Expédition sur les canaux de Patagonie en Bombard C5
L’association Centre Terre, qui regroupe des spéléologues et des scientifiques, multiplie les expéditions en Patagonie. Indispensables à leurs explorations, les Bombard C5 motorisés avec des Suzuki permettent d’aller partout au sein de ces canaux aux décors fabuleux.
Créée en 1992, l’association Centre Terre est née du regroupement d’une poignée de spéléologues et de scientifiques qui ont décidé d’unir leurs efforts pour monter des explorations autour du Globe. « Notamment dans des pays qui ne possèdent pas naturellement une culture d’exploration dans ce domaine », précise Bernard Tourte, l’actuel président de Centre Terre. En effet, la France est reconnue pour être un des pays les plus avancés en matière de spéléologie.
Les découvertes de la Terre de Feu
L’un des objectifs de l’association est de développer cette activité au sein de pays qui ne possèdent pas ce savoir-faire. Après la PapouasieNouvelle-Guinée, la Malaisie ou bien encore le Caucase ou la Thaïlande, les membres de Centre Terre ont parcouru dès 1995 la Terre de Feu, et plus particulièrement l’île Madre de Dios. Cette rencontre constitue le point de départ d’un véritable coup de coeur entre l’association et ce secteur géographique reculé, loin de toute civilisation mais d’une richesse exceptionnelle, tant d’un point de vue spéléologique que scientifique. Pas moins de six expéditions d’envergure se sont succédé depuis 2000 en Patagonie ; et celle de 2022
(initialement prévue en 2021), très prometteuse, sera la septième. C’est dire si les équipes attendent l’année prochaine avec impatience, car les bilans des années précédentes ont prouvé tout le potentiel de cette région.
Par exemple, les scientifiques ont déniché une grotte dans laquelle figuraient des peintures rupestres, dont la datation est encore en cours. Les découvertes sont également d’ordre entomologique, puisque deux espèces cavernicoles de micro-insectes, jusque-là inconnues, ont été mises au jour. D’autres sont en passe d’être identifiées.
La faune du milieu souterrain
Une équipe travaille également sur des prélèvements de bactéries en milieu souterrain. De tels résultats s’expliquent notamment par le fait que ce terrain de jeu, totalement isolé, a été très peu visité par l’homme. Seuls les Indiens Kawésqars occupaient la région. Ces expéditions se font en collaboration avec les spéléologues chiliens et une association regroupant les deux pays a d’ailleurs été créée, intégrant des spécialistes de la faune, de la flore, des géologues, des glaciologues, des archéologues, etc. Pour se déplacer parmi les canaux de ces archipels ou pour musarder au fond des fjords de la région, l’équipe de Centre Terre a opté pour cinq Bombard C5, motorisés respectivement avec des 9,9, 25 et 30 chevaux de la marque Suzuki,
par ailleurs partenaire officiel de ces expéditions. « Ces bateaux gonflables sont idéals pour couvrir l’ensemble de nos activités », précise Bernard Tourte. En effet, il est possible d’approcher au plus près des côtes, d’embarquer un nombre important de scientifiques et de les débarquer sans difficulté, mais aussi de naviguer dans des conditions de mer souvent agitées dans ce secteur du Pacifique.
Il n’y a que pour approcher certaines langues glaciaires que des modèles de bateaux en polyester à fond plat sont utilisés, car ils ont été renforcés pour cet usage spécifique.
Des pneumatiques faciles à transporter
Les Bombard C5, de par leur taille et leur poids, sont faciles à transporter, gonflés ou non. La logistique n’est pas un vain mot, puisqu’il est nécessaire, trois mois avant le début de l’expédition, d’envoyer un conteneur avec l’ensemble du matériel technique à l’intérieur. À cela s’ajoutent l’équipement technique de chaque personne, mais aussi le matériel photo, vidéo, etc. Une fois sur place, (et après un avitaillement au Chili qui peut durer jusqu’à une semaine pour rassembler les 5 tonnes nécessaires aux deux mois sur place), l’équipe embarque sur de petits bateaux de pêche pour rejoindre les îles où les expéditions sont prévues. « Ces bateaux sont pilotés par des pêcheurs qui connaissent le coin comme leur poche », explique Bernard Tourte. Au minimum, ce sont 24 heures d’une mer pas toujours calme qui attend l’équipe. Et selon les conditions météorologiques, ce délai peut s’allonger sensiblement car les fenêtres pour entrer dans les seno (fjords) sans danger sont courtes. Cela n’est pas une mince affaire, mais c’est le prix à payer pour atteindre le camp de base (une structure en bois de 50 m2, à laquelle s’ajoutent des tentes) à partir duquel une cinquantaine d’explorateurs rayonneront, et où ils vivront pendant deux mois en totale autonomie. ■