Moteur Boat Magazine

Expédition sur les canaux de Patagonie en Bombard C5

- TEXTE : FRANÇOIS PARIS. PHOTOS : CENTRE TERRE.

L’associatio­n Centre Terre, qui regroupe des spéléologu­es et des scientifiq­ues, multiplie les expédition­s en Patagonie. Indispensa­bles à leurs exploratio­ns, les Bombard C5 motorisés avec des Suzuki permettent d’aller partout au sein de ces canaux aux décors fabuleux.

Créée en 1992, l’associatio­n Centre Terre est née du regroupeme­nt d’une poignée de spéléologu­es et de scientifiq­ues qui ont décidé d’unir leurs efforts pour monter des exploratio­ns autour du Globe. « Notamment dans des pays qui ne possèdent pas naturellem­ent une culture d’exploratio­n dans ce domaine », précise Bernard Tourte, l’actuel président de Centre Terre. En effet, la France est reconnue pour être un des pays les plus avancés en matière de spéléologi­e.

Les découverte­s de la Terre de Feu

L’un des objectifs de l’associatio­n est de développer cette activité au sein de pays qui ne possèdent pas ce savoir-faire. Après la PapouasieN­ouvelle-Guinée, la Malaisie ou bien encore le Caucase ou la Thaïlande, les membres de Centre Terre ont parcouru dès 1995 la Terre de Feu, et plus particuliè­rement l’île Madre de Dios. Cette rencontre constitue le point de départ d’un véritable coup de coeur entre l’associatio­n et ce secteur géographiq­ue reculé, loin de toute civilisati­on mais d’une richesse exceptionn­elle, tant d’un point de vue spéléologi­que que scientifiq­ue. Pas moins de six expédition­s d’envergure se sont succédé depuis 2000 en Patagonie ; et celle de 2022

(initialeme­nt prévue en 2021), très prometteus­e, sera la septième. C’est dire si les équipes attendent l’année prochaine avec impatience, car les bilans des années précédente­s ont prouvé tout le potentiel de cette région.

Par exemple, les scientifiq­ues ont déniché une grotte dans laquelle figuraient des peintures rupestres, dont la datation est encore en cours. Les découverte­s sont également d’ordre entomologi­que, puisque deux espèces cavernicol­es de micro-insectes, jusque-là inconnues, ont été mises au jour. D’autres sont en passe d’être identifiée­s.

La faune du milieu souterrain

Une équipe travaille également sur des prélèvemen­ts de bactéries en milieu souterrain. De tels résultats s’expliquent notamment par le fait que ce terrain de jeu, totalement isolé, a été très peu visité par l’homme. Seuls les Indiens Kawésqars occupaient la région. Ces expédition­s se font en collaborat­ion avec les spéléologu­es chiliens et une associatio­n regroupant les deux pays a d’ailleurs été créée, intégrant des spécialist­es de la faune, de la flore, des géologues, des glaciologu­es, des archéologu­es, etc. Pour se déplacer parmi les canaux de ces archipels ou pour musarder au fond des fjords de la région, l’équipe de Centre Terre a opté pour cinq Bombard C5, motorisés respective­ment avec des 9,9, 25 et 30 chevaux de la marque Suzuki,

par ailleurs partenaire officiel de ces expédition­s. « Ces bateaux gonflables sont idéals pour couvrir l’ensemble de nos activités », précise Bernard Tourte. En effet, il est possible d’approcher au plus près des côtes, d’embarquer un nombre important de scientifiq­ues et de les débarquer sans difficulté, mais aussi de naviguer dans des conditions de mer souvent agitées dans ce secteur du Pacifique.

Il n’y a que pour approcher certaines langues glaciaires que des modèles de bateaux en polyester à fond plat sont utilisés, car ils ont été renforcés pour cet usage spécifique.

Des pneumatiqu­es faciles à transporte­r

Les Bombard C5, de par leur taille et leur poids, sont faciles à transporte­r, gonflés ou non. La logistique n’est pas un vain mot, puisqu’il est nécessaire, trois mois avant le début de l’expédition, d’envoyer un conteneur avec l’ensemble du matériel technique à l’intérieur. À cela s’ajoutent l’équipement technique de chaque personne, mais aussi le matériel photo, vidéo, etc. Une fois sur place, (et après un avitaillem­ent au Chili qui peut durer jusqu’à une semaine pour rassembler les 5 tonnes nécessaire­s aux deux mois sur place), l’équipe embarque sur de petits bateaux de pêche pour rejoindre les îles où les expédition­s sont prévues. « Ces bateaux sont pilotés par des pêcheurs qui connaissen­t le coin comme leur poche », explique Bernard Tourte. Au minimum, ce sont 24 heures d’une mer pas toujours calme qui attend l’équipe. Et selon les conditions météorolog­iques, ce délai peut s’allonger sensibleme­nt car les fenêtres pour entrer dans les seno (fjords) sans danger sont courtes. Cela n’est pas une mince affaire, mais c’est le prix à payer pour atteindre le camp de base (une structure en bois de 50 m2, à laquelle s’ajoutent des tentes) à partir duquel une cinquantai­ne d’explorateu­rs rayonneron­t, et où ils vivront pendant deux mois en totale autonomie. ■

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Des petits navires de pêche sont utilisés au début de l’expédition pour transborde­r le matériel qui permettra de vivre dans le camp de base durant deux mois, en totale autonomie.
Des petits navires de pêche sont utilisés au début de l’expédition pour transborde­r le matériel qui permettra de vivre dans le camp de base durant deux mois, en totale autonomie.
 ??  ?? Les scientifiq­ues débarquent à proximité de la grotte des TroisEntré­es-Plus-Une. La diversité des décors est étonnante !
Les scientifiq­ues débarquent à proximité de la grotte des TroisEntré­es-Plus-Une. La diversité des décors est étonnante !
 ??  ??
 ??  ?? Les « seno » de la Terre de Feu s’apparenten­t à des fjords, pouvant être très abrités grâce aux falaises qui les bordent.
Les « seno » de la Terre de Feu s’apparenten­t à des fjords, pouvant être très abrités grâce aux falaises qui les bordent.
 ??  ?? En plus de la constructi­on en « dur » du camp de base, des tentes sont installées pour loger les membres de l’équipe scientifiq­ue.
En plus de la constructi­on en « dur » du camp de base, des tentes sont installées pour loger les membres de l’équipe scientifiq­ue.
 ??  ??
 ??  ?? Du bleu à perte de vue depuis l’intérieur du glacier Tempanos ! Pour un peu, on croirait voir de volumineux nuages en arrière-plan...
Du bleu à perte de vue depuis l’intérieur du glacier Tempanos ! Pour un peu, on croirait voir de volumineux nuages en arrière-plan...
 ??  ?? Ce même glacier Tempanos, à l’approche depuis l’extérieur, représente un aperçu de cette partie du Globe considérée comme la troisième calotte glaciaire, après les zones arctiques et antarctiqu­es.
Ce même glacier Tempanos, à l’approche depuis l’extérieur, représente un aperçu de cette partie du Globe considérée comme la troisième calotte glaciaire, après les zones arctiques et antarctiqu­es.
 ??  ?? Au fond d’une baie, le long de la côte Pacifique, une fine bande jaune indique la présence d’une plage où vont débarquer les spéléologu­es de la mission Ultima Patagonia avant de plonger dans les entrailles de la Terre.
Au fond d’une baie, le long de la côte Pacifique, une fine bande jaune indique la présence d’une plage où vont débarquer les spéléologu­es de la mission Ultima Patagonia avant de plonger dans les entrailles de la Terre.
 ??  ?? Au-delà de leur facilité de transport, les Bombard C5 offrent une capacité d’emport importante au regard de leur taille, comme ici au départ de Puerto Edén.
Au-delà de leur facilité de transport, les Bombard C5 offrent une capacité d’emport importante au regard de leur taille, comme ici au départ de Puerto Edén.
 ??  ?? Très pratiques, ces Bombard C5 disposent d’un faible tirant d’eau et se jouent des eaux peu profondes. Ils sont idéals pour débarquer au plus près du rivage, sans risque.
Très pratiques, ces Bombard C5 disposent d’un faible tirant d’eau et se jouent des eaux peu profondes. Ils sont idéals pour débarquer au plus près du rivage, sans risque.
 ??  ?? L’archipel Madre de Dios, vu ici depuis le seno Soplador, est le terrain de jeu des expédition­s Ultima Patagonia.
L’archipel Madre de Dios, vu ici depuis le seno Soplador, est le terrain de jeu des expédition­s Ultima Patagonia.
 ??  ?? Puerto Edén fait souvent office de point de départ des expédition­s.
Puerto Edén fait souvent office de point de départ des expédition­s.
 ??  ?? Au total, ce sont cinq Bombard C5 qui constituen­t la flotte de Centre Terre en Patagonie. Ils sont motorisés avec des Suzuki de 9,9, 25 et 30 chevaux. À cela s’ajoutent des annexes, comme ici une Bombard Aerotec prise en remorque par un C5. Des petits bateaux qui passent partout !
Au total, ce sont cinq Bombard C5 qui constituen­t la flotte de Centre Terre en Patagonie. Ils sont motorisés avec des Suzuki de 9,9, 25 et 30 chevaux. À cela s’ajoutent des annexes, comme ici une Bombard Aerotec prise en remorque par un C5. Des petits bateaux qui passent partout !

Newspapers in French

Newspapers from France