LE MOINE GUERRIER

Intransigeant, honnête, respectueux, travailleur, tel est Johann Zarco. Il n’a pas un profil de rock-star, plutôt celui d’un moine guerrier, mais il est la preuve vivante que le talent, le travail et l’obstination peuvent mener au sommet. En appliquant strictement la méthode qu’il énonce, Johann n’a pas cherché le coup d’éclat lors de sa campagne d’essais hivernaux, mais semble être le débutant Motogp le mieux préparé pour la saison. Une seule chute en dix jours d’essais – une petite glisse de l’avant en novembre, à Sepang. Et un rythme de course le plaçant virtuellement à l’orée du top-10, juste lors de l’avant-dernier test de présaison à Phillip Island (circuit ultrarapide où Johann avait pourtant accumulé des contre-performances en Moto2 : un seul top-5 ces cinq dernières années). S’il continue sur sa lancée, Johann peut envisager un bon début de championnat. Pour résister à la pression, il peut s’appuyer sur ses deux titres de champion du monde. Il faudra bien ça pour parvenir à se mettre en action suffisamment vite au milieu du pack Motogp, le plus relevé de la planète vitesse moto. La rapidité en début de course fut longtemps son talon d’achille en Moto2. Il est quasiment parvenu à l’éradiquer en 2015 et 2016. La complexité technique accrue du Motogp ne semble pour l’instant pas lui poser de problème. Les teams Suzuki de Motogp, avec lesquels il a testé à l’été 2016, et l’équipe Tech 3 font état de commentaires clairs et précis de Johann. Il reconnaît ses erreurs et se rappelle son faux départ comme de sa 12e place en 2016 à Losail. Il y trouve une motivation supplémentaire pour le Qatar en 2017. A l’entraînement, Johann met à profit ses huit ans d’expérience de GP pour s’orienter vers le supermotard, une discipline pratiquée par la plupart des tops, Marquez, Lorenzo et Rossi compris, mais moins médiatisée que leurs excursions en dirt-track. L’équipe qui entoure Johann chez Tech 3 est peu ou prou celle qui a emmené Olivier Jacque au titre mondial 250 en 2000. Elle dispose donc de toute l’expérience nécessaire. Comme on dit, y a plus qu’à. T. B.