc. À condition de bien connaître leurs spécificités, les fibres modernes s’ouvrent aussi à de nouveaux usages à bord.
Des siècles d’évolution ont permis de développer des cordages de plus en plus performants, mais les matériaux disponibles, essentiellement d’origine végétale comme le chanvre, le coton, le lin ou le sisal, ont, en raison d’une forte sensibilité à l’humidité et à la pourriture, toujours manqué de cohésion et surtout de fiabilité. Depuis les années 1960, le développement des fibres synthétiques a marqué les débuts d’une révolution qui se prolonge encore aujourd’hui, certaines fibres ayant la résistance de l’acier pour un poids huit fois inférieur !
Si les matériaux ont beaucoup évolué, les techniques de fabrication sont, à de rares exceptions près, toujours très proches de celles d’autrefois. Certains fabricants de cordages sont d’ailleurs en activité depuis plus d’un siècle ! La méthode la plus simple consiste à réunir les fibres continues en brins, qui seront torsadés pour former des torons, l’assemblage de trois torons au minimum formant un filin. Plus récent, car lié au développement des matériaux de synthèse, l’autre mode de fabrication consiste à tresser les fibres sous forme d’une gaine tubulaire entourant une âme à fibres travaillantes continues, afin de rendre la prise en main plus confortable et protéger l’âme contre l’usure, les UV. Selon la résistance recherchée, l’entrelacement des brins (ou fuseaux) de la gaine sera plus ou moins serré (de 8 à 32 fuseaux) mais la quasi-totalité des efforts est reprise par l’âme elle-même.
Pour les amarres et les mouillages
De nombreux plaisanciers « recyclent » leurs cordages usés en amarres, mais leur structure est inadaptée à l’amortissement des chocs, pour ne rien dire d’un niveau de fiabilité aléatoire. Tous les catalogues présentent des cordages spécifiques, polyamide, polyester ou polypropylène, adaptés à cet usage, où l’on privilégie la souplesse et l’élasticité indispensables pour amortir les efforts imposés par le vent ou les vagues sur le bateau.
Il existe aussi, en complément d’une ancre en aluminium, des cordages plombés, susceptibles de remplacer une chaîne, mais ils ne s’utiliseront que pour des mouillages occasionnels ou à bord de petites unités. Faciles à manipuler, ils restent en effet sensibles au ragage sur le fond et ne peuvent remplacer une chaîne en usage intensif ou permanent.
Ce qu’il faut savoir sur l’usage et l’entretien
Exposés aux intempéries et soumis à de fortes contraintes, tous les cordages ont une durée de vie nécessairement limitée. Ils font partie des consommables du bord, avec un remplacement périodique qui s’imposera vite au fil des saisons. Sachant que la gamme des prix varie dans un rapport de 1 à 3 ou plus à diamètre égal (avec une moyenne située entre 2 et 3 € le mètre pour une drisse en polyester, contre 6 à 10 en exotique), le choix du textile le mieux adapté à l’usage prévu se pose alors avec acuité : utiliser une tresse en Vectran à haute ténacité alors qu’une simple garcette en polyamide suffirait à la tâche, n’allégera pas le budget d’entretien !
Une amarre ou un mouillage devront amortir au mieux les à-coups dus au clapot ou au rappel de l’ancre. Quel que soit le cordage, tout l’accastillage, réas, taquets, bloqueurs, etc., devra être adapté à son diamètre nominal sous peine de dysfonctionnements ou d’usure prématurée ; trop petit, un cordage pourra scier la gorge d’un réa ou glisser dans un bloqueur, trop gros, il usera les joues d’une poulie et
verra sa gaine écrasée par les coinceurs. Si vous privilégiez des cordages de moins de 10 mm de diamètre, il sera prudent de manoeuvrer avec des gants. Surveillez les points de frottement avec un soin maniaque, le moindre ragage répété sur une pièce d’accastillage, anneau brisé, goupille ou autre, ou de fixation, tête de vis, filetage ou écrou, viendra à bout du cordage le plus performant de la planète ! Au moindre signe d’usure suspecte, gaine effilochée, toron rompu, âme apparente, etc., cherchez en rapidement l’origine et corrigez le problème sans tarder. Afin de ne pas attirer les particules abrasives, évitez de stocker vos cordages
directement sur le sol ou le plancher ; lovez-les soigneusement et suspendez-les dans un coffre aéré.
Comme sur tous les textiles du bord, le sel a une action abrasive extrêmement forte sur les fibres, y compris à l’intérieur des cordages, les écoutes, situées à plat pont, étant particulièrement exposées au phénomène. Un rinçage régulier et abondant à l’eau douce sera le meilleur traitement préventif qui soit, un hivernage à l’abri et à l’ombre venant parfaitement le compléter. Compte tenu du coût élevé des cordages de qualité, ces précautions permettront de prolonger sensiblement la durée de vie de vos investissements.
Penser à bien soigner les extrémités
La résistance indiquée sur les fiches techniques des fabricants est généralement statique et ne tient aucun compte du mode de fixation des extrémités, et pourtant... Un simple noeud fait