Moto Journal

Agile, précise et rassurante, la GSX-R a tout bon pour s'amuser sur la route. Elle permet d'improviser et d'être efficace

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Rouler avec des sportives sur la route, ça ne sert à rien. » Foutaises ! Il faut simplement comprendre pour quoi elles sont conçues. Chercher le pain en centre-ville, tracer par l’autoroute ou se balader avec maman derrière, ça n’est pas leur truc. Rouler vite est leur seule et unique raison d’être. Partant de là, c’est ce qu’on a fait pendant près de 800 bornes. Et même si on en ressort rincés, la nuque douloureus­e, les poignets meurtris et les bras qui tirent… quel pied ! Il a pourtant fallu garder la tête froide, parce que nos cinq motos intègrent deux nouveautés. Et pas des moindres. Les Honda CBR 1000 RR et Suzuki GSX-R 1000 s’étaient laissé aller ces dernières années : la trentaine grasse, peu au fait des nouvelles technologi­es et fuyant la salle de sport, les deux japonaises accumulaie­nt les kilos et manquaient de souffle. Dans le même temps, boostées par une BMW S 1000 RR allemande (de l’est ?) dopée aux protéines, les Kawasaki ZX-10R et Yamaha R1 ont fait du crossfit en prenant des cours d’informatiq­ue. Leurs efforts sont payants, ces trois motos établissan­t de nouveaux standards pour le segment des sportives 1000 : 200 ch, 200 kg et Nintendo aux commandes. Cette année, les Honda et Suzuki se mettent enfin au niveau. On dispose donc de cinq sportives au top de leur forme, prêtes à en découdre. Toutes les motos sont en version de base, à l’exception de notre S 1000 RR, qui, comme de coutume chez BMW France, est équipée de toutes les options disponible­s. Elle n’a donc pas grandchose à voir avec la moto standard, son prix non plus, et on en tiendra compte dans le verdict. Pour tester cette très belle brochette de sportives, direction le sud où le soleil brille, où le vent souffle (fort) et où les routes à virages sont légion. Parmi les essayeurs, deux guest-stars pas vraiment molles du manche, Julien Toniutti et Bruno Schiltz, deux toppilotes de rallyes routiers au palmarès costaud. Exactement les gars qu’il faut pour exploiter 200 bourrins sur route.

FEU !

Julien Toniutti s’arrête à un stop. Il secoue le casque d’excitation et s’exclame : « Comment ça marche ! » C’est la première fois qu’il roule sur une S 1000 RR, et il vient juste de souder

la poignée de gaz sur une longue ligne droite. Un peu plus tard au guidon de la nouvelle GSX-R 1000 : « Ouah, comment elle marche celle-là aussi ! » Pourtant, le gars n’est pas un lapin de huit jours. A côtés de ses quatre titres de champion de France des rallyes routiers, Julien a déjà participé à trois Manx GP et à un Tourist Trophy en catégorie Stocksport au guidon d’une R1. La vitesse et les watts, c’est donc un sujet qu’il maîtrise. Mais quand il s’agit d’ouvrir en grand, la S 1000 RR et la GSX-R 1000 sont clairement au-dessus du lot. A MJ, on connaissai­t déjà la fougue et l’explosivit­é du 4-en-ligne BMW. On découvre maintenant un bloc Suzuki aussi sensationn­el, et peut-être mieux rempli encore à bas régime. C’est qu’ils ont bossé, à Hamamatsu (le siège de Suzuki au Japon). Outre ses cotes plus radicales, le moteur reçoit des valves commandées au niveau du collecteur d’échappemen­t, une distributi­on par linguets et un système de calage variable sur l’arbre à cames d’admission. Entièremen­t mécanique, ce système à billes est insensible au guidon. C’est une bonne chose, on a juste à s’accrocher audit guidon pour profiter d’une poussée qui s’intensifie depuis les mi-régimes jusqu’à plus de 13 000 tr/mn, si on a le courage et l’espace pour aller jusque-là. Le tout dans un hurlement qui déchire l’atmosphère, plus rugueux et rageur encore que celui du 4-cylindres BMW. D’un point de vue musical, le moteur BMW est une cantatrice d’opéra à la voie claire qui n’a pas de limite dans les aigus. Le bloc Suzuki, c’est Led Zeppelin. Pas de limites non plus, mais ça sent la drogue et l’alcool. Les transmissi­ons de ces deux motos sont également les meilleures du groupe. A l’ancienne pour la Suzuki avec une sélection très rapide, précise et douce, mais dépourvue de shifter. Façon 2.0 pour la BMW avec un shifter Pro (en option) up & down d’une douceur et d’une efficacité remarquabl­es.

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