LA CHEVAUCHÉE DE QUARTARARO
Après avoir miraculeusement évité un Manzi en perdition, Fabio Quartararo est remonté du fond du peloton pour glaner de nouveaux points. Son apprentissage est en bonne voie.
Al’entrée du premier virage, j’ai vu une ombre sur ma gauche, j’ai redressé d’un coup et Manzi est passé devant moi à une vitesse dingue, explique Fabio Quartararo dans son box juste après l’arrivée. Manzi allait 30, peut-être 50 km/h plus vite que moi. J’ai vraiment eu chaud, et j’ai dû tirer tout droit. Mais quand tu vois comment il a percuté Simon, j’ai eu de la chance. Il peut tuer quelqu’un comme ça. » Il s’avère que Simon s’en sortira, juste bien sonné. En tout cas suffisamment pour manquer d’écraser l’attachée de presse de Dorna avec son trail de poche en sortant de l’infirmerie… Reparti 28e, Fabio n’est pas au bout de ses peines : « Un demi-tour plus tard, j’ai dû à nouveau tirer tout droit quand Baldassari et Hernandez se sont accrochés. Ensuite, je me suis fait deux points morts et, après, j’ai enfin pu prendre mon rythme. Tour par tour, je me suis senti de mieux en mieux, et je remonte douzième. Dommage qu’il n’y ait pas eu un tour en plus, car la dixième place était jouable. Mon rythme en fin de course était un petit 2”11 et je suis content de ça. » Il peut : c’est le rythme des leaders. « Ce début de course, c’est vraiment dommage. Je ne me suis pas encore habitué à la boîte de cette moto, il me manque de l’expérience. » Tu veux dire les boîtes agricoles des motos de route ? « Voilà. [Il se marre]. Entre les deux sorties et les deux points morts, j’ai dû perdre quatre secondes en tout. » Ce qui l’aurait alors placé 8e. Fabio paye aussi une qualif à la 16e place alors qu’il était 7e la séance d’avant. Le genre de détail qui complique sérieusement l’existence quand 23 pilotes se tiennent en 1”5, comme c’était le cas à Austin.
LE MÉTIER RENTRE
Malgré tout, Fabio termine pour la deuxième fois meilleur débutant devant Navarro (15e), et il est félicité par son team. A commencer par le boss, le double champion du monde 250 Sito Pons : « L’an dernier, en Moto3, Fabio n’était pas dans une bonne équipe. On le connaît depuis qu’il est enfant et on sait son potentiel. Il fait du bon travail. » Même commentaire pour son chef ingénieur Santi Mulero : « Fabio n’a connu que des motos de course en grandissant. Il n’a pas l’habitude de décomposer le passage des rapports
Fabio Quartararo a triomphé d'une série d'embûches pour finir. Le jeune Français est sur une trajectoire ascendante
comme sur une moto de route. C’est surtout vrai pour rétrograder en première et, sur ce circuit, il y a plusieurs endroits où tu dois faire ça. » Cela fait vraiment plaisir de voir Fabio à nouveau sur une trajectoire ascendante après une saison et demie compliquée en Moto3. « C’est cet hiver pendant les tests qu’il a repris confiance, témoigne son pote Thomas, gérant de plage à Nice, qui le suit pendant toute son intersaison avant de reprendre le boulot début juillet. La moto, l’ambiance dans le team, tout lui va, donc ça facilite les choses. » C’est vrai qu’on a tendance à l’oublier, mais Fabio vient seulement de fêter ses 18 ans. Et quelque part, son team, c’est un peu sa famille.