Le désert des Agriates ...................................................
Après le premier confinement et la crainte d’une deuxième vague épidémique, une certaine inconnue planait sur les vacances d’été 2020 de Serge et Isabelle, propriétaires d’un Pro Marine Sundeck 7.60. Les Baléares, destination initialement prévue, ont été remplacées par la Corse et ses paysages paradisiaques pour une douzaine de jours « en mode aventure »…
Depuis 2014, nous organisons notre croisière estivale avec une autre famille, Nicolas, Coralie et leurs deux enfants, propriétaires d’un Cap Camarat 10.5. Ensemble, nous profitons de cette bulle d’évasion et partageons notre passion pour la nature et les beaux paysages. Pour cette aventure en Corse, Arnaud, Jacqueline et leurs trois enfants se sont également joints à nous à bord de leur Quicksilver Activ 805 Cruiser. C’est donc à trois bateaux que nous avons découvert la bien nommée Île de Beauté.
Cap sur la Revellata dans le sud-est
Partis par la route le 12 juillet de la région parisienne, nous mettons à l’eau Megalex, notre Pro Marine Sundeck 7.60, à Six-Foursles-Plages dans le Var. La météo ne nous permettant pas d’effectuer la traversée vers la Corse dans de bonnes conditions, nous caboterons pendant six jours le long des côtes varoises jusqu’aux îles de Lérins, qui seront notre point de départ le 19 juillet. Il est 6 h 30 du matin lorsque nous mettons le cap au 127° sur la pointe de la Revellata et plus précisément Calvi à 95 milles dans le sud-est. Les bonnes conditions météo (ça valait le coup d’attendre !) nous permettent de réaliser la traversée en quatre heures et demie, à 28 noeuds de moyenne (consommation 159 l/h) et de croiser un énorme rorqual commun et des dauphins. Alors que la terre est en vue et au fur et à mesure que nous nous approchons de l’île, nous découvrons un paysage tel qu’on en
rêvait, fait de côtes accidentées, dévoilant des couleurs magnifiques et duquel se dégage une odeur de maquis.
Point de chute privilégiée des plaisanciers qui viennent du continent, Calvi est surplombé par une citadelle installée dans un décor de rêve. À ses pieds et en plein coeur de la ville, le port de plaisance dispose d’une station de carburant à laquelle nous refaisons les pleins.
Nous en profitons également pour faire des provisions alimentaires, puis allons nous mettre au mouillage derrière Calvi à l’ouest, dans le golfe de la Revellata devant la plage d’Alga, faite de petites criques et de pointes rocheuses.
Deux jours au mouillage au pied de la Revellata
Nous y resterons deux jours et découvrirons des recoins sauvages jusqu’au phare.
Ses fonds marins sont d’une richesse et d’une clarté incroyables pour qui aime le snorkeling (plongée avec palmes, masque et tuba). Calvi est souvent le point d’arrivée sur la Corse, mais c’est aussi le point de départ pour découvrir les côtes de l’île. Cette année, nous décidons de visiter le nord-ouest de l’Île de Beauté et mettons le cap vers
Saint-Florent. Notre objectif est d’être en autonomie totale et de passer de crique en crique, pour profiter au maximum de cet endroit qui s’avère être un véritable paradis pour les plaisanciers.
Sur notre route vers Saint-Florent, le désert des Agriates est une côte sauvage de
15 000 hectares sans aucune construction, très préservée et bordée de plages paradisiaques, souvent occupées par des vaches, et ayant comme arrière-plan les montagnes corses. Ce côté sauvage a bien évidemment quelques inconvénients et demande donc de prendre certaines précautions.
Le désert des Agriates porte bien son nom
La première est de vérifier la météo, cette côte offrant des mouillages très exposés au mistral. Ensuite, l’été, le désert est une véritable fournaise et il n’y a aucun point d’eau potable sur la zone. Il faut donc en prévoir avant de partir en balade à terre, avec de bonnes chaussures de marche et des chapeaux. N’espérez pas utiliser votre téléphone là-bas, il n’y a pas de réseau. Bien sûr, allumer un feu est interdit – le risque d’incendie étant trop important – tout comme le camping sauvage. Enfin, il n’existe à terre ni sanitaires ni poubelles, il faut donc garder ou ramener ses déchets à bord.
L’une de nos escales préférées dans le désert des Agriates est la plage de Ghignu qui est pour nous la plus sauvage. Située à une vingtaine de milles de Calvi, elle est une merveille de la nature avec ses 200 mètres de sable blanc bordés par une eau turquoise. Les vaches s’y promènent le long de la mer en liberté, le sentiment de dépaysement y est intense tant on se sent coupé du monde.
Un peu plus dans l’est, à 6 milles de Ghignu, la plage de Saleccia est certainement l’un des plus beaux joyaux de l’île. Longue d’un kilomètre, elle est bordée par des dunes de sable fin et une pinède de pins d’Alep unique en Corse. L’eau y arbore des teintes qui n’ont rien à envier aux plus beaux lagons du Pacifique. Une paillote, appelée Piniccia di Saleccia, permet en plus de déguster une cuisine d’été (sandwiches, salades, plats chauds et spécialités corses) tout en profitant d’une vue imprenable sur la mer. Lors de notre passage, nous étions les seuls au restaurant et avons particulièrement apprécié les arômes du maquis autour d’un bon repas. Le retour de nuit sous les étoiles vers nos bateaux au mouillage
restera gravé dans nos mémoires… En poursuivant notre route, après la pointe de Curza qui déborde à l’est la plage de Saleccia, la plage suivante est celle du Lotu.
Elle est située à seulement 5 milles dans l’ouest de Saint-Florent et fait partie des mouillages incontournables des Agriates. Difficilement accessible à pied (il faut compter 4 h 45 de marche par le sentier littoral depuis Saint-Florent), elle est en revanche desservie par des navettes maritimes venues de Saint-Florent. Il faut dire que l’eau turquoise est l’une des plus pures de Corse et que le maquis qui la borde offre un panorama magnifique.
De belles lumières de fin de journée
Encore plus paradisiaque, la plage de Fiume Santu, à 2 milles vers l’est, est un formidable abri pour les plaisanciers. Cette anse sableuse fermée par les montagnes est très agréable, particulièrement en soirée où la lumière du soleil est somptueuse. Nous profitons largement de ce mouillage et effectuons des promenades en annexe en remontant le cours d’eau Santu qui se jette dans la mer. À Saint-Florent, nous refaisons quelques courses et complétons notre plein d’essence. Ayant fait des sauts de puce, de mouillage en mouillage, à vitesse réduite, nous avons peu consommé.
Mais la fin des vacances approche et il nous faut penser à rentrer. Nous retournons donc à Calvi pour refaire le plein de carburant avant la traversée vers Port-Cros, que nous réaliserons dans des conditions idylliques avec une météo idéale, un horizon dégagé et une mer plate… La Corse s’est révélée être une formidable destination « post-confinement » avec ses paysages de cartes postales et ses mouillages de rêve qui offrent un dépaysement garanti à portée d’étrave… ■