Rétro-réflexion
Je faisais remarquer à la rédaction, il y a peu de temps, que je n’avais subi que trois ou quatre contrôles de routine depuis plus de trois décennies. Las ! Voilà-t-y pas qu’à moins de 500 m des bureaux de MJ, un agent me fait signe de me ranger sur le côté. « Bonjour, monsieur, contrôle des papiers, s’il vous plaît : veuillez me présenter votre permis de conduire, la carte grise et l’assurance du véhicule. » Cette fois, pas de lézard, j’ai pas grillé de feu, de bande blanche, tous mes papiers sur moi, ma vignette bien apparente sur la fourche, ma moto entièrement d’origine… je suis vierge comme un nouveau-né de 3 jours. « Et le gilet de sécurité, vous l’avez également avec vous ? » Hé, hé, ça fait trois mois que ce maudit bout de chiffon jaune fluo fait une grosse tâche dans mon top-case. Je suis ir-ré-prochable, j’vous dis. « Très bien. Et votre casque ? Vous l’avez acheté où ? » Pfff, il me cherche celui-là ou quoi ? Ah ouais, ça y est ! Le lascar a trouvé la faille : les stickers rétro-réfléchissants. « Il vient de chez Shoei, lui réponds-je, je bosse à Moto Journal et il sert aux essais. Et les stickers, ils pourrissent les photos faites au flash. Donc on évite de les mettre. Et encore, avant, on les décollait ! » Le gars m’affirme qu’il a remarqué à 50 m que je ne les avais pas. « Et vous savez combien ça coûte, la contravention pour absence de ces éléments ? » Là, je prends un air bien contrit : « Ouuuh, ça doit chercher dans les… 30 € ? – Plus que ça : 90 € et 3 points en moins. C’est comme si votre casque n’était pas homologué. » Ah quand même, lui fis-je faussement étonné. Plutôt de bonne composition en cette matinée enfin ensoleillée, l’agent me conseille de les coller avec du scotch de façon provisoire. Et me laisse repartir sans m’infliger la sanction correspondante. Plusieurs réflexions au terme de ce banal contrôle. Un : après une année et demi de relâche depuis les attentats de Charlie, il se pourrait bien que les contrôles reprennent leurs droits, tout particulièrement sur les motards, qui sont toujours dans le viseur des pouvoirs publics (contrôle technique, permis A2 plus contraignant, interdiction imminente de circuler en ville selon le millésime…). Deuxio, se voir infliger trois points pour défaut de stickers est proprement scandaleux. Que l’on sache, la vie d’autrui n’est pas mise en danger par l’absence d’autocollants. Trimo, il reste encore des flics compréhensifs et pragmatiques qui, eux aussi, comme les fameux stickers, réfléchissent. Avec ou sans rétro !
« Combien, la contravention pour absence d’autocollants rétroréfléchissants ? – Ouuuh, ça doit chercher dans les… 30 € ? – 90 € et 3 points en moins ! C’est comme si votre casque n’était pas homologué… »
Xavier de Montchenu