40 Il y a ans...
Voyage dans le temps : flash-back sur le numéro de Moto Journal d'il y a 40 ans.
Avant la tornade japonaise, qui a réussi à mettre exsangues les productions italienne et britannique, la moto européenne a eu ses lettres de noblesse. Parmi elles, du côté transalpin la Ducati SS et cette Moto Guzzi Le Mans, dont Moto Journal réalisait un essai sur 7 000 km. Si ces deux machines rendaient énormément aux meilleures japonaises en termes de qualité de fabrication et de performances (moteur twin oblige, face aux 4-pattes), il est un secteur où les italiennes faisaient référence : la tenue de route. Dans les seventies, qui n’a pas écouté religieusement un possesseur de Moto Guzzi V7 Sport ou de Le Mans vanter sa monture pour sa stabilité à haute vitesse, « un vrai rail, autre chose que ces serpents de mer nippons » ? Il faut dire que les japonaises étaient vraiment juste sur ce point, à la fois du fait de la largeur de leurs quatre-cylindres (l’alternateur était encore en bout de vilebrequin) créant un certain balourd latéral, et de la piètre qualité de leurs suspensions, les références du genre étant justement européennes : Koni, Ceriani, Marzocchi... Reprenons l’article de l’époque, signé Fred Tran Duc : « La Le Mans possède une tenue de route incroyable dont aucune autre grosse cylindrée ne peut se prévaloir. Mike Hailwood, qui fut je ne sais combien de fois champion du monde à moto, a dit un jour en parlant de la Guzzi V7 Sport qu’elle avait la meilleure partie-cycle qui soit sur une machine de tourisme. Exemple : sur la Le Mans, on a tourné à 205 km/h sur l’anneau de Monthléry avant de s’apercevoir qu’on avait oublié d’embrayer l’amortisseur de direction hydraulique ! Aucune grande courbe bosselée, aucune traitrise de terrain ne lui fait peur. Bon, j’arrête le chapitre tenue de route, sinon, dans huit jours, je continuerai à m’extasier. » Bien sûr, les Japonais ont pris le taureau par les cornes et ont réussi à produire des grosses cylindrées qui tenaient aussi bien la route que les italiennes (avec de vraies suspensions), mais ce fut long quand même : ceux qui, à la fin des années 70, ont roulé à plus de 200 km/h sur une Honda 1000 CBX ou une Kawasaki 1000 Z1 R ne nous contrediront pas...
La Guzzi Le Mans, un mythe de l’époque, a laissé des trémolos dans la voix de certains